Gérard Depardieu en Corée du Nord : pour Ariane Labed, le mouvement #MeToo n’est « pas encore arrivé » en France

Selon Ariane Labed, si en France « la parole s’est déliée et les gens parlent, on ne peut pas encore dire que les gens soient vraiment écoutés ».

Alors que l’effarement et l’indignation régnaient après la diffusion du Complément d’enquête sur Gérard Depardieu jeudi 7 décembre, notamment après les nombreux propos obscènes du comédien en Corée du Nord, certaines personnes du milieu du cinéma ne sont pas « du tout surprises ».

C’est le cas d’Ariane Labed, actrice et cofondatrice de l’ADA (Association des Acteur. ices), interrogée à ce sujet jeudi soir sur BFMTV. Visiblement lassée, elle a assuré que cela fait « un moment que les actrices ont pris la parole pour parler de Gérard Depardieu. » Mais « nous, on est ravies que ce soit maintenant étalé au grand jour et vu par le plus grand nombre », a-t-elle ajouté.

Également sollicitée par le média, l’actrice Clotilde Hesme, vue dans HPI et Lupin notamment, et membre de l’ADA, a dit avoir eu vent de « bon nombre de soucis, de dysfonctionnements », même si elle n’a jamais directement travaillé avec lui. « Les gens se prévenaient, se protégeaient, s’alertaient. Même les productions pouvaient dire à certaines salariées de cette industrie : ’Méfiez-vous’ », a-t-elle relaté.

« Les gens parlent », mais « ils ne sont pas vraiment écoutés »

Avec ce coup de projecteur sur le comportement de Gérard Depardieu, Ariane Labed estime que de façon plus générale, si le mouvement #MeToo a pris son envol aux États-Unis 2017 avec l’affaire Weinstein, il « n’est pas encore arrivé » en France ou « n’a pas vraiment abouti ». Car selon elle, « la parole s’est déliée et les gens parlent, mais on ne peut pas encore dire que les gens soient vraiment écoutés. »

Ariane Labed évoque elle aussi une sorte d’« impunité » envers le comédien, mais pas que. « Depardieu fait ça sans se cacher et n’a apparemment honte de rien mais il y a beaucoup d’autres personnes qui sont beaucoup plus pernicieuses et qui ont un système peut-être plus dur à démanteler. », dénonce-t-elle.

« L’impunité envers des personnages comme celui-là, si elle reste totale, c’est un vrai problème pour les victimes d’un système. Encore une fois, c’est l’arbre qui cache la forêt. C’est un système d’impunité et le silence des acteurs de ce métier est assourdissant. », abonde Clotilde Hesme.

Des propos scandaleux

Dans le cadre du Complément d’enquête sur Gérard Depardieu, les images polémiques de l’acteur en Corée du Nord ont très vite fait le tour des réseaux sociaux. Le magazine de Tristan Waleckx a mis la main sur 18 heures d’images de ce film tourné avec le géant du cinéma, désormais visé par plusieurs plaintes pour viol et agressions sexuelles.

Ces extraits sont tirés d’un film réalisé par Yann Moix en 2018, mais ont été diffusés sans son accord, a affirmé le chroniqueur-réalisateur dans Le Figaro. Il compte d’ailleurs porter plainte contre son producteur Anthony Dufour, a-t-il assuré.

Dans les extraits dévoilés, l’acteur Gérard Depardieu tient des propos obscènes, choquants et pouvant relever du harcèlement sexuel lors de son voyage en Corée du Nord pour les 70 ans du pays. « Les femmes adorent faire du cheval. Elles ont le clito qui frotte sur le pommeau de la selle », déclare-t-il en pleine visite d’un haras, parlant notamment d’une petite fille d’une dizaine d’années. « Je fais 124 kg. Mais en érection, je fais 126 », ironise-t-il ensuite après s’être pesé. « J’ai une poutre dans le caleçon », ajoute-t-il encore plus tard.

À voir également sur Le HuffPost :

La manifestation du 25 novembre s’invite à l’Assemblée : « On ne trie pas les violences »

Jamie Foxx, Axl Rose ou encore P. Diddy rattrapés par des accusations en raison d’une loi new yorkaise

VIDÉO - Charlotte Arnould témoigne contre Gérard Depardieu dans Complément d'enquête