Déficit public : quelles sont les propositions des différents partis pour réduire la dette ?

Plus important que prévu en 2023 selon l'Insee, le déficit public est plus que jamais un sujet incontournable pour les différentes formations politiques.

Pour "désendetter la France", chaque parti a sa méthode (Photo : JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images)

Depuis des années, tous les partis politiques promettent de la réduire. Et depuis des années, elle augmente irrésistiblement. Dans un contexte inflationniste, la dette publique prend des proportions de plus en plus massives en France ces dernières années et son évolution paraît hors de contrôle.

Dans ses dernières conclusions publiées ce mardi 26 mars, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a ainsi mesuré le déficit public à 5,5% du produit intérieur brut (PIB) pour l'année 2023, bien au-delà des prévisions du gouvernement, qui tablait sur le chiffre de 4,9%.

Alors que les élections européennes approchent et que les représentants politiques de tous bords multiplient les sorties médiatiques, comment cette question de la dette est-elle envisagée par les différents partis ? Si ces derniers s'accordent tous sur un point évident (la nécessité de réduire le déficit public), les solutions imaginées pour y parvenir sont très disparates.

Bruno Le Maire : "Je suis ouvert à tous les débats"

Du côté du parti présidentiel, on répète ainsi à l'envi qu'il ne doit y avoir "aucun tabou". "Il faut tout regarder, regarder toutes les options, prêchait ce lundi la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, sur le plateau de BFM TV. Donc évidemment regarder les options qui concernent les dépenses de l'Etat, ses dépenses de fonctionnement. Regarder comment améliorer le fonctionnement de l'Etat pour que ça coûte moins cher. Regarder aussi les dépenses des collectivités locales. Mais il faut aussi regarder du côté des recettes. C'est du bon sens : réduire les dépenses, augmenter les recettes lorsque la situation ne va pas bien".

"Je suis ouvert à tous les débats, renchérit le ministre de l'économie Bruno Le Maire au micro de RTL. Ce n'est pas à moi de trancher comment les économies vont être faites, ça doit être un débat collectif. J'appelle à une prise de conscience collective sur la nécessité de faire des choix dans nos dépenses publiques. Dans toutes nos dépenses publiques : celles de l'Etat, les dépenses sociales et celles des collectivités locales." On l'aura compris, le gouvernement privilégie l'option d'une réduction des dépenses, en restant évasif sur le détail. Du côté de l'opposition, d'autres solutions plus radicales sont envisagées.

Les Ecologistes veulent "demander aux plus riches de faire des efforts"

La secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier propose ainsi une taxation plus importante des plus hauts revenus pour faire grimper les recettes fiscales. "Il y a plein de manières de réduire le déficit, assure la conseillère régionale des Hauts-de-France sur France Info. Ce qui me fatigue dans ce pays, c'est que c'est un peu "Robin des Bois" à l'envers. La réalité, c'est qu'on va aller chercher l'argent de celle et ceux qui ne sont pas les plus fortunés, et qu'on ne va jamais demander aux plus riches de faire des efforts."

"Bernard Arnault a une fortune de 200 milliards d'euros, en un an, il gagne 18 milliards d'euros en plus, illustre Marine Tondelier. Il y a un moment où il faut remettre de la justice sociale. (...) On a demandé des efforts aux chômeurs, aux gens qui touchaient les APL, aux retraités, en particulier les plus précaires... On demande des efforts aux Français tout le temps, et toujours aux mêmes. Et les autres, on leur demande des efforts quand ?" La piste d'une taxation des "superprofits" serait également étudiée par le Modem de François Bayrou.

LFI propose de geler une partie de la dette, une "mesure simple qui ne flouera personne"

Du côté de la France Insoumise, une hausse de fiscalité pour les hauts revenus est également à l'ordre du jour, mais le parti de Jean-Luc Mélenchon propose par ailleurs d'annuler une partie de la dette contractée ces dernières années, plus précisément celle correspondant aux emprunts faits en 2020, pendant la pandémie de Covid-19. "Une partie de la dette publique a augmenté pendant la période du Covid et cette dette est détenue dans les coffres de la Banque Centrale Européenne (BCE) depuis des années, rappelle Manuel Bompard. Il faut annuler cette partie de la dette contractée pendant le Covid, c'est une mesure simple qui ne flouera personne."

"Cette dette dort dans les coffres de la BCE, il suffit de la geler, poursuit le député des Bouches-du-Rhône. L'idée ce n'est pas de ne pas la rembourser, mais de la laisser dormir. De cette manière, elle va fondre avec l'inflation. Aucun investisseur ne sera floué, tous seront remboursés, mais il faut laisser courir cette dette spécifique pour alléger son poids dans la dette globale de la France."

Bardella : "le véritable moyen de rembourser la dette, c'est de créer de la croissance"

Invité il y a quelques jours à s'exprimer devant les représentants de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), le président du Rassemblement National Jordan Bardella a notamment été interrogé sur le sujet du déficit public. "Nous rembourserons la dette, a promis le député européen. Nous hériterons d'une situation économique difficile et la réalité m'oblige à dire qu'il n'y a plus énormément d'argent dans les caisses de l'Etat. Il y a effectivement des économies à faire dans la maîtrise des dépenses publiques et notamment des dépenses sociales."

"On peut toujours débattre, entre partis politiques, de là où on doit aller chercher les milliards nécessaires pour combler le déficit (...) mais le véritable moyen de rembourser la dette, c'est de créer de la croissance, affirme encore Jordan Bardella. La véritable perspective pour réduire le déficit, c'est de créer les conditions d'un cercle vertueux en matière économique. Pour cela, il n'y a pas 150 solutions, il faut encourager l'activité économique et soutenir la réindustrialisation. Encore faut-il pour cela créer les conditions d'un développement favorable de nos entreprises."

Les Républicains veulent "réduire les impôts et le déficit en même temps"

A l'image du président de la formation d'extrême droite, plusieurs membres des Républicains ont défendu ces derniers jours leur vision d'une réduction de la dette par la hausse de l'activité économique. Au RN comme chez LR, cela implique des réformes libérales pour "créer les conditions" de cette hausse d'activité. "Je suis convaincu qu'on peut réduire les impôts et le déficit en même temps", assurait ainsi Eric Ciotti dans les colonnes des Echos, le 20 mars dernier.

"Il faut redonner aux Français le pouvoir de produire davantage avec une baisse des impôts de production, le pouvoir de transmettre en diminuant les droits de succession, et le pouvoir d'acheter en réduisant l'écart entre le salaire brut et le salaire net, soutient le président des Républicains. Moins de dépenses publiques, moins d'impôts, plus de salaire et plus de libertés, voilà notre projet !"