Deezer, Spotify, Apple Music... 7% des écoutes résulteraient d'achats de streams

L'icône de l'application Spotify. - AFP
L'icône de l'application Spotify. - AFP

C'est désormais le nerf de la guerre dans le monde du disque, depuis que le streaming a pris le pas sur les ventes physiques: le nombre d'écoutes est devenu le symbole d'un succès ou d'un échec. Tentant, pour les artistes, de grossir ses chiffres en ayant recours à l'achat d'écoutes. Surtout dans un paysage musical où le rap et sa culture de la réussite sont devenus omniprésents.

"C'est le même piège que le dopage dans le cyclisme", compare Sophian Fanen, journaliste pour LesJours.fr et auteur de 'Boulevard du stream' (Le Castor astral). "Quand quelqu'un commence à y toucher, tout le monde est condamné à y toucher parce qu'on ne veut pas pédaler moins bien que l'autre alors qu'on est aussi bon. On veut que tout le monde ait les mêmes armes."

Augmenter les écoutes... et les budgets

Au-delà de l'argument marketing, les enjeux sont importants pour la carrière des artistes. Gonfler ses propres chiffres n'est pas qu'une question d'image et de frime, comme l'expose l'avocat spécialiste du droit de la musique Boris Khalvadjian:

"Le chiffre a de l'importance parce qu'il permet d'obtenir des choses dans le contrat qu'on n'aurait peut-être pas obtenues sans eux. Il permet, potentiellement, de monter les budgets, les taux de redevance."

Avoir de bons chiffres de stream, ça ouvre donc des portes. Selon ceux qui enquêtent sur le sujet depuis des années, tromper le système serait même très facile: "La façon la plus simple, c'est de payer des comptes, d'acheter des comptes avec une carte bleue, et de monayer les streams de ces comptes-là. Les faire tourner toute la journée et toute la nuit de façon assez maligne malgré tout pour ne pas se faire repérer."

Selon les plateformes, la triche représenterait 7% des écoutes. Pas sûr que cela influe tant que ça sur le classement des ventes, mais de nombreux acteurs de la filière réclament plus de transparence. La Sacem a déposé deux plaintes pour complicité d'escroquerie.

Article original publié sur BFMTV.com