Deepfake au boulot, la sonde Voyager 1 sauvée, et les dentelles de métal d’Emily Baker

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Malgré une riche actualité américaine, un fait divers survenu dans un lycée proche de Baltimore a capté l’attention nationale, tant cette petite histoire de vengeance sordide et high-tech entre collègues de salle des profs imbrique les clivages américains, les zones d’ombre de l’intelligence artificielle (IA) et l’immémoriale mesquinerie humaine. The Washington Post raconte comment des centaines d’internautes ont pu entendre un enregistrement sonore du proviseur de la Pikeville High School, Eric Eiswert, proférant des commentaires racistes et antisémites. Par chance, alors que nombre de ses collaborateurs demandaient sa démission, le proviseur a pu bénéficier de l’aide d’experts de la police, qui ont confirmé qu’il s’agissait, une grande première dans le monde du travail, d’un deepfake destiné à lui faire perdre son emploi.

L’auteur de ce coup bas, Dazhon Darien, ancien responsable des activités athlétiques du lycée, avait maille à partir avec son supérieur. Il n’aurait eu qu’à utiliser son compte payant sur OpenAI pour concocter une bande-son fictive imitant parfaitement sa voix et assortie de bruits de fonds réalistes. Le faussaire a été facilement démasqué parce qu’il avait expédié son œuvre par courriel à deux personnes avant de la diffuser sur les réseaux sociaux, mais les autorités reconnaissent manquer d’outils légaux pour sanctionner et dissuader ces nouveaux deepfakes amateurs. Darien n’est pour l’instant inculpé que de harcèlement divers et entrave à la liberté d’enseigner.

Des codes dans l’espace

Je vous parle là d’un moment touchant et unique : de ce matin du samedi 20 avril, quand les ingénieurs du Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, à Pasadena, scrutant avec anxiété leurs écrans, ont su qu’ils avaient sauvé la sonde Voyager 1 du gâtisme. Lancé en 1977 vers les tréfonds de l’espace, l’engin n’envoyait plus que des borborygmes incompréhensibles depuis novembre, effet des radiations ou des secousses d’un périple de 24 milliards de kilomètres sur une mémoire informatique conçue dans les années 1960 et 1970, d’une puissance égale à celle d’une clé de voiture contemporaine. NBC News incrimine un bug dans le code lilliputien contenu dans un semi-conducteur cacochyme et narre le mois de travail d’orfèvre numérique qui a permis, depuis la Terre, de réparer ce programme défectueux dans un ordinateur situé au-delà de notre Système solaire. Chaque instruction expédiée de Pasadena prenait plus de vingt-deux heures pour parvenir jusqu’à la sonde, et autant de temps d’attente pour un signal en retour. Rappelons tout de même qu’en août dernier la sonde Voyager 2, lancée la même année, avait sombré dans le mutisme pendant deux semaines, avant que les mêmes ingénieurs, avec le même enthousiasme et la même indifférence des Terriens, ne réussissent à redresser une de ses antennes.

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