David Cameron ministre des Affaires étrangères : même ces journalistes politiques n’y ont pas cru

ROYAUME-UNI - Personne ne l’avait vu venir. Pas même ceux qui, en temps normal, sont les premiers informés des mouvements au sein du gouvernement britannique. L’ancien Premier ministre conservateur David Cameron a surpris jusqu’aux journalistes politiques en faisant un retour surprise dans l’équipe de Rishi Sunak ce lundi 13 novembre. L’ex-monsieur Brexit revient aux Affaires étrangères à la faveur d’un remaniement ministériel voulu par l’actuel locataire du 10 Downing Street.

La presse était venue nombreuse, ce lundi matin, devant la célèbre porte noire abritant la résidence officielle du Premier ministre britannique. Tandis qu’était annoncé le départ − prévisible − de la ministre de l’Intérieur Suella Braverman, dont le mandat a été entaché de nombreuses polémiques, les journalistes guettaient l’arrivée des voitures officielles dans l’allée : seuls les entrants au gouvernement font une entrée publique. Les limogés, eux, le sont en privé.

Alors qu’ils suivaient en direct ce bal de voitures noires, les journalistes de Sky News ont vu sortir David Cameron de l’une d’elles. « Quoi ?? David Cameron ?? Je ne m’attendais pas à ça ! », a lancé, sous le choc, la présentatrice Kay Burley, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article. « Je m’attendais à entendre le générique de fin de EastEnders (l’un des plus anciens soap operas britanniques, ndlr) quand il est sorti », s’est-elle amusée plus tard.

« Personne à Westminster ne l’avait vu venir », a commenté son collègue Sam Coates, chroniqueur politique pour la chaîne. Mais « il y a eu des rumeurs, ces derniers jours, rappelant qu’il avait, depuis son départ, pris des postes controversés (notamment en tant que lobbyiste au profit de la société financière Greensill, dont la faillite a provoqué un scandale politico-financier, ndlr), écrit ses mémoires, mais n’avait jamais vraiment trouvé sa voie en quittant Downing Street », a-t-il poursuivi.

« Je ne pense pas que ce soit une hallucination »

Même stupéfaction sur la BBC. « Je suis fatigué, mais je ne pense pas que ce soit une hallucination. Laissez-moi vous dire ce qui vient de se passer. David Cameron est arrivé, et il est rentré dans le 10, Downing Street. Je pense, je ne sais pas, mais je pense que cela veut dire qu’il va devenir le nouveau ministre des Affaires étrangères [...] Je suis encore en train de digérer l’information », a réagi, en direct du 10 Downing Street, le journaliste Henry Zeffman.

La surprise a été d’autant plus grande que David Cameron, 57 ans, n’était plus député. Afin de pouvoir entrer au gouvernement, il a donc été nommé à la chambre haute du Parlement britannique, celle des Lords, selon Downing Street.

« Ça me fait penser à une série télé qui serait en train de s’égarer, dans la saison huit ou quelque chose du genre. Et (les producteurs) se diraient “tu sais quoi ? On n’a pas le choix, la série va être arrêtée. Disons à ce personnage de tuer quelqu’un. Essayons, et voyons si quelque chose nous sauve” », a de son côté ironisé Ian Dunt, auteur et chroniqueur pour le quotidien The i.

Plus largement, le retour de David Cameron, en retrait de la politique depuis sept ans, a surpris beaucoup de Britanniques, à en croire les nombreuses réactions sur X (ex-Twitter).

« Voir David Cameron remonter Downing Street ! »

« Tout le monde sur Twitter quand David Cameron est réapparu à Downing Street »

Une décision « désespérée » de Rishi Sunak ?

Premier ministre de 2010 à 2016, David Cameron avait convoqué le référendum du Brexit et milité pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Il avait quitté le pouvoir en 2016 après la victoire du « Leave » − que Rishi Sunak, lui, soutenait.

Une position qui fait dire à l’ancien vice-Premier ministre conservateur Lord Michael Heseltine, partisan comme Cameron du « Remain », que ce retour « représente une lueur d’espoir ». « Les Britanniques savent maintenant que le Brexit était une erreur, qu’on leur a vendu un tissu de mensonges. Parmi les nombreux bénéfices de son retour, il y a le fait qu’il est favorable à la position du Royaume-Uni dans l’Europe », a-t-il réagi auprès de Sky News.

Tim Bale, politologue à la Queen Mary University de Londres, interrogé par l’AFP, estime quant à lui qu’avec cette nomination, Rishi Sunak « veut quelqu’un avec une certaine influence sur la scène internationale ». « Mais c’est certainement aussi une distraction du renvoi de (Suella) Braverman », ajoute-t-il, se disant « très sceptique » : « cela semble désespéré ».

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