Yahoo Actualités La date de naissance de Missak Manouchian sur sa stèle est fausse, et il y a une bonne raison
POLITIQUE - Une erreur de chiffre qui aurait presque pu passer inaperçue. Panthéonisé le mois dernier avec son épouse Mélinée, lors d’une cérémonie particulièrement émouvante, le résistant Missak Manouchian n’est en réalité pas mort fusillé à 37 ans mais à 34 ans, le 21 février 1944. De fait, le militant communiste était né le 1er septembre 1909 et non en 1906, comme il est indiqué sur sa stèle.
S’il n’est pas rare pour l’époque d’observer des incohérences sur l’état civil, le résistant avait, lui-même, décider de brouiller les pistes sur son âge, a expliqué son arrière-petite-fille Hasmik Manouchian au Monde. « Il s’est vieilli pour trouver du travail et rejoindre en France son frère aîné Garabed ». Son frère avait quitté le Liban un an avant lui pour s’installer à Marseille et le résistant souhaitait le retrouver au plus vite. C’est grâce à une lettre qui n’avait jamais été traduite que son âge exact a été confirmé.
La vérité retrouvée grâce à son cahier de notes
L’erreur a été constatée par Hasmik Manouchian lors de la visite de l’exposition « Vivre à en mourir », organisée en hommage aux résistants immigrés de la seconde guerre mondiale dans la crypte du Panthéon.
Pour cette occasion, des carnets manuscrits du militant communiste, découverts en mai dernier par Katia Guiragossian, la petite-nièce de Mélinée Manouchian, avaient été prêtés. Ces carnets, écrits pratiquement tous en arménien, n’avaient jamais été traduits. C’est lors de sa visite, qu’Hasmik Manouchian, qui parle l’arménien, a découvert une note de l’homme politique mentionnant son âge. Voici un extrait ci-dessous :
« Je n’ai pas le souvenir d’un moment de paix dans ma vie, écrit-il, fraîchement arrivé de Paris. J’ai toujours été en lutte avec moi-même. J’ai 25 ans et j’aimerais comprendre où va s’achever cette vie turbulente ». Cette note ayant été écrite en février 1935, comme l’indique la date inscrite dans son cahier, Massik Manouchian s’est donc bien vieilli de trois ans.
Pas une surprise pour sa famille. « On le savait en fait, explique Hasmik Manouchian. La génération des enfants du génocide ne s’épanchait pas, ne parlait pas, mais la famille a toujours entendu dire que l’oncle Missak se serait vieilli de plusieurs années. »
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