Danseurs à l’Opéra : des familles pas comme les autres

À gauche, Laurent Hilaire dans Casse-Noisette, en 1988. Il a été nommé danseur étoile par Noureev en 1985. « Un don de soi, un coût physique énorme », résume Juliette Hilaire, fille de Laurent Hilaire et coryphée à l’Opéra de Paris (à droite en 2012, lors d’un programme consacré à William Forsythe et Trisha Brown).  - Credit:Colette Masson/Roger-Viollet – Patrick Berger/opale.photo

Cet hiver, Élisabeth Maurin a vécu un moment particulier, « un peu vertigineux pour une mère ». À l'Opéra Garnier, son fils de 15 ans, Gauthier Millet-Maurin, élève de l'école de danse, était sur les planches aux côtés de ses condisciples dans Ma mère l'Oye, un ballet peuplé de personnages de contes de fées sur une musique de Maurice Ravel.

En même temps, à quatre kilomètres de là, sur la scène de l'Opéra Bastille, dansait sa fille, la très prometteuse Hortense Millet-Maurin, 19 ans, dans cette féerie absolue qu'est le Casse-Noisette chorégraphié par Rudolf Noureev. Vertigineux pour une mère, en effet…

Surtout quand elle est elle-même issue de l'école de danse, et qu'elle fut promue étoile, en 1988, à l'issue d'une représentation du même Casse-Noisette. « Cette maison, c'est un peu ma maison », dit de l'Opéra de Paris Élisabeth Maurin, qui se souvient y « avoir même dormi » à l'époque où l'école était située dans le Palais Garnier.

« C'est maman, mais pas celle de tous les jours »

« La Maison » : quand les danseurs évoquent entre eux la compagnie, on jurerait entendre la majuscule. Or pour une poignée de danseurs, fils et filles d'étoiles, cette déférence n'a pas lieu d'être : l'Opéra de Paris, c'est tout simplement « leur » maison, un lieu familier depuis l'enfance.

Juliette Hilaire, membre de la troupe au grade de coryphée, se souvient avec un émerveillement intact d'être « montée sur l'éléphant de La Bayadère, ou dans le carrosse de Manon… » à l'issue des ba [...] Lire la suite