Daniel Cohn-Bendit : «Morts parce que juifs»

Daniel Cohn-Bendit ancien leader de Mai 68, ex-eurodéputé, compagnon de route de Charlie

Daniel Cohn-Bendit, à Paris en ce vendredi sanglant, a été choqué par la formulation répétée de «quatre otages tués». Il veut que les médias français prennent leurs responsabilités face à l’antisémitisme.

Qu’avez-vous ressenti, vendredi, en voyant qu’un supermarché casher était visé ?

Il y a d’un côté une horreur, le massacre Charlie Hebdo, et dans ce massacre des milliers de personnes s’identifient avec l’idée de la tolérance. Tout le monde dit des «combattants de la liberté» et on met en exergue la phrase de Charb : «Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux.» Il faut se battre pour la liberté et Charlie, c’est un symbole. Moi, quand j’ai entendu la prise d’otages dans l’épicerie casher, dans la seconde j’ai eu une réaction qui, en fait, n’est pas mon identité habituelle : j’étais juif ! Ces juifs sont morts simplement parce qu’ils étaient juifs.

En 1968, on disait «nous sommes tous des juifs allemands», et en 1980 après l’attentat de la rue Copernic, on titrait, dans Libération : «Nous sommes tous des juifs français»…

Pour moi, ce qui est terrible, c’est que j’ai l’impression de revenir soixante-dix ans en arrière, quand Jorge Semprun [écrivain espagnol, ndlr] racontait très bien la distinction qui était faite dans les camps entre les résistants, les communistes, les juifs qui se battaient, et les autres. Quand la seule raison pour laquelle on puisse te tuer, c’est parce que tu es juif, c’est le retour d’une barbarie innommable qui s’ajoute à une autre barbarie innommable.

Depuis l’affaire Ilan Halimi, on a des difficultés à dire, dans les médias, «crime antisémite». Pourtant François Hollande l’a dit vendredi soir et Manuel Valls, samedi matin, a déclaré que c’est une attaque contre «les juifs de France, une nouvelle fois».

Il faut reconnaître que Clémentine Autin, la première, a tout de suite tweeté «#jesuisjuive» Il faut que les médias français disent aujourd’hui : (...)

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