Les pourparlers d'Astana boycottés par l'opposition syrienne

Le gouvernement syrien a accusé la Turquie de ne pas respecter ses engagements concernant les négociations de paix d'Astana, alors que les groupes rebelles soutenus par Ankara boycottent la troisième session. /Photo prise le 16 février 2017/REUTERS/Mukhtar Kholdorbekov

MOSCOU/ASTANA (Reuters) - Les pourparlers organisés à Astana avec le soutien de la Russie, de l'Iran et de la Turquie ont échoué mardi avec le boycott de l'opposition syrienne qui déplore la poursuite des frappes russes dans des zones rebelles et le peu d'efforts de Moscou pour pousser l'armée syrienne à respecter le cessez-le-feu. Principal partenaire du régime de Bachar al Assad, la Russie a dit sa surprise et exprimé ses doutes devant les explications avancées par les rebelles tandis que Damas accusait Ankara de ne pas respecter ses engagements vis-à-vis du processus d'Astana. Depuis le début de l'année, le Kazakhstan a déjà accueilli deux conférences sur la Syrie, les 23-24 janvier puis à la mi-février, à chaque fois sous l'égide de Moscou, Téhéran et Ankara. L'objectif de la "troïka" était de consolider la trêve entrée en vigueur fin décembre après la victoire des forces pro-gouvernementales dans la bataille d'Alep, la grande ville du nord de la Syrie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a indiqué mardi que le ministère russe de la Défense était en contact avec certains des commandants de l'opposition qui refusent de participer aux négociations et indiqué que Moscou avait la situation en main. Le porte-parole du Kremlin a de son côté évoqué une situation "extrêmement complexe". "Il arrive que le contexte de ces discussions soit très compliqué en raisons des approches divergentes adoptées par les différents pays", a déclaré Dmitri Peskov. "Le travail continue", a-t-il ajouté. Un porte-parole du Haut comité pour les négociations (HCN), principale instance de l'opposition, a confirmé que les rebelles n'étaient pas disposés à se rendre à Astana tout en laissant entendre qu'ils pourraient changer d'avis. "Ils attendent une réponse de la Russie, mais jusqu'à aujourd'hui, rien n'est venu", a déclaré Salem al Mouslet à la chaîne d'information saoudienne Al Hadath. L'émissaire du gouvernement syrien, Bachar al Dja'afari, qui devait rencontrer des représentants de Moscou et de Téhéran mais aucun membre de l'opposition, a de son côté mis l'échec des discussions sur le compte d'Ankara. "Lorsque l'un des trois garants viole ses engagements - je parle de la Turquie -, il faut lui demander des comptes sur l'absence des groupes armés", a-t-il déclaré. L'absence des groupes armés conforte l'opinion de la Syrie selon laquelle les factions d'opposition présentent des déficiences sur le plan politique. Selon lui, la décision des rebelles de participer ou non aux discussions ne relevaient pas d'eux mais de "leurs commanditaires". (Maria Tsvetkova et Raushan Nurshayeva, avec Tom Perry à Beyrouth; Eric Faye et Nicolas Delame pour le service français)