“Dali, en Chine, m’a sauvé d’une expatriation douloureuse”

Alec Ash est un jeune Britannique qui a décidé, après plus de quinze ans passés à Pékin, de partir à Dali, dans la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine, pour changer de vie, en 2020. Il explique au Guardian son expérience dans cette région surnommée “Dalifornie” pour sa douceur de vivre, comparable à celle de la Californie.

Comme Alec Ash, ils sont nombreux, Chinois comme étrangers, à avoir cherché refuge dans cette région paisible, loin du fracas des grandes villes.

“Quand j’ai migré vers Dali, un nouveau mot à la mode chinois commençait à apparaître sur Internet : ‘involution‘. Le mot chinois neijuan signifie littéralement ‘être enroulé à l’intérieur’. Si vous travailliez douze heures par jour, vous étiez en proie à une culture du surmenage. Si vous étiez un étudiant dont les parents remplissaient vos week-ends de cours, vous étiez coincé par le système éducatif. Si vous faisiez la navette pendant deux heures pour payer un appartement boîte à chaussures et acheter une voiture afin de pouvoir attirer un partenaire, vous étiez coincé par les conventions sociales.” Dali répond, semble-t-il, à ce malaise.

Selon Alec Ash, la migration intérieure vers Dali est bel et bien le symptôme d’une évolution sociale en Chine. Même s’il se décrit comme “un Britannique blanc privilégié descendant au village”, il ne s’est pas trouvé épargné par l’épuisement dont souffrent les citadins chinois. De surcroît, “après 2017, quelque chose a changé. Alors que l’État virait vers l’autoritarisme, la Chine se resserrait plutôt qu’elle ne s’ouvrait. La ville [Pékin] n’était plus le centre d’une nation dynamique, mais le cœur d’un État policier. Ou peut-être que ce qui se détériorait, c’était moi. Je devenais le cliché de l’expatrié amer.”

Il part ainsi pour Dali en 2020 et pense que la montagne environnante l’aidera à sortir du marasme. Le changement d’environnement, la vie dehors, la spiritualité, la déconnexion numérique, ainsi qu’une thérapie, y contribuent grandement. Au fond, vivre à Dali ne suffit pas, mais la prise de conscience du problème et le changement de vie ont été salutaires. Alec Ash, qui n’envisageait pas de rester toujours à Dali, voulait pouvoir vivre dans le chaos d’une grande ville tout en conservant un état de calme intérieur, il vit désormais à New York. “Mais j’essaie de garder vivant une partie de l’esprit de Dali et de ses leçons : trouver un refuge intérieur là où je peux, jusqu’à me rappeler que je ne suis pas le centre de l’univers.”

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