Avec “Dahomey”, Ours d’or à Berlin, Mati Diop dénonce le pillage des œuvres d’art africaines par les ex-puissances coloniales

La Berlinale a sacré samedi 24 février la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop pour son documentaire intitulé Dahomey, qui traite de la restitution par les anciennes puissances coloniales des œuvres d’art volées en Afrique. “En récompensant un film qui aborde frontalement la question postcoloniale, le jury présidé par l’actrice mexicano-kényane Lupita Nyong’o [oscarisée pour Twelve Years a Slave en 2014], première personnalité noire à occuper ce poste prestigieux, est resté fidèle à la tradition politique de ce festival”, estime le quotidien suisse Le Temps.

“Restituer, c’est rendre justice”, a déclaré Mati Diop en recevant son Ours d’or. “En tant que Franco-Sénégalaise, cinéaste afro-descendante, j’ai choisi d’être de ceux qui refusent d’oublier, qui refusent l’amnésie comme méthode”, a-t-elle ajouté, affichant également sa “solidarité avec la Palestine” et avec ses compatriotes “Sénégalais qui se battent pour la démocratie et la justice”.

Dahomey raconte la restitution en novembre 2021 au Bénin de 26 œuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises au royaume du Dahomey, dans le sud du Bénin actuel. Mati Diop fait parler en voix off la statue anthropomorphe du roi Ghézo, qui se plaint de ne plus porter de nom, seulement un numéro, “le 26”, dans les réserves du musée du quai Branly à Paris. Le roi décrit “son arrachement à sa terre, sa vie en exil, puis son récent rapatriement dans un musée de Cotonou, la capitale du Bénin”, résume Le Temps. Mati Diop dénonce ici le fait que seuls 26 œuvres ont été rendues “par rapport aux 7 000 encore captives au musée du quai Branly” à Paris.

Moisson de prix pour les réalisatrices français

Fille d’un musicien sénégalais, Wasis Diop, et d’une mère travaillant dans l’art, étant née et ayant grandi à Paris, la réalisatrice avait déjà remporté à Cannes, en 2019, le Grand prix du jury pour Atlantique. Succédant au Français Nicolas Philibert, Ours d’or l’an dernier, Mati Diop ajoute aussi son nom à une jeune garde de réalisatrices françaises qui cumulent les prix majeurs ces dernières années : Julia Ducournau (Palme d’Or à Cannes en 2021), Audrey Diwan (Lion d’or à Venise la même année), Alice Diop (deux prix à Venise en 2022) et bien sûr Justine Triet, qui vient de dominer les César après avoir remporté la Palme d’or l’an dernier, et qui est en lice pour les Oscars, note encore Le Temps.

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