« Daaaaaali ! » de Quentin Dupieux est aussi fou qu’une toile de Salvador Dalí (pour ne pas dire surréaliste)

La nouvelle comédie du réalisateur de « Yannick » avec Jonathan Cohen et Édouard Baer n’est pas un biopic sur le peintre espagnol, mais réussit à en transmettre le génie avec absurdité.

Jonathan Cohen est Salvador Dalí. Gilles Lellouche, aussi. Édouard Baer, pareil. Idem pour Didier Flamand et Pio Marmaï. Ce concept un peu barré, c’est celui de Daaaaaali !, la nouvelle comédie de Quentin Dupieux dans laquelle les cinq acteurs campent le rôle du célèbre peintre espagnol.

Treizième long-métrage du réalisateur de Yannick, Fumer fait tousser et Rubber, Daaaaaali ! est dans les salles depuis mercredi, et ce n’est pas un biopic. Il raconte l’histoire d’une pharmacienne reconvertie en journaliste (Anaïs Demoustier) qui, malgré de multiples échecs, va redoubler d’effort pour réaliser un documentaire sur l’icône du surréalisme.

Un pitch de départ bien éloigné du caractère complètement fou de ce film, très à l’image de la personnalité déjantée et insaisissable de Salvador Dalí ou de ses toiles. Le fait de voir cinq comédiens (il y en avait beaucoup plus au départ) jouer le personnage provocateur, narcissique et parfois antipathique y est pour quelque chose.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

« Pour tout le monde, Dalí, c’est deux moustaches en l’air, des grands yeux et un accent. Dalí a réussi à s’inventer comme un déguisement. Je voulais que le film montre ça. Tout le monde est Dalí et personne ne l’est », explique Quentin Dupieux dans les notes de production. Il dit avoir laissé chacun interpréter l’artiste à sa sauce et s’emparer de son phrasé en français si particulier.

L’oeuvre de Dalí prend vie

C’est drôle. Presque autant que de voir ses toiles prendre vie tout au long du film. La scène d’ouverture peut en témoigner, elle reproduit Fontaine nécrophilique. On y voit un piano, devenu une fontaine infinie au milieu de la nature. On entend l’eau couler.

Un peu plus tard, une pluie de chiens s’abat à l’horizon, comme un clin d’œil au souvenir d’animaux morts pourrissants de l’artiste. L’énorme protubérance sur la tête d’un homme soutenue par une béquille rappelle, elle, La harpe invisible fine et moyenne, tableau culte de 1957.

Attention : Daaaaaali ! n’a rien d’une visite guidée au musée, insiste son réalisateur. Il n’a pas peur des anachronismes et le revendique par la voix d’un de ses personnages dans le film. « Je voulais un film qui secoue, qui te met la tête à l’envers, qui prend des virages brusques, s’arrête, repart », continue-t-il.

Un rêve dans le rêve

La forme déconstruite du film illustre ces propos. Il fonctionne comme une boucle sans fin d’un rêve - celui d’un prêtre qui se fait abattre sur son âne par un cow-boy - dans un rêve, puis d’un film dans un film grâce à ses indéfinies fins alternatives. On se perd, on nage en plein délire surréaliste.

Pas question, en revanche, de qualifier Daaaaaali ! de film surréaliste. Si le terme avait du sens, selon Quentin Dupieux, à l’époque de Salvador Dalí pour son envie de changer le monde et le regarder de manière différente, « c’est un mot qui ne veut plus rien dire ». « Aujourd’hui, tout est surréaliste dans la bouche des gens », regrette Quentin Dupieux.

Avant d’ajouter : « Dès qu’ils ne comprennent pas quelque chose, ils emploient ce mot ». Son film, lui, ne revendique aucune étiquette, reflet du caractère pluriel de l’œuvre du maître de l’art. Mais il convoque l’imaginaire, le rire et l’absurde.

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