La détresse de Pogacar, les reproches de Van Aert à Vingegaard... les indiscrétions de la 2e saison Netflix sur le Tour de France

La première saison était celle de la découverte du vélo dans ses aspects les plus généraux, la seconde sera celle des petites histoires dans la grande. Celle de Ben O’Connor par exemple, leader déchu de Décathlon-AG2R en pleine course faute de bons résultats, ou encore celle de Carlos Rodriguez, promu à l’inverse taulier d’Ineos Grenadiers au détriment de Tom Pidcock après ses exploits en montagne.

"L’idée c’était de pousser le curseur un peu plus loin, d’avoir des personnages un peu plus récurrents", explique le producteur de la série Yann Le Bourbouach. "On a essayé de travailler sur des portraits et de tisser des histoires au fil des épisodes. Ce qu’on a pu faire en gagnant la confiance des équipes lors de la première année de tournage. Elles ont vu notre modus operandi et nous ont ouvert encore plus les portes pour la deuxième saison."

Objectif donc, montrer les hommes derrière les cyclistes. L’institution du Tour, les notions de héros de difficultés et de tactique, le public y a été sensibilisé l’an passé, place désormais à l’humain et à la façon dont la personnalité de chacun détermine sa façon d’aborder la course. "Car il y’a un appétit pour ce genre d’histoires sourit Dolores Emile", responsable du développement de la série chez Netflix. "La force de ce genre de série c’est d’aller plus loin que le sport, plus loin que la course. On montre ce qui se passe."

Pello Bilbao, la victoire pour le regretté Gino Mäder

Comme quand Wout Van Aert se trouve très remonté à l'encontre de Jonas Vingegaard après la deuxième étape à San Sebastian, estimant que son leader n'a pas fait le travail nécessaire pour permettre au Belge de remporter l'étape. Comme également la détresse de toute une équipe, la Barhain-Victorious, et l’envie de se surpasser pour un frère d’armes, Gino Mäder décédé des suites d’une chute à très haute vitesse sur les routes du Tour de Suisse quelques jours avant le début du Tour de France 2023, théâtre principal de la deuxième saison.

Alors que l’équipe de production en charge de filmer l’équipe bahreïnie avait très tôt ciblé le fantasque slovène Matej Mohoric, elle a changé son fusil d’épaule tardivement pour se concentrer sur l’Espagnol Pello Bilbao, proche du jeune coureur tragiquement disparu. "Le pari est gagnant parce qu’il court pour une autre cause que la victoire absolue", explique Yann Le Bourbouach. "Il court pour son pote décédé et en plus il gagne." Et ne manque pas de montrer le slogan alors arboré sur son casque "Ride For Gino" lors de son succès sur la 10e étape du Tour à Issoire. "On est dans l’humain", rappelle Dolores Emile. "A travers Pello Bilbao, on comprend que ce sport est dangereux mais que les coureurs prennent beaucoup de risques car ils sont habités par cette passion de la compétition et de la performance. C’est leur quotidien en termes d’état d’esprit." Une autre scène poignante montre Ben O'Connor très choqué au moment d'apprendre la mort du coureur suisse, par son entraîneur.

De l'empathie pour Pogacar après la claque de Combloux

Au menu également dans cette deuxième saison la lutte pour la victoire finale sur ce Tour 2023, entre deux hommes Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar, dont l’équipe UAE Team Emirates avait cette fois ci décidé d’ouvrir les portes à Netflix. Et un duel de personnalités entre le timide danois et l’ébouriffant slovène. "Quand il le verra, le public sera touché par la détresse de Pogacar", assure Yann Le Bourbouach. "Quand il perd le contre-la-montre à Combloux, sa femme vient lui dire qu’il a pris 1’40" dans la figure. Là on a vraiment beaucoup d’empathie à son égard."

"Sa personnalité donne envie d’être de son côté", abonde Dolores Emile. "Il est beaucoup plus drôle généreux et blagueur. C’est peu moins une machine que Vingegaard, il est plus dans l’émotion. On a de la peine pour lui." Une agitation de corde sensible qui Netflix l’espère permettra le 11 juin prochain de bons chiffres lors du lancement de cette deuxième saison de la série Tour de France, au cœur du peloton.

Avec près de 10.000 heures d’images tournées et plusieurs dizaines de personnes dédiées à plein temps, la firme californienne a encore mis d’énormes moyens pour que ce soit une réussite. Et si le public est bien au rendez-vous, une troisième saison verra le jour par la suite. "C’est une grosse série et un gros enjeu pour Netflix", confirme Yann Le Bourbouach. "Nous, on veut que les gens s’attachent à nos personnages comme dans une fiction. A terme je veux qu’ils passent d’un Casa de papel au Tour de France sans se poser de questions."

Article original publié sur RMC Sport