La détresse des étudiants nigérians face à l’inflation : “Trois repas par jour, c’est un luxe”

Étudiant de premier cycle à l’université d’Ibadan, Ajadi Sodiq reçoit chaque mois 25 000 naïras [16 euros] de ses parents et de ses proches. Avant février 2024, cette somme lui permettait non seulement de manger à sa faim, mais aussi de prendre les transports en commun entre son foyer étudiant et ses cours. “Ce n’était pas l’idéal, mais ça allait”, confie Ajadi en évoquant sa vie étudiante d’il y a encore un an. Car elle appartient désormais au passé, les déboires économiques du pays ayant rendu sa situation personnelle presque intenable.

“Maintenant, je ne fais plus qu’un repas par jour, et j’attends quelques heures l’après-midi pour pouvoir tenir jusqu’à la fin de la journée”, révèle-t-il à African Arguments un jeudi matin de mars. Le cas d’Ajadi est loin d’être isolé. Dans tout le pays, les jeunes s’infligent la même cure d’austérité pour affronter la crise économique, la pire qu’ait connue le pays depuis que la plupart d’entre eux sont nés.

COURRIER INTERNATIONAL
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Le Nigeria est en effet aux prises avec les pires turbulences économiques de ces dernières années. La monnaie a perdu au moins la moitié de sa valeur face au dollar au cours des douze derniers mois. Une fois investi, le 29 mai 2023, le président, Bola Ahmed Tinubu, a supprimé les subventions publiques sur le carburant, une décision qui a immédiatement multiplié par trois le coût à la pompe. Par ricochet, la mesure a fait flamber le coût de la production dans l’ensemble des secteurs, plongeant l’économie dans la tourmente et empêchant bon nombre de Nigérians d’accéder aux produits de première nécessité.

En janvier 2024, le taux d’inflation brut du pays a atteint 29,9 %, du jamais-vu depuis près de trente ans. Le coût de la nourriture, premier poste de dépenses dans le budget de la plupart des ménages, a grimpé en flèche ces derniers mois. L’inflation alimentaire s’est établie à 35,4 %, montant jusqu’à 40 % dans certains États, selon le Bureau national des statistiques.

Les failles du pays exposées au grand jour

La batterie de mesures engagées par le gouvernement Tinubu n’a pas suffi à amortir le choc économique provoqué par le retrait des subventions sur le carburant et l’emballement de l’inflation. Il faut dire que l’économie était déjà mal en point depuis plusieurs années quand Tinubu est arrivé au pouvoir.

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