Comment détecter que mon enfant est harceleur et comment réagir?

Comment détecter que mon enfant est harceleur et comment réagir?

On s'inquiète souvent de savoir si son enfant est harcelé à l'école ou sur les réseaux sociaux. Toutefois, il est également possible qu'il soit lui-même harceleur. En France, chaque année, près de 800.000 enfants seraient victimes de harcèlement à l'école, selon un rapport du Sénat.

"Il est souvent difficile de reconnaître que son enfant peut être auteur de violences", concède le ministère de l'Éducation nationale sur son site.

"Mais ce n'est pas parce que votre enfant harcèle que sa personnalité se limite à cela. Il s'agit de comprendre pourquoi il agit ainsi afin qu’il change de comportement. Il faut aussi que les violences cessent, pour l'enfant victime mais aussi pour lui-même", peut-on également lire.

Ouvrir la discussion

Comment repérer que l'enfant est un harceleur, lorsque ces faits sont commis en dehors de la maison? "Les enfants ont du mal à avouer qu'ils harcèlent", explique à BFMTV.com Catherine Verdier, psychologue-thérapeute-analyste pour enfants et adolescents.

"Mieux vaut procéder par approches successives en lui demandant par exemple si, autour de lui, l’un de ses camarades est victime de harcèlement, s’il a parlé de ce qu’il a ressenti… On l'amènera ensuite à parler de son propre ressenti face au harcèlement", conseille le ministère de l'Éducation.

"On peut voir si un enfant est harceleur surtout à la quantité d'informations ou de détails qu'il peut donner quand on lui en parle, s'il connaît bien les gestes ou les mots...", complète Catherine Verdier.

Reconnaissance, estime de soi, fratrie...

"Un harceleur n'est pas harceleur par hasard", explique à BFMTV le psychologue Jean-Luc Robert.

"Malgré les apparences d'assurance ou de domination qu'il peut dégager, la personne harceleuse a une fragilité en elle: souvent c'est quelqu'un qui a besoin d'avoir une certaine reconnaissance, qui a besoin qu'on l'admire, qui a besoin de prendre le dessus...", poursuit le psychologue.

"Cet élève harceleur peut avoir tantôt besoin de se survaloriser, en se comparant aux autres sans cesse et bien sûr en les dénigrant, à pointer les défauts, même chez les adultes, complète-t-il. "Le harceleur va agresser pour avoir une estime de lui-même plus importante que sa victime", abonde dans le même sens Catherine Verdier.

En outre, comme le souligne la spécialiste, on peut essayer de détecter s'il y a du harcèlement dans la fraterie: "s'il harcèle ses frères et soeurs, on peut raisonnablement penser qu'il va poursuivre à l'extérieur".

Besoin d'être accompagné

Une fois que les faits ont été identifiés, il est nécessaire de montrer à son enfant que ce qu'il a fait est mal et grave. "Il faut essayer de le mettre à la place de la personne harcelée, expliquer que les parents sont très peinés, absolument pas défendre l'enfant face à ça", préconise Jean-Luc Robert.

Il n'est pas forcément nécessaire de le punir, mais plutôt d'opter pour une forme de "punition réparatrice": "qu'est-ce que l'enfant peut proposer pour réparer ce qu'il a fait?", propose Catherine Verdier.

La deuxième étape consiste à comprendre ce qui va mal chez l'enfant ou l'adolescent pour qu'il se conduise de la sorte, "pour tenter de connaître les origines de sa violence", explique le ministère de l'Éducation nationale.

"Celles-ci peuvent être multiples: difficultés à communiquer sereinement, agressivité par peur de l’autre, réponse violente au harcèlement qu’il pourrait lui-même subir ou avoir subi antérieurement", poursuit l'institution. En effet, "un enfant harcelé au primaire a de grandes probabilités de devenir harceleur au collège", illustre Catherine Verdier.

À partir de cette rentrée, par application d'un récent décret, l'élève harceleur pourra être changé d'établissement scolaire "en dernier recours", même dans le premier degré. Ainsi, le ministère de l'Éducation conseille également, au-delà de parler à l'enfant, de partager les doutes et les interrogations auprès d'un adulte de son établissement.

Article original publié sur BFMTV.com