« On parle beaucoup d'amour mais pas assez de désamour »
« Comme l'amour, le désamour est universel, et pourtant, nous ne souhaitons ni le vivre ni le raconter », expose Fabienne Brugère, en préambule de Désaimer – Manuel d'un retour à la vie, à paraître ce 1er mai chez Flammarion. Présidente de l'université Paris Lumières et professeure de philosophie des arts modernes à Paris-8, la chercheuse en explore les signes avant-coureurs, les symptômes, les effets sur celui qui doit s'y résoudre. Et pose une question : comment surmonter cette épreuve ? Un essai informé et lumineux pour « guérir de ce qui fut un attachement, une passion, un mode de vie intense du corps et de l'âme ».
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Le Point : Pourquoi avoir écrit sur le thème du désamour ?
Portrait de la philosophe Fabienne Brugère. © Franck Ferville / Flammarion
Fabienne Brugère : J'ai toujours travaillé dans le cadre d'une philosophie de l'expérience. Ce livre, je l'ai donc écrit au moment où je vivais, moi-même, une rupture et la nécessité de désaimer. Il n'en est pas moins imprégné de l'histoire des autres. Car je me suis aperçue que j'étais entourée de personnes qui étaient, ou avaient été, dans cette même situation. Nous avons dialogué, partagé nos expériences respectives.
En général, les gens préfèrent parler de rencontres amoureuses ou d'histoires d'amour – quitte à les idéaliser – que de la fin de l'amour. Qu'elle soit choisie ou subie, c'est une épreuve que l'on vit, mais sur laquelle on ne veut général [...] Lire la suite