"Une dérive de l'école": l'institutrice Lisa Kamen-Hirsig tance la politique de l'Éducation nationale

"Une dérive de l'école": l'institutrice Lisa Kamen-Hirsig tance la politique de l'Éducation nationale

Une franche critique de l'Éducation nationale. L'institutrice Lisa Kamen-Hirsig a dénoncé ce lundi sur BFMTV-RMC une "dérive" de l'école, reprenant ainsi le discours tenu dans son ouvrage La grande garderie, au sein duquel elle estime que le système scolaire est "globalement devenu un lieu où l'on apprend l'obéissance, le dogmatisme, le mépris de la langue et de l'Histoire".

Un propos que l'enseignante développe en plusieurs points sur notre antenne, en s'arrêtant notamment sur le sujet des "savoirs fondamentaux". Selon elle, l'Éducation nationale "considère aujourd'hui que les enfants doivent [les] construire eux-mêmes". "Ça veut dire qu'on les encourage parfois même à faire en classe des recherches sur Internet, à travailler en groupe, à élaborer des stratégies d'apprentissage", développe l'enseignante, avant d'opposer à ces exemples sa vision des choses:

"Il me semble que ça relève du rôle de l'enseignant de délivrer le savoir, de donner les stratégies d'apprentissage, et de permettre à des enfants d'acquérir des connaissances."

"Morale de gauche"

Cette personnalité, qui a récemment signé une tribune avec le maire Les Républicains (LR) de Cannes David Lisnard dans Le Figaro, évoque ensuite le certificat des "savoirs verts", une mesure qu'Élisabeth Borne veut mettre en place à horizon 2024 pour les élèves de 3e. Objectif: s'assurer que les collégiens maîtrisent les enjeux de la transition écologique.

"Plutôt que d'apprendre aux enfants à trier les déchets" et à "connaître le nombre d'éoliennes dans le parc français", il faut insister sur des matières "fondamentales", comme "les maths, le français, l'histoire-géographie", pointe Lisa Kamen-Hirsig.

Pourquoi opposer ces deux points? En quoi sont-ils contradictoires? "Ça prend du temps", répond l'intéressée. "C'est-à-dire qu'au moment où on enseigne aux enfants à trier les déchets, c'est une demie heure qu'on ne consacre pas à apprendre la géographie de la France".

Aux yeux de la professeure des écoles, l'Éducation nationale "véhicule une morale de gauche" et "égalitariste". Elle développe son propos: "Quand on enseigne l’histoire et géographie en France, on parle d’inégalité en permanence. Les enfants sont considérés comme des victimes d’un système. On leur dit que s’ils sont dans telle école ou tel quartier, c’est parce qu’il y a des gens qui dominent et d’autres qui sont dominées, etc…"

"Instrument de fabrication du républicain"

Une preuve supplémentaire pour Lisa Kamen-Hirsig que la politique est "entrée depuis très longtemps" dans nos écoles. Celle-ci "est considérée depuis le début du XXe siècle comme un instrument de fabrication du républicain", regrette-t-elle, en faisant référence au passage à des propos tenus par Emmanuel Macron récemment dans Le Point.

Et de conclure: "Je n'ai rien contre la République [...] mais il me semble qu'avant d'enseigner que la République c'est l'alpha et l'oméga de la vie, on leur enseigne le français, la grammaire, leur propre langue".

Article original publié sur BFMTV.com