Le dérèglement climatique force singes et lémuriens à descendre des arbres

L’augmentation des températures et la dégradation des forêts poussent de nombreuses espèces arboricoles à descendre de leurs arbres. C’est la conclusion de l’étude parue le 10 octobre dans PNAS, pour laquelle 118 scientifiques du monde entier ont examiné 150 000 heures de données d’observations de 15 espèces de lémuriens et 32 espèces de singes répartis sur 68 sites sur le continent américain et à Madagascar.

Ces résultats montrent comment le dérèglement climatique provoqué par les activités humaines oblige les animaux à s’adapter et comment il perturbe leur écosystème”, décrypte le Washington Post. Bien qu’ils passent encore la majorité de leur temps dans les arbres, les primates se voient contraints d’en descendre pour échapper à la chaleur – en particulier lorsque la canopée n’est plus suffisamment dense pour fournir de l’ombre – et chercher de la nourriture et de l’eau. Une situation qui, si elle démontre les capacités d’adaptation de ces animaux, les expose avant tout à de nouvelles menaces et de nouveaux prédateurs.

L’adaptation peut-elle suivre le rythme de la déforestation et du dérèglement climatique ?

Par ailleurs, l’étude met en évidence le fait que les populations de primates vivant à proximité d’infrastructures humaines sont moins susceptibles que les autres de descendre au sol. Pour Luca Santini, de l’université La Sapienza à Rome, qui a participé aux travaux, interrogé par le site Phys, cela montre que :

“Il est possible que la présence de populations humaines – représentant souvent une menace pour les primates – interfère avec les capacités naturelles d’adaptation des espèces face au dérèglement climatique.”

En outre, Timothy Eppley, premier auteur et chercheur à la San Diego Zoo Wildlife Alliance, une ONG située en Californie, s’inquiète dans le New Scientist du fait que les primates arboricoles ne soient pas en mesure de s’adapter suffisamment vite pour suivre le rythme de la déforestation et du dérèglement climatique.

Pour Helen Slater, chercheuse à l’université Newcastle, au Royaume-Uni, ces travaux – auxquels elle n’a pas participé – laissent deviner “l’immensité de la tâche” consistant à prédire comment les différentes espèces de primates réagissent au dérèglement climatique afin de déterminer le meilleur moyen de les protéger, rapporte le Washington Post. D’autres travaux sont en outre nécessaires pour comprendre avec précision ce qui a le plus d’influence sur les changements d’habitudes des singes et des lémuriens. Il pourrait par exemple être intéressant de comparer la température au sol et au niveau de la canopée afin de préciser le rôle du réchauffement, suggère Helen Slater.

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