Un député Horizons votera contre la réforme des retraites

Loyal, mais libre. Tel est l'addage d'Édouard Philippe, ancien Premier ministre et candidat putatif à la prochaine élection présidentielle. A l'Assemblée nationale, un député apprenté au groupe philippiste Horizons ne s'est pas privé pour reprendre la deuxième partie de la formule. Il s'agit de Yannick Favennec. Bien que membre de la majorité présidentielle, l'élu annonce dans Le Figaro qu'il votera contre la réforme des retraites si le projet de loi fait l'objet d'un vote.

Le parlementaire de Mayenne plaide pour une "prise en compte du nombre d'années de cotisation, et non d'un âge pivot". Cette primeur des annuités est également promue par certains députés Les Républicains, dont Aurélien Pradié.

Yannick Favennec regrette, par ailleurs, un "manque de lisibilité sur les carrières longues et les métiers pénibles", ainsi qu'une "absence de clarté et de certitudes sur les 1200 euros" de pension minimale pour les retraités.

"Opposition"

Une prise de position en totale liberté donc. Mais également en contradiction avec Édouard Philippe. Lequel avait défendu sur BFMTV une "réforme nécessaire" au début du mois de février. Surtout, l'ex-locataire de Matignon voulait aller plus loin et repousser l'âge légal, actuellement fixé à 62 ans, à 67. Beaucoup plus que l'allongement progressif à 64 ans prévu dans la réforme actuelle.

Pour autant, cette décision de Yannick Favennec n'est pas une surprise. Le député était déjà sorti du bois il y a quelques semaines. Le 19 janvier, jour de la première mobilisation contre la réforme des retraites, il déclarait sur son compte Twitter: "En l'état, je ne voterai pas ce texte".

Reste à savoir le prix de cette liberté. D'autant plus au regard des propos en janvier dernier de Laurent Marcangeli, patron du groupe parlementaire Horizons: "Lorsqu'on ne vote pas un texte financier, alors qu'on dit qu'on est dans la majorité, ça veut dire qu'on est dans l'opposition", déclarait-il sur une émission de Public Sénat et LCP, en partenariat avec Le Figaro.

"Pitoyable"

Du côté du parti présidentiel, Renaissance, la menace est plus explicite. Lors du bureau du groupe la semaine dernière, il a été acté que les élus qui ne voteraient pas pour le projet de loi de l'exécutif seraient exclus. Dans le viseur: l'ancienne ministre Barbara Pompili et deux membres de son microparti En Commun! Ces dernières ont annoncé qu'elles s'abstiendraient.

"C'est pitoyable", estime Yannick Favennec dans les colonnes du Figaro, ajoutant:

"C'est tout de même invraisemblable qu'on en soit à menacer les députés d'être exclus lorsque l'on a pas la majorité absolue. S'ils veulent m'exclure, ils m'excluront, mais je ne comprends pas trop leur calcul."

Au sein d'Horizons, Yannick Favennec pourrait ne pas être seul. Jean-Charles Larsonneur, lui aussi apparenté au groupe de 29 élus, envisage de ne pas voter le texte. Il donnera sa décision d'ici mercredi soir, après la commission mixte paritaire qui doit se réunir le matin. Composée de 7 sénateurs et 7 députés, elle est chargée d'établir la mouture finale du projet de loi. En cas d'accord, le texte sera ensuite voté au Sénat, puis à l'Assemblée nationale jeudi, si le gouvernement ne dégaine pas le 49.3 avant cela.

Article original publié sur BFMTV.com