Le délicat bilan carbone de l'industrie spatiale

Les projets pharaoniques de mégaconstellations de satellites et l'essor du tourisme spatial posent la question de l'empreinte carbone de cette industrie très gourmande en carburant et qui génère de nombreux déchets. Est-il possible de concilier activités spatiales et préservation de la planète ? Enquête.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°924, daté février 2024.

Samedi 18 novembre 2023. La plus grande fusée jamais construite, Starship de SpaceX, un engin de 120 mètres de long et d'une masse de 5000 tonnes, est propulsée vers l'espace. L'image fera date, même si la mission se soldera par un échec quelques minutes plus tard. Car Starship incarne le retour de l'humain sur la Lune et peut-être un jour son premier pied sur Mars. 33 moteurs brûlant 1200 tonnes de méthane liquide si l'on en croit Elon Musk, le P-DG de l'entreprise américaine. À quelques semaines de la COP28, l'exploit technologique et le rêve de conquête spatiale sont-ils compatibles avec la brûlante question de la sortie des énergies fossiles ?

Selon une étude publiée en 2022 par des chercheurs écossais, les émissions de l'industrie spatiale mondiale sont estimées autour de 6 millions de tonnes d'équivalent CO2 (teqCO2) par an. Si l'on compare ce chiffre à l'impact estimé de l'aviation - entre 1,5 milliard et 3 milliards de teqCO2 -, l'empreinte environnementale du spatial apparaît comme très faible. Mais cette évaluation n'est sans doute qu'une partie infirme de l'impact du spatial.

La vérité est que les données sont rares, car très peu de travaux sur cette question ont été conduits à ce jour. ArianeGroup est l'une des seules sociétés à s'être penchées sur l'analyse de cycle de vie de l'exploitation d'Ariane 6. Conclusion : un chiffre théorique de 20.000 teqCO2 émises, soit les émissions annuelles de 2000 Français. Et, première surprise : la combustion des propergols solides ne compterait que pour 1 % du total ! Mais alors, où est l'empreinte carbone de la fusée ?

Pour 46 %, elle résiderait dans la production et le ravitaillement des propergols au centre spatial guyanais. Deuxième poste, pour 30 %, les autres activités au sol (électricité, notamment pour la climatisation) et pendant le vol. Enfin, 21 % sont dus à la fabrication et à l'assemblage des structures en Europ[...]

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