Déficit de la Sécu : Les arrêts maladie dans le viseur de la Cour des comptes, la gauche s’indigne

L’institution présidée par Pierre Moscovici suggère de s’attaquer aux dépenses d’indemnisation des arrêts de travail.

L’entrée de la Cour des comptes (image d’illustration)

ÉCONOMIE - Boucher le trou. Pour enrayer « l’insoutenable » creusement du déficit de la Sécurité sociale, la Cour des comptes a proposé dans un rapport rendu public ce mercredi 29 mai de restreindre l’indemnisation des arrêts de travail par l’Assurance maladie. Et ça passe très mal à gauche.

Concrètement, l’institution présidée par Pierre Moscovici préconise de stopper l’indemnisation par l’Assurance maladie des arrêts de moins de 8 jours, dont le nombre a augmenté de « 50 % entre 2017 et 2022 ». Cela représenterait des économies de 470 millions d’euros, affirme la Cour.

Parmi les autres pistes sont également citées l’augmentation à 7 jours du délai de carence (950 millions d’euros de dépenses en moins), la réduction à deux ans (contre trois aujourd’hui) de la durée maximale d’indemnisation (750 millions d’euros de dépenses en moins), ou encore « d’aller plus loin dans la lutte contre la fraude aux arrêts de travail et dans le contrôle des prescriptions des médecins ».

Sur X, la gauche s’est indignée. « Suppression des CHSCT. Suppression de 4 critères de pénibilités. Zéro reconnaissance du burn-out. Retraite à 64 ans. Si la Cour des comptes voulait vraiment “enrayer la flambée des arrêts maladies”, elle demanderait la démission de Macron », a dénoncé le député LFI François Ruffin.

Sa collègue Caroline Fiat estime pour sa part que « cette mesure (serait) extrêmement dangereuse en termes de santé publique » et souligne que « les comptes de la sécu ce sont des choix politiques ! ».

Le communiste Ian Brossat renchérit : « Les chômeurs, les pauvres, les malades… L’idée, c’est de cocher toutes les cases au bingo de la crapulerie d’ici la fin de la semaine ? » Le socialiste Alexandre Ouizille ajoute : « Les femmes et familles monoparentales sont surreprésentées dans les arrêts maladie inférieurs à 8 jours. Il s’agit donc -encore- d’économiser sur le dos des publics les PLUS PRÉCAIRES du pays. C’est non. »

Même son de cloche chez l’eurodéputé de gauche Emmanuel Maurel. « Après l’assurance chômage, une nouvelle étape dans l’indigne est franchie. Ce sont les malades qu’il faut désormais sanctionner. Toujours la même boussole : raboter les droits des salariés », a-t-il écrit sur X.

Dans son rapport, la Cour des comptes épingle les prévisions actuelles du gouvernement qui « montrent une dégradation continue » et « non maîtrisée » du déficit de la Sécu. Elle estime que ce dernier pourrait s’élever à 17,2 milliards d’euros en 2027 si la trajectoire en cours n’est pas modifiée.

Inivté de la matinale de RTL ce jeudi 30 mai, le Premier ministre Gabriel Attal a cependant estimé que sa priorité était plutôt de lutter contre les arrêts de travail frauduleux. « Il n’y a pas de décision qui est prise. Ce n’est pas parce que la Cour des Comptes fait une proposition qu’on doit la reprendre », a-t-il déclaré concernant la piste de Pierre Moscovici.

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