Déficit public: un débat aura lieu à l'Assemblée nationale le 29 avril
Un débat sur les finances publiques sera organisé à l'Assemblée nationale le 29 avril, à la demande de la commission des Finances de la chambre basse, a appris ce mardi 26 mars de source parlementaire nos collègues de l'AFP. Cette annonce arrive après celle de l'Insee d'une forte dégradation de la situation budgétaire.
Après une prise de parole du gouvernement, les représentants de tous les groupes politiques pourront s'exprimer dans l'hémicycle lors de ce "débat d'orientation et de programmation des finances publiques".
"Bruno Le Maire est discrédité et décrédibilisé"
Les oppositions de droite et de gauche tiennent en effet Bruno Le Maire et Emmanuel Macron pour "responsables" de la dégradation de la situation budgétaire. Certains de leurs représentants demandant le départ du ministre des Finances.
"5,5% de déficit et 110,6% de dette publique: la dernière symphonie du Mozart de la finance ressemble au chant du cygne. Monsieur Macron est comptable de ce bilan désastreux !", a ainsi réagi sur X, le chef des Républicain, Éric Ciotti.
"Bruno Le Maire est discrédité et décrédibilisé, sa responsabilité est engagée", a jugé sur Public sénat le rapporteur LR du Budget au Sénat Jean-François Husson.
"La politique du gouvernement est un échec", ajoute-t-il.
Mais la droite rejoint Bruno Le Maire sur un point: le refus d'une augmentation des impôts pour réduire le déficit. "Au lieu de réduire les coûts de l'immigration ou de s'attaquer à la fraude sociale, la macronie va réduire ses dépenses régaliennes tout en augmentant nos impôts", a dénoncé sur X l'eurodéputé RN Jean-Lin Lacapelle.
Le président de la commission des Finances de l'Assemblée Éric Coquerel (LFI) a estimé sur X "qu'à force de surestimer la croissance, Bruno Le Maire avait sous-estimé le déficit en grand".
"Le sujet n'est pas le nombre de milliards d'euros de dette. C'est pourquoi on s'endette", a estimé l'écologiste Marine Tondelier sur Franceinfo. "Quand on investit dans la transition écologique, alors on fait des choses très utiles pour l'avenir. Et ça coûterait beaucoup plus cher à moyen terme de ne pas le faire", a-t-elle plaidé.
"C'est Robin des bois à l'envers: on va faire payer tout le monde pour éviter de mettre à contribution les plus riches", a-t-elle déploré.
Chiffres en dérapage
Le déficit public de la France a atteint 5,5% du PIB en 2023, à 154,0 milliards d'euros, a dévoilé mardi l'Insee, soit bien plus que les 4,8% de déficit réalisés en 2022 et que les 4,9% initialement prévus par le gouvernement pour 2023.
Ce dérapage s'explique notamment par des recettes qui "ralentissent nettement en 2023", en progression de 2,0% contre +7,4% en 2022, expose l'Institut national de la statistique et des études économiques dans un communiqué.
Par rapport au déficit de 2022, avec la prévision de 4,9% pour 2023, "on avait déjà une année blanche, et là on a une année pire" avec 5,5%, a déploré le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. Ce dérapage place la France dans une "situation fâcheuse", selon lui.
Le président de l'organisme de contrôle a cependant jugé qu'il n'y avait pas eu d'"insincérité" dans les prévisions de déficit du gouvernement, "au sens où il n'y a pas de volonté de tromper" de la part de l'exécutif.