Le dédoublement des classes de CP et CE1 a des effets mitigés sur les résultats des élèves, selon ce rapport de l’inspection générale

Le dédoublement des classes n’a pas eu les effets promis sur le niveau des élèves.
Dobrila Vignjevic / Getty Images Le dédoublement des classes n’a pas eu les effets promis sur le niveau des élèves.

ÉDUCATION - Dédoubler progressivement les classes de CP et CE1, puis de grande section, dans les établissements d’éducation prioritaire. C’était l’une des promesses de campagne du président Emmanuel Macron, et elle avait été lancée en priorité par le gouvernement à la rentrée 2017. Près de six ans plus tard, un rapport de l’inspection générale transmis en avril 2023 à l’ancien ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye témoigne des résultats en demi-teinte du dédoublement des classes de CP et CE1.

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L’idée du dispositif ? Réduire les effectifs par classe, en passant de 24 à 12 élèves et doublant ainsi le nombre total de classes. En octobre 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation se félicitait à son sujet : « Nous avons dédoublé en 2017 les classes dans les réseaux d’éducation prioritaire et dans les réseaux d’éducation prioritaire renforcés. C’est un grand motif de fierté : cette mesure permet à plus de 500 000 élèves de faire leur rentrée aujourd’hui dans une classe à douze et elle a permis de réduire drastiquement les écarts en français et en mathématiques. »

Mais l’inspection générale pose un diagnostic beaucoup plus mitigé dans son rapport, révélé par Le Monde et qui n’avait jusqu’ici pas été rendu public par le ministère. « De façon générale, si des éléments positifs sont repérés concernant les apprentissages des élèves bénéficiant d’un enseignement en classe dédoublée, force est de constater que tous les bénéfices attendus de cette mesure ne sont pas encore obtenus aujourd’hui », évalue-t-il.

Une progression limitée des élèves en classe de CE1

Selon les visites des inspecteurs entre novembre 2022 et janvier 2023, l’initiative a pourtant eu du succès auprès des enseignants. Ceux-ci ont notamment remarqué un « meilleur climat de classe » et des meilleures conditions de travail générales grâce à la réduction du nombre d’élèves.

Mais les résultats des élèves ne semblent pas être à la hauteur de l’enthousiasme de leurs professeurs. La première évaluation menée en 2017-2018 montre bien un progrès « visible » des élèves de CP, et une réduction significative de l’écart de niveau entre les élèves d’éducation prioritaire et les autres. Mais selon le rapport, cette amélioration des résultats stagne en CE1 et l’écart entre les élèves d’éducation prioritaire et les autres n’a pas évolué depuis 2019.

Ce dernier constat reste néanmoins difficile à confirmer pour les inspecteurs, en raison de l’absence de système d’évaluation à la fin du CE1 et de l’« impact fort sur les apprentissages des élèves » qu’a eu la crise du Covid-19, selon le rapport cité par Le Monde.

Un dispositif qui ne se suffit pas à lui-même

Le rapport note également des inégalités au sein du territoire français, car la promesse d’Emmanuel Macron n’a pas été mise en place de la même manière dans tous les territoires. L’inspection générale conclut ainsi que « l’accompagnement proposé en sus (de la mesure) » constitue un facteur important dans la progression des élèves.

Ce dispositif est donc un premier pas pour les élèves d’éducation prioritaire, mais il ne suffit pas pour réduire l’écart de niveau avec les élèves scolarisés dans le secteur public non prioritaire selon le rapport. L’inspection générale préconise d’autres initiatives complémentaires pour une réelle efficacité, telle qu’une meilleure formation pour aider les enseignants à adapter leurs pratiques.

De plus, le texte note que le dédoublement des classes comporte d’importantes lacunes puisqu’il n’adresse pas la difficulté des écoles à augmenter le nombre de salles de classe, et est en plus basé sur une carte de l’éducation prioritaire qui n’a pas connu de réévaluation depuis 2014. En effet, 745 écoles dont l’indice de position sociale est inférieur à 80 ne sont pas concernées par cette mesure, d’après Le Monde.

Si le rapport n’a pas été rendu public, les résultats mitigés de l’initiative ne seraient pas un secret au sein du ministère, d’après Le Monde. Reste ainsi à voir comment le déploiement de cette mesure évolue pour atteindre ses objectifs.

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