Décapitation d’un soldat ukrainien : ce que l’on sait de la vidéo qui circule sur Internet

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé une nouvelle « exaction » commise par les « monstres » russes à l’encontre des soldats ukrainiens, dans une adresse sur les réseaux sociaux mercredi 12 avril.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé une nouvelle « exaction » commise par les « monstres » russes à l’encontre des soldats ukrainiens, dans une adresse sur les réseaux sociaux mercredi 12 avril.

GUERRE EN UKRAINE - Kiev, les Nations Unies et la diplomatie européenne ont fait part de leur effroi ce mercredi 12 avril après la diffusion sur Internet, depuis le début de la semaine, d’une vidéo montrant la décapitation au couteau d’un prisonnier de guerre ukrainien présumé.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé une nouvelle exaction des « monstres » russes et le service ukrainien de sécurité (SBU) a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « crime de guerre ». La Russie, qui d’ordinaire rejette les accusations de crimes portées contre ses militaires, a de son côté appelé à vérifier l’« authenticité » de la vidéo.

Le HuffPost fait le point sur cette affaire qui relance les débats autour des exactions de l’armée russe en marge de la guerre en Ukraine.

  • Que s’est-il passé ?

Une scène de meurtre et de torture circule depuis le mardi 11 avril sur Internet et les réseaux sociaux tels que Telegram. Dans cette vidéo d’une durée d’une minute et quarante secondes, un homme en camouflage, le visage masqué, tranche le cou d’un autre homme en uniforme se débattant au sol en hurlant « ça fait mal ».

Au bout de quelques secondes, les cris cessent et on entend un homme derrière la caméra inciter, en russe, le bourreau à « couper la tête » de la victime. Ce dernier finit sa décapitation au couteau, et montre la tête tranchée à la caméra. « Faut la foutre dans le sac et l’envoyer au commandant », dit une voix. À la caméra, on montre également le gilet de la victime barré du trident ukrainien et d’une tête de mort.

Pour le moment, nul n’a été en mesure d’identifier formellement la vidéo, ni de savoir où et quand elle a été filmée.

  • Quelle réaction de Kiev et la communauté internationale ?

Les autorités ukrainiennes ont réagi ce vendredi à l’insoutenable séquence. Dans une adresse vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le président Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de dévoiler ainsi son vrai visage. « Comme ces monstres tuent facilement. Cette vidéo de l’exécution d’un prisonnier de guerre ukrainien, le monde doit le voir. C’est une vidéo de la Russie comme elle est », a-t-il lancé.

« C’était (déjà) comme ça à Boutcha. Des milliers de fois », a poursuivi le chef d’État en référence à la banlieue de Kiev devenue symbole des atrocités attribuées à l’armée russe.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a estimé lui que la Russie était « pire que l’État islamique », organisation jihadiste qui filmait les exécutions de ses otages, notamment par décapitation. « Les terroristes russes doivent être chassés de l’Ukraine et de l’ONU et tenus responsables pour leurs crimes », a-t-il écrit sur Twitter.

Le service ukrainien de sécurité (SBU) a ouvert une enquête sur ce « crime de guerre ». « Nous retrouverons ces monstres (...). Ils seront punis », a martelé le chef du SBU Vassyl Maliouk dans un communiqué. De son côté, la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar a indiqué sur Telegram que les autorités faisaient « tout (leur) possible pour identifier le défunt ».

La diplomatie européenne a quant à elle assuré que l’UE demandera « des comptes à tous les auteurs et complices de crimes de guerre », tandis que la mission de l’ONU a Kiev s’est déclarée « horrifiée » par ces images. Elle a par ailleurs évoqué une seconde vidéo montrant les corps mutilés de prisonniers ukrainiens.

  • Quelle réaction de Moscou ?

Le Kremlin a appelé mercredi à vérifier l’« authenticité » de la vidéo. « Il s’agit bien sûr d’images horribles », a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Néanmoins, « dans le monde de “fakes” dans lequel nous vivons, il faut s’assurer de l’authenticité de cette vidéo », a-t-il estimé.

Bien que lacunaire, cette déclaration du Kremlin détonne de ses méthodes habituelles de communication. Par le passé, la Russie a toujours nié en bloc les accusations de crimes portées contre ses militaires, quitte à dénoncer des mises en scène ukrainiennes. Ce qui n’est pas le cas cette fois-ci.

  • Y a-t-il eu des précédents ?

Ce n’est pas la première fois qu’une vidéo d’exaction est attribuée à des soldats russes ou ukrainiens depuis le début de la guerre en Ukraine.

Début mars, une vidéo montrant l’exécution présumée d’un prisonnier de guerre ukrainien par des soldats russes avait ainsi provoqué un choc en Ukraine et dans le reste du monde. Dans cette séquence d’une douzaine de secondes circulant sur les réseaux sociaux, un homme en uniforme militaire et désarmé est tué après avoir lancé « Gloire à l’Ukraine ! »

En novembre, le Kremlin s’était lui indigné de deux vidéos semblant montrer l’exécution présumée d’une dizaine de militaires russes par balles après s’être rendus aux forces ukrainiennes.

Fin mars, l’ONU a accusé les forces ukrainiennes et russes d’avoir commis des exécutions sommaires de prisonniers de guerre. La Russie nie en outre, en dépit d’éléments concordants, les exécutions sommaires de civils, en particulier à Boutcha, près de Kiev, il y a un an.

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