Décès du philosophe et historien de l'art Hubert Damisch

Hubert Damisch.

Sortant d'une vision classique de l'histoire de l'art, très influencé par les apports du structuralisme, de la psychanalyse et la sémiologie, Hubert Damisch développa une pensée originale autour des manières dont les œuvres agissent sur nous.

L’art nous travaille : il nous fait quelque chose. S’intéresser à cela, à la manière dont les œuvres opèrent en nous, à la manière dont, aussi, notre réception les enrichit en retour, fut la révolution majeure qu’accomplit le philosophe et historien d’art Hubert Damisch, né en 1928 et disparu jeudi 14 décembre, dans un champ alors marqué par le classicisme le plus convenu. Depuis la publication d’un ouvrage devenu fondateur, Théorie du nuage (1972), il s’employa à développer des percées au sein de l’histoire de l’art et des passerelles entre les disciplines, philosophie, sémiotique, psychanalyse. «J’ai les plus grands doutes sur la pertinence de la notion d’histoire de l’art, confiait-il en 2013 à la revue Perspective. Ce qui m’importe est d’atteindre des moments et des objets qui "font histoire" dans l’art.» Et un objet qui ferait histoire, ce serait ainsi le nuage : traversant la peinture occidentale du Moyen Âge au XIXe siècle, endossant chez Le Corrège, Raphaël ou Cézanne des fonctions distinctes, il en devient un outil d’analyse, une manière de révéler la profondeur d’histoire que véhiculent les peintures.

Plutôt que de tenter d’élaborer de vastes systèmes d’interprétation, Hubert Damisch préféra donc s’atteler sa vie durant à des objets (les nuages, Les Ménines de Vélasquez, une Madone enceinte dans Un souvenir d’enfance, par Piero della Francesca…) et aux effets qu’ils produisent, ces derniers dépassant, de loin, les intentions de départ ou le contexte initial de leur réception. «Il n’y a pas de façon d’apprendre à avoir un rapport à l’art dans notre culture aujourd’hui, confiait-il à sa femme, Teri Wehn Damisch, dans Déplacé, un court film qu’elle lui consacra. Il faut chacun se débrouiller avec les (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Et moi, et moi, et moi…
«Tout voir en norme comptable, n’est-ce pas un peu morne ?»
La face cachée des piles de fric
Sylvie Huet : «J’ai longtemps cherché un palier pour photographier l’orphelin de Suzanne, entre deux portes»
L'art à moins de 1000 euros !