Le début de saison décevant, Marcelino, les relations avec les supporteurs... Pablo Longoria se confie à RMC Sport
RMC SPORT: Pablo, ça fait plaisir de vous entendre parler du sportif. Est-ce que comme amoureux du football, vous êtes déçu de ce début de saison ?
PABLO LONGORIA: Je considère qu'au niveau du club, et ça doit être le sentiment de nos supporteurs, on est déçu de ce début de saison. En tant que dirigeant, on peut même dire que le mot juste serait "préoccupé". Dire le contraire serait complètement inconscient de notre point de vue. Mais en même temps, ça rentre dans un discours beaucoup plus général, parce que la préoccupation porte à l'analyse.
Il y a quelque chose qui est pointé du doigt, c'est l'instabilité au sein de l'effectif. Est-ce pour vous la raison majeure qui fait que l'OM ne fonctionne pas en ce moment en Ligue 1, y a-t-il eu trop de changement encore une fois à l'intersaison?
Je ne le vois pas comme ça. Quand tu analyses en début de saison, tu dois toujours te poser beaucoup de questions : pourquoi ça ne fonctionne pas. L'instabilité, ça pourrait donner de l'espace à l'analyse que c'est très faible du point de vue du dirigeant. Je crois que ce type d'analyse doit plutôt se porter sur les choses qui fonctionnent et les choses qui ne fonctionnent pas au niveau des attentes, celles du club et des supporteurs. Je crois qu'en ce moment, nous avons un manque de réussite offensive, surtout face au but.
"Ce sont les entraîneurs qui ont décidé de partir"
Vous dites que l'instabilité n'est pas la cause de ce début de saison. Vous qui dites souvent que le plus dur est de créer cette osmose offensive, que ça demande du temps, est-ce parce qu'il y a eu trop de recrues offensives que vous n'arrivez pas à trouver cette osmose et à être efficace dans ce domaine-là? Parce que finalement, vous avez changé toute l'attaque...
Je tiens à une forme d'ambition collective. Et ce type d'ambition collective, ça te pose trois questions, selon moi: la première, c'est l'engagement de l'équipe, la deuxième, c'est sa consistance et la dernière, c'est la qualité de l'effectif. Je crois que tout le monde est d'accord pour dire que le niveau d'engagement de l'équipe est important. Je crois que ces dernières semaines, on a gagné en consistance. Enfin, en termes de qualité d'effectif, je crois que le nôtre a un gros potentiel offensif. Et en même temps, c'est vrai que le manque de réussite offensif et le manque de réussite sur beaucoup d'actions techniques comptent aussi beaucoup. La stabilité dans le football, c'est une question très importante et c'est la recherche fondamentale de tout projet sportif. La stabilité, dans la plupart des cas, donne des résultats sportifs. C'est important d'avoir une forme de stabilité. Mais en même temps, ce qu'on a cherché à construire, ce sont des repères offensifs avec des qualités complètement différentes de celles que l'on avait la saison dernière, adaptées aux besoins d'un entraîneur que l'on a fait signer en juin, en faisant un mercato adapté à l'ambition du coach, ce qui est normal. C'est ma vision du football: l'adaptabilité des dirigeants dans la construction d'un effectif, pour imaginer un collectif capable de jouer ensemble. C'est une équipe qui arrive très facilement jusqu'aux trois-quarts du terrain, mais qui commet beaucoup d'imprécisions dans le dernier quart. C'est quelque chose que l'on doit améliorer en trouvant des solutions. Mais je suis confiant.
Est-ce que ce n'est pas une erreur de baser son recrutement sur ce que souhaite un entraîneur quand, au final, on constate que l'entraîneur de l'OM a changé chaque année? Certes, le départ de Marcelino était dû à des circonstances particulières, mais l'OM a tout de même changé d'entraîneur chaque année. Est-ce que ça veut dire qu'on doit changer l'effectif chaque année?
Ce sont les entraîneurs qui ont décidé de partir, pas le club qui a décidé de changer. Je crois que, pour avoir de la réussite et créer une forme d'osmose, il faut construire l'effectif avec une idée du football très particulière, adaptée à la mentalité de l'entraîneur. Il y a une phrase de Benitez très célèbre en Espagne, qui date des années 2000 quand il était à Valence: "J'avais besoin d'un canapé, et ils m'ont acheté une lampe". C'est une phrase qui m'a beaucoup marqué quand j'ai débuté dans le football. Je crois beaucoup au travail en commun avec l'entraîneur pour construire un effectif.
Je vais parler de Marcelino. Pourquoi est-il parti finalement? Il aurait pu rester, puisque lors de la réunion avec les supporteurs, son cas a été assez peu évoqué au final. Visiblement, il avait lié son destin à votre présence au club, et vous êtes encore là. Alors pourquoi est-il parti?
Ce qui s'est passé dans cette réunion était complètement inacceptable. Une situation qu'on ne peut pas accepter dans le monde du football, quels que soient les dirigeants. J'ai transmis à Marcelino le contenu de cette réunion, je lui ai aussi transmis le sentiment général de l'équipe de direction, ce que l'on avait subi lors de ce rendez-vous. Après, il a pris sa décision en toute liberté, et je la comprends parfaitement. On en a beaucoup discuté. Mais c'est vrai aussi que la mission d'un entraîneur et la mission d'un président sont complètement différentes, tout comme les responsabilités de chacun. J'ai dû réfléchir pas "juste" comme un dirigeant de football en charge du sportif, ma responsabilité est plus grande. Je dois penser au bien de l'institution, défendre l'intérêt de notre propriétaire, l'intérêt général du club. C'est ce que j'ai pris en considération et c'est pour ça que j'ai pris la décision de continuer. C'est parce que j'ai ces responsabilités au sein de ce club et un amour pour ce club que je ne pouvais pas tolérer de le mettre dans cette situation d'instabilité qui aurait été très négative pour l'intérêt général de l'OM. C'est la chose la plus importante pour moi.
Ca veut dire que "Pablo Longoria, l'être humain" serait parti de l'OM? Ce sont vos responsabilités qui font que vous êtes encore là?
Faire du football dans les conditions que l'on a vécues ce 18 septembre, c'est très difficile. Mais je crois que "Pablo Longoria, l'être humain", c'est une chose, mais le président de l'Olympique de Marseille a des responsabilités plus grandes que les intérêts personnels de chacun.
Marcelino a beaucoup pris la parole ces derniers temps. Ca a d'ailleurs un petit peu agacé à Marseille. Il a dit qu'il ne comprenait pas qu'on s'asseoit et qu'on passe trop de temps avec des leaders d'associations de supporteurs qui se sont comportés de telle manière. Est-ce que ces prises de parole vous ont agacé ou est-ce que vous les comprenez?
Avec ma mentalité espagnole, je comprends que ce qui se passe dans beaucoup de situations fait partie des différences culturelles. Je crois qu'il y a ici une relation et un mode de fonctionnement très particuliers avec les supporteurs. Ce ne sont pas les mêmes types de relations, ni de comportements des dirigeants envers les associations de supporteurs en Italie ou en Espagne. Je comprends qu'il y ait différents types de visions de ces relations. Ce que l'on doit toujours faire, c'est adapter ce type de relations à l'environnement local.
Donc Marcelino n'a pas compris Marseille, il ne s'est pas adapté à Marseille?
Il s'est adapté à Marseille, mais il est resté deux mois au club. Et Marseille, ça ne s'apprend pas en une semaine. Mais ce qui est vrai, c'est que la situation qu'on a vécue est inacceptable dans le monde du football normal, ça a dépassé beaucoup de limites. C'est un type de situation dans lequel je peux parfaitement comprendre la décision qu'il a prise, en tant qu'acteur totalement concentré sur le sportif. Je ne demande pas à tout le monde de penser comme un président de club.
Est-ce que vous regrettez a posteriori de ne pas avoir conservé Alexis Sanchez? Beaucoup de supporteurs en parlent, c'était devenu un peu le chouchou du Vélodrome, il avait un niveau exceptionnel l'an passé. Est-ce que c'est une erreur de ne pas l'avoir conservé?
Alexis Sanchez est un joueur extraordinaire. Le niveau qu'il a affiché avec l'Olympique de Marseille était exceptionnel et je tiens à l'en remercier. Mais il y a toujours, autour du football et surtout autour de l'OM, une situation de désinformation générale qui rend très difficile la tenue d'une ligne commune dans la communication pour remettre la vérité au centre de la discussion. On lui a proposé une prolongation de contrat au mois de mai, il a temporisé et cherché à faire un peu de spéculation.
Il a été trop gourmand?
Chacun défend ses intérêts, je ne peux pas juger la stratégie de chacun. Ce serait un manque de respect pour un joueur qui a fait une saison extraordinaire et pour lequel j'ai un respect personnel énorme. En même temps, en construisant cet effectif, on a mis comme priorité les qualités de vitesse et d'accélération dans le profil des joueurs offensifs. On a réfléchi à toutes les associations de joueurs, et on a privilégié d'autres caractéristiques (que les siennes, ndlr).
Mais est-ce qu'avec le salaire de Pierre-Emerick Aubameyang, Alexis Sanchez serait resté ?
C'est une bonne question. A vrai dire, la dernière proposition qu'on a faite à Alexis Sanchez était supérieure au salaire de Pierre-Emerick Aubameyang, même en incluant la prime de signature accordée aux deux joueurs.
Et il a refusé...
Il a temporisé.
"J'ai minimisé l'impact de la transition d'un style de jeu à l'autre"
Beaucoup regardent l'effectif de cette saison et disent que l'OM est moins fort cette année que l'année dernière. Est-ce que c'est votre sentiment à la mi-novembre?
Ce sont deux effectifs complètement différents parce que les conditions techniques sont complètement différentes. On est passé d'un effectif basé sur un système de marquage individuel sur tout le terrain à un système qui privilégie beaucoup plus l'ambition collective, en misant sur les associations entre différents joueurs dans toutes les phases de jeu: transition défensive, défense en bloc médian, défense en bloc bas, association offensive de joueurs en cherchant des transitions offensives plus rapides... C'est un effectif complètement différent. Après, la vérité c'est que pour juger de la puissance d'un effectif, il faut attendre la fin de la saison, fin mai ou début juin, particulièrement parce qu'on ne voit pas encore le potentiel de cet Olympique de Marseille en raison de ce manque de réussite offensive. Et j'ai beaucoup de confiance en l'effectif actuel de l'OM. Je dois faire de l'autocritique, spécialement parce qu'une des plus grandes erreurs que j'ai commises, c'est un manque d'analyse dans les difficultés de passer après un système comme celui d'Igor Tudor, que je remercie encore. C'est une erreur en tant que club, et je la prends à titre individuel, de ne pas assez avoir analysé quelle était la suite au niveau du jeu dans tous les clubs italiens dans lesquels il était mis en place. Et ça c'est une erreur que j'ai faite dans la construction de cet effectif: minimiser l'impact de la transition d'un style de jeu à un autre.
Cela veut dire qu’on a un vestiaire un peu perturbé ? Qu’Igor Tudor demandait beaucoup d’intensité, que les joueurs étaient peut-être émoussés mentalement et que c’est dur d’enchaîner derrière?
Je vais vous faire une confidence. C’est une question que l’on m’a posée dans des interviews avant de prendre Marcelino, savoir comment je voyais la transition d’un style à l’autre. J’ai répondu que je n’étais pas préoccupé par la transition d’un style à l’autre. C’était pour moi très superficiel. Mais beaucoup de joueurs qui ont continué avec nous avaient intériorisé cette façon de jouer de manière importante. La construction d’un collectif très organisé comme voulait le faire Marcelino ou comme veut mettre en place Gennaro Gattuso est quelque chose qu’on a pris à la légère. Je pensais que l’adaptation des joueurs serait plus facile.
Je vais me faire le porte-parole des supporteurs qui disent 'On est perdu, que veut Pablo Longoria dans la philosophie de cet OM?' On est passé de la possession avec Sampaoli à la transition très intense et le marquage individuel de Tudor. Puis Marcelino arrive, finalement c’est Gattuso… Quelle est votre philosophie de jeu?
Je n’ai pas de philosophie de jeu car je ne suis pas entraîneur (sourire).
Quelle est la philosophie que vous voulez inculquer? Quel est l’entraîneur idéal, selon vous, pour cet OM?
On a parlé de trois concepts d’analyse: l’engagement, la consistance et la qualité. Je voulais donner beaucoup d’importance à la consistance. Qu’est-ce que la consistance? C’est avoir un bloc dans lequel tu te sens en sécurité, une équipe qui ne concède pas beaucoup d’occasions. Je veux donner beaucoup d’importance à ce concept car je considère que les équipes qui peuvent gagner des trophées et avoir une certaine régularité sont toujours construites avec de la consistance. Je comprends la déception de tout le monde. Que Marseille, c’est un football de folie, un endroit où on aime le spectacle. C’est la même chose dans toutes les villes passionnées. Je considère que ce critère de consistance, de sécurité défensive et d’ordre était quelque chose que l’on devait mettre en place pour réussir à avoir une régularité sportive, que ça nous apporte des résultats. Je considère que l’on est sur le bon chemin, c’est la sensation que nous transmet l’équipe sur les derniers matchs.
On a évoqué le cas Alexis Sanchez. On a le sentiment que beaucoup de joueurs de caractère ont quitté l’OM à l’intersaison. Mattéo Guendouzi, Dimitri Payet, Cengiz Ünder, Sead Kolasinac… Après l’élimination contre Annecy en Coupe de France la saison dernière, vous avez dit, je crois, que cet OM méritait une équipe avec plus de caractère pour tenir des situations au Vélodrome dans les matchs importants. Est-ce que cet OM n’a pas perdu en leadership avec tous ces départs?
Je n’ai jamais parlé de caractère. Je considère que c’est plutôt comment on joue dans les moments fondamentaux, dans les matchs importants. Nous sommes encore en difficulté dans ce domaine. Guendouzi et Ünder, par exemple, sont des joueurs qui étaient arrivés à deux ans de la fin de leur contrat. C’est une situation qui était programmée avec eux et avec leur entourage. À deux ans de la fin d’un contrat, c’est le moment de vendre le joueur, sinon il perd de la valeur. Le cas de Dimitri Payet, je crois que l’on en a assez parlé. C’était une décision sportive dans laquelle on a cherché à être très clair dès le premier jour par rapport au respect que l’on a pour lui et pour ce qu’il a fait pour le club. Je crois que le caractère de chaque groupe doit faire émerger le leadership à l’intérieur d’un vestiaire. On a pris des décisions pour chercher à favoriser tout ça, l’élection du capitaine d’une façon différente par rapport au passé avec cinq capitaines à l’intérieur du groupe. Le leadership le plus important à l’intérieur du groupe doit être le leadership de l’entraîneur. C’est pour ça que l’une des questions que l’on privilégie en ce moment, c’est qu’on demande à occuper ce type d’espace, comme avant avec Marcelino. Avec un style de leadership qui est propre à chaque personne, il a cherché à occuper ce leadership en faisant en sorte que différents joueurs à l’intérieur du groupe émergent avec un lien différent entre l’entraîneur et le joueur. Gattuso, c’est un leader exemplaire. Il donne une direction, que les joueurs sont en train de très bien suivre et qui me rend très optimiste.
Gennaro Gattuso est le coach idéal à ce moment précis, quand il fallait redonner une âme, du sourire, de la confiance et rebooster l’équipe?
Dans un moment de grande instabilité provoquée, c’était une personne qui avait le caractère et la force de comprendre le moment, la ville, les passions. C’est une personne intelligente. Je crois qu’il nous a donné une direction, beaucoup de positivité et c’est pour ça que je reste très optimiste et sûr que nous sommes sur la bonne voie. On doit insister sur les principes que le coach cherche à mettre en place.
C’est quoi une instabilité provoquée? Qui l’a provoquée?
Ce n’est pas normal de changer de coach après cinq journées de championnat quand tu es quatrième à égalité de points avec le troisième. Le niveau d’instabilité que nous avions à ce moment au sein du club n’est pas une situation habituelle dans le football. Qui l’a provoquée? Je ne dis pas que c’est une seule personne ou que c’est Marseille… Je crois que c’était organisé avec des intentions très mauvaises pour les intérêts du club.
Soyons précis… Est-ce que des gens ont intérêt à ce que l’OM soit fragilisé, que McCourt se décourage ou que vous partiez pour arriver derrière et racheter le club?
Je ne parle pas d’un rachat du club parce que ce serait très simple. Parce que l’environnement englobe beaucoup de situations, beaucoup de gens… Chaque environnement de club est compliqué. L’environnement du club ici à Marseille est un environnement particulier, qu’il faut analyser, prendre en considération. Il faut être assez froid en tant que dirigeant pour mener ce type de mission. Une des autres erreurs commises était de ne pas avoir assez analysé ce qu’était la situation de l'environnement du club pendant les derniers mois. Je ne parle pas des supporteurs, attention. Je parle du fait qu’il y avait la volonté de fragiliser la stabilité du club avec pour but que l’OM continue à être dans une situation instable.
Certains veulent votre place?
Non, je ne le vois pas comme ça. Il y a une organisation. Mais je crois que cela découle de beaucoup de mauvaises habitudes prises pendant de nombreuses années. Il y a eu beaucoup de mauvais comportements pendant beaucoup d’années. Des habitudes qui ne doivent pas être normales dans un club de football ont été prises et on accepte un certain type d’environnement qui est très difficile à expliquer pour tous les gens qui ont fait partie de l’industrie du football.
"J'ai changé d'attitude"
Est-ce que ça veut dire que les supporteurs, et notamment peut-être Rachid Zeroual, qui est un peu le leader emblématique des groupes, étaient sous influence et un peu téléguidés par tout ça?
Non, je crois en l’intelligence de tout le monde. Mais parfois, des comportements qu’on considère comme normaux sont des comportements qui empêchent de donner une direction et une stabilité dans un club. C’est un aspect dans lequel on doit tous, moi le premier, s’améliorer pour chercher à donner une direction au club. Un club où tout le monde va dans la même direction est un club qui fonctionne. On doit être beaucoup plus forts pour chercher à obtenir cette unité dans ce moment actuel de difficulté. On doit chercher à ramener tout le monde dans la même direction car on a tous un objectif commun.
Tous ces tracas en coulisses ont-ils perturbé l’équipe? Eux nous disent qu’ils sont imperméables à ça et qu’ils arrivent à se concentrer sur les entraînements et les matchs. Est-ce que c’est vrai ou est-ce que tout ce contexte, toute cette crise, a forcément impacté et fait du mal au sportif?
J’espère que c’est la dernière fois que je dois parler du 18 septembre en analysant la situation sportive du club. Il y a un impact, oui, car ça a entraîné un changement d’entraîneur. La deuxième chose, c’est que la responsabilité des dirigeants du club est de chercher à isoler les joueurs, le staff et les gens qui sont en contact avec l’équipe première de tous les évènements extérieurs. En même temps, je pense que tout ce qui se passe autour d’un club de football, que ce soit à Marseille ou ailleurs, a de l’importance et des conséquences sur ce qu’on voit sur le terrain. Mais ça ne doit pas servir comme excuse pour justifier les résultats sportifs que l’on a en ce moment.
Et vous, quelles séquelles vous gardez de tout ça? On vous dit parfois distant ou encore fragilisé, peut-être avec un point d’interrogation sur votre avenir immédiat. Est-ce que vous nous garantissez que vous allez vous inscrire sur le long terme en tant que président de l’OM ou est-ce que vous pensez encore à partir?
A partir du moment où j’ai pris - après beaucoup de conversations avec notre propriétaire - la décision de continuer, je m’investis dans la durée. C’est la première condition. Ne pas faire ça serait irresponsable, injuste, inconscient et serait un manque de respect envers l’institution de l’Olympique de Marseille. Est-ce que je suis fragilisé? Je ne crois pas. J’ai beaucoup d’énergie et beaucoup d’envie. C’est vrai que j’ai compris beaucoup de choses que j’avais cherché à ignorer. C’est pour ça que mes modalités de fonctionnement, peut-être que quelques personnes l'auront noté, ont un peu changé du point de vue de l'attitude. C’est lié aux évènements, mais c'est toujours fait dans le but de chercher le bien de l’institution et de la protéger, avec un niveau d’engagement supérieur à celui que j’avais le 18 septembre.
Qu’est ce qui a changé? Êtes-vous plus méfiant? Prenez-vous vos distances par rapport à certaines personnes? En quoi Pablo Longoria ne sera plus le même après le 18 septembre?
Il y a deux questions. J’ai pris de la distance depuis les événements que j’ai nommés, je ne vais pas rentrer dans le détail. En même temps, j’ai considéré que cette prise de distance était négative pour la position de président. Pour rendre un club plus stable, plus solide, plus fort, j’ai besoin d’avoir une personnalité comme président qui soit très forte, très analytique, très froide parce qu’on ne peut pas se laisser porter par la tension du moment, par les nerfs, c'est tout le contraire d’un dirigeant d’un club de football. Le président de l’Olympique de Marseille doit être une personne très analytique et très froide pour pouvoir prendre des décisions qui feront du bien au club et c’est la direction dans laquelle on veut aller. Celle qui nous permettra de rester un club de niveau international, d’un niveau européen. Avec la stabilité économique, qui est fondamentale, et le fait d'avoir un effectif de qualité au niveau des attentes qu’on a ici à l’Olympique de Marseille. Pour faire tout ça, il faut une tête froide et analytique. C’est très important dans ces moments.
Vous dites que Frank McCourt vous soutient. Lors de votre prise de parole où vous avez exprimé votre désir de rester président, vous avez dit: 'j’ai le total soutien de l’actionnaire'. Est-ce que Frank McCourt ne devrait-il pas plus prendre la parole, montrer son engagement et être plus présent autour de l’OM. On a l’impression qu’il suit ça de loin, on se trompe?
C’est la réalité du monde du football actuel. Il faut toujours prendre la perspective. Je commence avec la phrase que Frank m’a dite et transmise. ‘Moi, c’est toi’. C’est important de la comprendre et c’est un message très fort, spécialement parce que le monde du football change très vite. Je crois qu’on a commis des erreurs de communication, celle de ne pas expliquer le rôle d’un propriétaire. On a un propriétaire qui n’est pas président parce qu’il a beaucoup d’autres activités. Comme ça se passe dans beaucoup de clubs, je crois que c’est très important de bien expliquer ce rôle de propriétaire, et non président, en dehors de l’activité quotidienne du club. C’est la responsabilité que je détiens avec mon mandat de président de l’Olympique de Marseille, dans lequel j’assume toute la responsabilité dans la gestion quotidienne du club. En ce moment, avec Frank McCourt, tous ses collaborateurs et le conseil de surveillance du club, on a des discussions chaque semaine, plus de cinq à six heures toutes les semaines. C’est un niveau d’engagement qui est important, bien supérieur à ce qui existe dans d'autres clubs européens. Mais c’est très important que tout le monde prenne conscience de la ferveur du propriétaire, de la ferveur du conseil de surveillance, de la ferveur du directoire du club, dans lequel il y a un président du directoire qui assume la responsabilité de tout ce qui se passe dans le quotidien du club. Le monde du football change très vite. On vit dans un club où on est passé d’un propriétaire national, parfois dans la même ville, à des propriétaires étrangers, qui ont des activités en dehors du football. Il y a une tendance dans le monde du football actuel, on le voit dans beaucoup de clubs. Il y a des fonds d’investissement, des "private equity funds", il y a des multipropriétaires, des clubs avec beaucoup d’actionnaires majoritaires et minoritaires. Chaque club a une gouvernance différente mais c’est très important de prendre conscience de comment est structuré le club.
Est-ce qu’avec Frank McCourt, l’OM peut gagner des titres? Vous savez qu’il y a cette nostalgie du passé, d’un OM fort en Europe qui dominait la Ligue 1. Vous comprenez cette impatience et l’inquiétude des supporteurs?
Frank McCourt veut gagner des titres, je veux gagner des titres. Je ne crois pas que le football soit une compétition entre propriétaires pour savoir qui dépense le plus d’argent. Dans le monde du football, il y a une tendance naturelle dans toute l’Europe, on le voit maintenant: la plus grande discussion va être le contrôle financier de la Premier League. Maintenant, il y a une régularisation en Espagne, il y a une tendance à la régularisation en Italie, les Allemands se régularisent tous seuls. La tendance dans le football, ce sont des clubs à l’équilibre dans lequel tu fais du football avec les moyens que tu as à disposition. A dire vrai, l’OM dispose de trois piliers importants. Le premier, c’est le stade. On est l’un des clubs les plus performants au niveau européen en termes de capacité du stade. Il y a le business des sponsors qui augmente. Ils ont cru en notre projet et on doit leur donner confiance. On ne peut pas lâcher dès la première opportunité. Il y en a un troisième, ce sont les "media rights" (droits TV, ndlr). En ce moment, c’est la discussion la plus importante qu’il y a autour du football français. C’est quelque chose de très important pour nous en tant que club, une discussion dans laquelle on cherche une compensation dans les compétitions européennes. Tous ces indicateurs sont importants et c’est essentiel que tout fonctionne pour avoir un OM fort avec le soutien et la sécurité d’un propriétaire comme Frank McCourt qui nous donne une sécurité financière. C’est le modèle de football que je vois. Je ne vois pas un modèle où tout le monde fait une compétition pour voir qui perd le plus d’argent. Ce modèle est trop ancien, ce n’est pas la tendance maintenant dans l’Europe. Le monde du football va vers la stabilité, vers le contrôle financier.
Est-ce qu’il vous garantit qu’il s’inscrit dans la durée, qu’il n’y a aucune négociation pour une éventuelle vente du club? Il y a tellement de rumeurs que parfois vous doutez. L’hypothèse d’une vente du club peut-elle arriver dans les prochaines semaines/mois?
Ce n’est pas une question pour moi. Depuis que je suis arrivé à l’OM, il y a toujours ces rumeurs de vente. J’ai commis une erreur, une fois. Je me suis laissé affecter par toutes ces rumeurs. C’était avant une demi-finale de Ligue Europa Conference face au Feyenoord. On était à l'aéroport. Je me souviens que je me suis tendu parce que j’y ai donné de l’importance. C'était un moment important de notre saison, avant d’aller à Rotterdam. Ça m'avait déstabilisé moi, mais aussi le groupe. Plusieurs joueurs m’ont demandé où ça en était. J’ai donné de l’importance (à ces rumeurs) à ce moment-là. J'ai fait l'erreur de transmettre cette "non tranquillité" et de commencer à demander à mon propriétaire. Après ça, j’ai cherché à m’évader complètement de tout ce type de sujets. Il faut faire avec, ça fait partie de notre environnement. J’ai cherché à m’isoler et travailler avec pérennité. On doit faire comme si on allait continuer au club pour les X prochaines années. Si on tombe dans ce type de jeu, on fait l’erreur que j’ai faite avant le Feyenoord: donner de la crédibilité à ces rumeurs.
"Je crois beaucoup en Vitinha"
Sur l’effectif, on a dressé le tableau des forces actuelles. Est-ce que garder confiance en vos recrues ou doutez-vous des recrues?
J’ai toute confiance en l’effectif actuel, j’ai confiance en le coach, dans la qualité de l'effectif et en la capacité de l’équipe à performer. J’y crois fièrement, ce n’est pas une communication, j’en suis convaincu. Les dirigeants doivent donner les meilleures armes à leur entraîneur. On doit prendre en considération le fait que le marché d’hiver est très particulier, très difficile. On l’a vu la saison dernière. Croire que la solution est le marché d’hiver pour la construction d’un effectif est une erreur. Ça peut aider le coach à instaurer une méthodologie collective, ce qui est le plus important. On va analyser avec le coach les différents besoins qu’on pourrait avoir. On va analyser avec notre équipe de scouting. Avec tout ce travail ensemble, et l’analyse financière, on cherchera à donner à notre coach la plus grande puissance possible pour compléter cet effectif. A quelques positions, on a des besoins numériques.
Lesquelles?
Il y a une discussion sur le latéral gauche. Pour son style de jeu, Marcelino avait une confiance énorme en Emran Soglo. Pour le style de jeu de Gattuso, Soglo est un joueur avec des caractéristiques différentes. Il a beaucoup de qualités, mais c’est un joueur encore en construction, un 2005. On doit chercher à se renforcer parce que numériquement, on doit donner de la souplesse à Renan Lodi mais aussi à Michael Murillo. Il est en train de proposer de très bonnes choses, il nous donne satisfaction quand il joue dans cette position. Il faut augmenter la compétition entre les joueurs de l’effectif, on a un manque numérique dans l’effectif aujourd’hui.
Avez-vous un besoin sur le plan offensif?
Il faut analyser en conséquence. Ça dépend beaucoup de la stratégie, il faut trouver un profil juste avec des caractéristiques différentes. Ce n’est pas le même type d'ailiers pour Marcelino et Gattuso. On doit tenir compte de ça, avec ce que le marché peut nous offrir.
Est-ce que vous gardez totale confiance en Pierre-Emerick Aubameyang ? Vous le savez, à Marseille, le focus et les projecteurs sont sur l’attaquant. Actuellement les supporteurs, et on les comprend, recherchent un grand attaquant, est-ce que vous vous dites qu’il peut retrouver le niveau qui était le sien il y a encore un an ou un an et demi à Barcelone?
Quand on le voit s’entraîner au quotidien, je n’ai aucun doute. Quand on voit le nombre d’occasions qu’il se procure, même si je répète que la quantité de passes offensives doit s’améliorer, on n'a aucun doute. Je suis quelqu’un qui croit que toutes ses statistiques sont dans la moyenne. Même quand il sous-performe et même quand il superforme. Il a tout le temps de rentrer dans la moyenne et c’est pour ça que je suis très confiant quand je le vois travailler au quotidien. Pierre-Emerick Aubameyang est un joueur de niveau international. Est-ce qu’il peut améliorer sa réussite offensive? Oui, il faut faire son autocritique et on doit toujours vivre dans la réalité. Est-ce que cela va arriver? J’en suis sûr. Particulièrement parce que je vois comment il travaille au quotidien, je vois le niveau d’engagement qu’il a, je vois comment le coach croit en ses possibilités, je vois le niveau de concurrence qu’il y a entre lui et Vitinha et comment cela lui permet de chercher à s’améliorer. Parce je crois aussi au niveau de concurrence entre les joueurs. Je crois que Pierre-Emerick Aubameyang, c’est le même Pierre-Emerick Aubameyang qu’on a vu à Barcelone mais avec un contexte différent dans lequel je suis sûr qu’il va émerger.
Pablo, vous êtes-vous trompé avec Vitinha? Le prix de son transfert a pu interpeller, estimez-vous que finalement c’était un montant trop élevé pour les qualités que démontrent Vitinha depuis qu’il est arrivé?
Il faut séparer deux choses, la performance sportive et le prix du transfert. Je crois qu’on est trop focalisés, qu’on lui met trop de pression avec le prix de son transfert. Un jeune attaquant de moins de 23 ans, avec les prix du marché actuel, on espère toujours le vendre plus de vingt millions d’euros quand il a mis des buts. C’est la loi du marché actuel. C’est pour ça que l’on ne doit penser au nombre de joueurs mais au fait de mettre le prix pour un profil de joueur qui a performé. On doit se rappeler que quand on a pris Vitinha, c’était le meilleur buteur de la Ligue Europa. Ca a une valeur, en plus des 22 ans qu’il avait. Tu payes le prix du marché actuel pour les joueurs. En même temps, c’est un joueur qui n’a pas encore la continuité mais c’est lié à sa jeunesse et à la concurrence. La comparaison avec Alexis Sanchez est compliquée, la concurrence avec un joueur de niveau international comme Pierre-Emerick Aubameyang c’est difficile. Mais je crois que ce type de concurrence, cela va lui permettre de grandir. J’ai confiance en Vitinha. Particulièrement parce qu’on voit que ses qualités pour obtenir des actions, en particulier dans la surface, et surtout quand il est au corps à corps avec les défenseurs, je crois qu’il a beaucoup de potentiel. On doit penser que c’est un joueur qui doit nous apporter, qu’il doit trouver petit à petit plus de stabilité et plus de continuité dans son jeu car c’est très important pour les attaquants. Mais tout cela demande du calme. Demander du calme dans une équipe de football, c’est très facile pour un dirigeant mais je crois que cette concurrence et d’avoir grandi avec Alexis Sanchez et Pierre-Emerick Aubameyang cela va lui faire du bien pour exploser. Je crois beaucoup en son potentiel.
Donc vous gardez confiance en votre effectif et en vos recrues, est-ce que vous anticipez une éventuelle deuxième saison sans Ligue des champions? Financièrement, est-ce que cela serait soutenable pour l’OM de ne pas se qualifier, de ne pas être dans les quatre premiers cette saison en Ligue 1?
On garde très en vue les finances du club. On n’a pas fait de dépenses pour pousser au maximum le budget. On n’a pas de problème de trésorerie et c’est quelque chose de très important pour l’OM, c'est très important de chercher à retourner vers ce type de contrôle économique. C’est vrai que cette saison, on a fait des investissements, on n’a pas poussé à fond mais c’est vrai qu’avec la Ligue des champions on avait projeté beaucoup de recrues pour la Ligue des champions. On peut se le permettre, le club n'est pas en danger. Cela serait beaucoup mieux de faire la Ligue des champions pour la croissance du projet, pour la croissance de l’équipe, parce que c’est notre place et c’est l’objectif que l’on s’est fixé au commencement de la saison. Après, ça change mais il faut toujours rester réaliste en fonction de notre position en championnat. Mais, et c’est mon niveau de conviction avec cet effectif, je crois que dès qu'on rentrera dans une dynamique positive, on pourra réussir à avoir les résultats que cette équipe mérite, comme le disent beaucoup de statistiques. On est une des équipes en Europe qui sous-performe le plus dans les résultats par rapport à ce que l’on mériterait sur le terrain. Et le club n’est pas en danger au niveau de sa situation économique.
Donc vous gardez espoir et que vous dites-vous? Il suffit d’un déclic pour qu’une dynamique s’enclenche et que l’OM puisse à nouveau batailler pour les quatre premières places? Est-ce votre espoir? Êtes-vous sincère quand vous assurez avoir la conviction que l’OM peut encore remonter au classement?
Je suis sûr que l’on va rentrer dans une dynamique positive. J’en suis sûr. En même temps, je le répète, le niveau de concurrence qu’on a trouvé dans l’équipe va nous apporter des bases pour chercher à améliorer les choses que l’on ne fait pas bien. Et par là, je parle du niveau de réussite offensive. C’est la quantité de passes offensives, c’est réduire au maximum le nombre d’erreurs techniques en attaque. Quand toutes ces choses-là vont se mettre en place... C’est pour ça que j’ai confiance en l’équipe.
Pablo, depuis quelques temps, vous travaillez sans Javier Ribalta qui était votre bras droit. Est-ce que vous avez compris sa décision? Est-ce qu’il vous manque? Quand va-t-il être remplacé?
Les décisions des gens dans le monde sportif, ne sont pas les décisions d’un président. C’est pour ça que je suis le premier à comprendre car j’étais le premier à dire que dans ces conditions, c’était très difficile de travailler dans la sérénité. C’est pour ça que je comprends la décision de Javier et c’est pour ça que je comprends la décision de Marcelino. Parce que les gens du sportif, qui pensent purement au sportif et essayent juste que cela se passe autour du sportif, ont vécu une situation qui était inacceptable. Est-ce qu’il me manque à moi? Non, il manque au club. Parce que Javier Ribalta c’est une personne avec un niveau extraordinaire. C’est l’un des meilleurs directeurs sportifs. Au club, il établissait la stratégie sportive. En tant que directeur du football, c’est l’un des meilleurs en Europe. Il est en relation de confiance avec moi, oui. Mais avec l’analyse et la tête froide comme maintenant, en tant que club on a perdu l’un des meilleurs directeurs professionnels du football européen. Et ça, c’est un grand dommage pour le club. Est-ce qu’on doit le remplacer? Oui, absolument et avec le plus vite possible car cette fonction de directeur sportif est très importante au sein d'un club de football. Mais je ne vais pas me précipiter sur la première personne qui passe. On doit prendre le temps de prendre les bonnes décisions et faire que le niveau du directeur sportif puisse s'approcher de celui qu’avait Javier.
"Est-ce qu’il y a eu des menaces de mort? Non!"
L’arrivée de Mehdi Benatia est-elle imminente?
C’est l’une des personnes avec lesquelles on a parlé, c’est vrai. C’est une personne qui a un niveau très élevé. Mais en ce moment, il faut beaucoup discuter des situations et chercher à faire l’analyse de la faisabilité du projet. C’est pour ça que l’on doit encore prendre du temps pour annoncer le directeur sportif.
Le statut d’agent de Mehdi Benatia pose-t-il problème? Est-ce la clé, le nœud du problème?
Non, on a eu des conversations avec lui. C’est vrai. Il y a une situation qui est particulière et pour laquelle il faut bien assurer la légalité, comme pour toutes les questions que l’on prend à l’intérieur du club. Et il y a aussi l’analyse de la situation en général pour choisir le bon directeur sportif.
Il y aurait donc d’autres candidats et pas uniquement Mehdi Benatia?
Il y a en ce moment des discussions avec différents candidats.
Pablo, un dernier mot sur les supporteurs qui sont une partie primordiale et incontournable de ce club. Est-ce que vos relations se sont pacifiées avec les associations de supporteurs et les leaders de groupes? Vous les avez rencontrés, il y a eu un premier rendez-vous avec Rachid Zeroual, il y a une ensuite une multitude de face à face avec les représentants des groupes. Quelles sont vos relations, est-ce que la page est tournée?
J’ai discuté individuellement et tout le monde était d’accord pour confirmer que ce qui s’est passé le 18 septembre avait dépassé les limites. Il faut mettre des limites dans la vie, il faut normaliser la situation. On doit normaliser la situation et que l’OM fonctionne comme un grand club de football normal à Marseille, avec toutes les particularités qu’il y a à Marseille. On a besoin que tout le monde aille dans la même direction, on doit ramener tout le monde vers une direction commune. Aller dans des directions différentes, cela n’aide pas le club. Je ne parle pas de la direction de Pablo Longoria mais de la direction de l’Olympique de Marseille. Tout le monde doit être conscient de la difficulté du moment actuel et doit aller dans la même direction. C’est la responsabilité d’un président de mettre tout le monde dans une direction commune. C’est pour ça que cela se passe par des limites et du dialogue.
Pensez-vous que les supporteurs ont une responsabilité dans cette saison compliquée avec ce qu’il s’est passé?
Comme je l’ai dit avant, ça serait donner des excuses. Je ne vais pas rentrer dans la discussion et chercher des excuses. Pour moi il y a une situation qui est très claire: on doit être conscients que tout le monde doit aller dans la même direction. La désunion, ici à Marseille, c’est très difficile à supporter. Si on va dans la même direction on peut construire quelque chose d’important, j’en suis sûr.
Concernant les supporteurs, confirmez-vous les menaces de mort? Ou est-ce que les échanges avec les leaders de groupe vous ont permis d’y voir plus clair?
Il faut toujours dire la vérité. La vie est faite de vérité comme je le dis tout le temps. Est-ce qu’il y a eu des menaces? Oui! Est-ce que cela a dépassé les limites dans tout le contexte sportif? Oui! Est-ce que les groupes de supporteurs ont admis avoir dépassé les limites? Oui! Est-ce qu’il y a eu des menaces de mort? Non! Et à aucun moment je n’ai dit qu’il y avait eu des menaces de mort car c’est une parole très forte. Mais en même temps, je considère que peu importe le type de menace d’un supporteur envers un dirigeant d’un club de football, cela ne doit pas être accepté.
Est-ce que vous maintenez votre plainte?
Sur la question de la plainte, il y a une enquête ouverte par le parquet. J’ai été entendu et on peut dire que la justice française, ce n’est pas comme aux États-Unis où tu peux retirer une plainte au moment où il y a une enquête.
Vous avez beaucoup insisté sur le fait que tout était organisé, qui voudrait nuire comme cela à l’OM? Et ainsi souhaiter que le club soit fragilisé. Est-ce que vous pouvez en dire plus à ce sujet?
Dans la vie, tu as toujours des ennemis, personnels et en tant que club. J’imagine que la non-réussite de l’Olympique de Marseille pour X raisons, et je ne m’en sers pas comme excuse, cela intéresse beaucoup de gens. Si je connaissais exactement les noms, je serais très content car je saurais comment gérer la situation. Mais je me permets maintenant de protéger le club et je cherche à mettre tout le monde dans la même direction et que le club soit très fort face à ce type d’attaques. C’est mon unique responsabilité et c’est mon souhait.
Cela signifie que votre poste est jalousé?
Non, je ne parle pas de mon poste, je parle de l’intérêt autour du club à chercher une certaine stabilité. Je ne parle pas de moi, je ne suis pas important et le club est beaucoup plus important que tout le monde, même que son président.
Est-ce que vous comprenez l’amertume des Lyonnais du fait de revenir dans un stade Vélodrome plein le 6 décembre? Vous avez vous-même été choqué de l’agression de Fabio Grosso, comprenez-vous qu’ils fassent appel et soient réticents à rejouer avec du public?
C’est un débat très important. Ce qui s’est passé c’est inacceptable. C’est quelque chose qui a encore dépassé beaucoup de limites. Mais c’est une discussion qu’on ne peut pas personnaliser en une bataille entre l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais car cela serait rester dans des batailles inutiles. Je pense dans un mode totalement différent, on a un très grand problème dans le football français et c’est dans l’intérêt de tous les clubs: il faut régler tous les problèmes de sécurité. C’est pour ça que je considère qu’à chaque fois qu’il y a un incident dans le monde du football français, quelle que soit la ville ou quelle que soit l’équipe, j’en souffre comme si c’était à Marseille ou à l’Olympique de Marseille. C’est une chose qui me tient à cœur car c’est mettre de la force dans notre football, dans notre produit et dans cette image de notre produit que l’on envoie vers l’extérieur, de nos clubs ou de notre compétition. On a trop de problèmes liés à la violence et à la sécurité dans les stades. Il faut que tout le monde prenne ses responsabilités. Il faut que quelqu’un émerge avec un leadership très fort pour régler ce type de problèmes. C’est un problème important pour tous les clubs. Ce n’est pas une bataille entre l’OM et l’OL, c’est une bataille que l’on doit mener tous les clubs ensemble. Et en même temps, mettre la responsabilité sur l’Olympique de Marseille alors que c’est un club X et que cela se passe dans beaucoup de situations, il faut mettre tout le monde avec le même niveau de responsabilité. Et je dois dire que pour quatre inconscients, quatre personnes qui sont totalement hors de la société et hors du football que l’on doit construire, il ne faut pas généraliser l’image des supporteurs de l’Olympique de Marseille car elle est complètement différente. C’est quelque chose que je ne peux pas accepter. C’est pour ça que ce ne sont pas des supporteurs de l’OM, ils n’ont pas de place dans la société actuelle. Et nous comme club, quelle que soit leur participation à ce type d’événements à domicile ou à l’extérieur, on doit faire notre possible pour éviter que ces personnes nous soient associées. Ils n’ont pas de place, ni dans la société ni dans l’Olympique de Marseille.
Pablo, avez-vous souffert personnellement? On vous a parfois qualifié de génie du mercato ou de meilleur président de l’OM, et puis en quelques mois il y a eu beaucoup de critiques et une remise en cause totale. Est-ce que cela fait mal?
Non. Parce que dans le monde du football, tu dois accepter la critique, on est payé pour ça. Et en même temps tu dois analyser la critique pour faire de celle-ci une amélioration et une critique constructive. C’est pour ça que l’aspect personnel n’est pas important. Il faut toujours trouver comment apprendre des erreurs qu’on a faites et trouver des solutions. Et surtout, il faut avoir de l’ambition pour l’avenir afin qu’il soit solide, que tout le monde aille dans la même direction.
Un dernier message pour les supporteurs de l’OM?
Unité, même direction et un message positif. J’y crois.