De nombreuses violations de la trêve signalées au Yémen

Point de contrôle de l'armée yéménite près de la ville de Barakish. Un cessez-le-feu est entré en vigueur au Yémen dans la nuit de dimanche à lundi, les parties se disant désireuses de cesser les hostilités malgré la poursuite de combats meurtriers quelques heures avant son entrée en vigueur. /Photo prise le 6 avril 2016/REUTERS/Ali Owidha

par Mohammed Ghobari et Sylvia Westall LE CAIRE/DUBAI (Reuters) - Quelques heures après l'entrée en vigueur officielle d'un cessez-le-feu au Yémen, des tirs d'artillerie lourde, des fusillades et des raids aériens ont été signalés dans plusieurs régions du pays. Cette trêve, censée être appliquée depuis dimanche minuit (21h00 GMT), doit permettre l'ouverture de négociations de paix après un an de guerre, dans un pays en pleine crise humanitaire. La guerre au Yémen a fait plus de 6.200 morts et des millions de déplacés depuis l'entrée en campagne de l'Arabie saoudite et de ses alliés du Golfe fin mars 2015 au côté des troupes fidèles au président Abd-Rabbou Mansour Hadi, face aux rebelles houthis et aux forces de l'ancien président Ali Abdallah Saleh. Le centre de Sanaa, la capitale tenue par les rebelles chiites houthis, est resté calme durant la nuit mais la coalition dirigée par l'Arabie saoudite a mené des frappes aériennes dans les régions de Taëz, d'Al Djaouf et dans les faubourgs de Sanaa, rapportent des habitants. "Le centre (de Taëz) et les faubourgs sont bombardés en permanence et on peut entendre des explosions à travers la ville", a déclaré Djamil Abdo Ahmed, un fonctionnaire. "Rien n'a changé", a dit un autre habitant de la ville du sud du pays. Les deux camps se sont rejeté la responsabilité de la poursuite des affrontements dans ce secteur. La chaîne Al Arabia, propriété de l'Arabie saoudite, a par ailleurs accusé les rebelles houthis d'avoir tiré un missile balistique de fabrication soviétique Tochka dans la province d'Al Djaouf, dans le nord du pays, ajoutant qu'il avait été intercepté en vol. "L'agresseur saoudien et ses mercenaires n'ont pas respecté le cessez-le-feu", a déclaré de son côté l'agence de presse Saba, favorable aux rebelles houthis, citant un responsable militaire. DISCUSSIONS LE 18 AVRIL AU KOWEÏT L'arrêt des hostilités, s'il est avéré, est censé ouvrir la voie à des discussions de paix le 18 avril prochain au Koweït sous les auspices des Nations unies. L'envoyé spécial de l'Onu pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, a déclaré dans un communiqué qu'une commission de représentants militaires des deux camps oeuvrerait au maintien du cessez-le-feu. "Il est temps désormais de s'éloigner du précipice", a-t-il dit. La trêve prévoit un accès sans entrave aux agences humanitaires sur tout le territoire yéménite. "La trêve n'en est qu'à ses débuts. Des violations peuvent se produire au début mais nous espérons que dans les prochaines heures, nous verrons plus de discipline en ce qui concerne le cessez-le-feu", a dit le ministre yéménite des Affaires étrangères Abdel Malek al Mekhlafi sur l'antenne d'Al Arabia. (Avec Ali Abdelaty et Mostafa Hashem au Caire; Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)