Débat au Parlement européen sur le droit à l’avortement en Pologne

Izabela Sjabor avait 30 ans lorsqu'elle est morte l'année dernière. Cette Polonaise n'a pas survécu à un choc septique lorsqu'elle était enceinte de 22 semaines.

Des milliers de personnes sont descendues dans la rue protester contre la loi nationale de quasi-interdiction de l'avortement à l'origine du décès de la jeune femme.

La belle-sœur d'Izabela a partagé devant le Parlement européen ses dernières paroles. Dans des messages vocaux elle y explique que les médecins attendaient que le cœur du fœtus, non-viable, s'arrête avant de soigner la mère.

"Izabela a écrit à sa famille pendant son hospitalisation qu'elle se sentait comme une couveuse. Je pense, et je suis certaine, qu'elle voulait dire que personne ne s'intéressait à sa vie et que la chose la plus importante pour toute le monde, y compris les médecins de l'hôpital, c'était d'abord la vie du fœtus et ensuite la situation légale des docteurs", dénonce Jolanta Budzowska, l’avocate de la famille Izabela Sjabor.

Un avortement est autorisé en cas de danger pour la santé et la vie de la mère, ou en cas de viol ou d'inceste. Mais il n'est plus possible d'invoquer, depuis le changement de la loi en 2020, des anomalies du fœtus car la Cour constitutionnelle polonaise considère qu'il s'agit d'une "pratique eugénique".

De retour d'une mission d'enquête en Pologne, le président de la commission des Droits des femmes et de l'égalité des genres du Parlement européen suggère la mise en place d'un nouvel outil législatif.

"Les atteintes en Pologne, en Hongrie et dans d'autres pays de l'Union européenne montrent clairement que les droits de l'homme ne sont pas acquis", explique l’eurodéputé polonais Robert Biedron (S&D).

"La Charte européenne sur le droit des femmes serait l'outil idéal, y compris par exemple les droits liés à la santé et à la sexualité", ajoute-t-il.

Avant le changement de la loi en Pologne, un millier d'avortements étaient pratiqués annuellement. Les défenseurs des droits des femmes estiment que le chiffre réel est davantage proche de 15 000, avec un accès illégal aux pilules abortives dans des cliniques clandestines ou à l'étranger.