Démographie : cette prévision qui ne va pas plaire à Emmanuel Macron et son réarmement

Démographie : cette prévision qui ne va pas plaire à Emmanuel Macron et son réarmement
The Lancet/Gettyimages Démographie : cette prévision qui ne va pas plaire à Emmanuel Macron et son réarmement

NATALITÉ - Décidément, rien n’y fait. Le président de la République, alerté par la baisse de la natalité en France, a beau se faire une bataille du redressement démographique, les prévisions s’enchaînent et se ressemblent : la France, comme une écrasante majorité de la planète, vogue ferme vers la baisse des naissances. Une nouvelle étude, parue dans la revue The Lancet le 20 mars, donne une claire direction pour la population mondiale… Que l’on applique des politiques natalistes ou non.

Le « réarmement démographique » proposé par Macron a été testé par de nombreux pays (sans grand résultat)

L’étude, clairement intitulée « La baisse spectaculaire des taux de natalité va transformer la planète d’ici à 2100 » entreprend la tâche de définir, pays par pays, région du monde par région du monde, comment les taux de fécondité vont évoluer. Et le tableau dressé s’énonce simplement : en 2100, il n’est pas un continent dont le taux de fertilité suffira à assurer le renouvellement des générations (soit 2,1 enfants par femme). Autrement dit, la décroissance démographique s’annonce, pour tous.

Tout les pays du monde vont à peu près à la même adresse : un effondrement de la natalité.
Fondation Bill&Melinda Gates Tout les pays du monde vont à peu près à la même adresse : un effondrement de la natalité.
Toutes les régions du monde, sans exception, seront logées à la même enseigne en 2100.
Fondation Bill&Melinda Gates Toutes les régions du monde, sans exception, seront logées à la même enseigne en 2100.

À première vue, ces conclusions sont les mêmes que le rapport publié il y a quelques mois par les Nations Unies. Ce dernier, qui souligne que la croissance démographique mondiale « est à son rythme le plus lent depuis 1950 », prévoit un pic de croissance en 2080 avec 10,4 milliards de Terriens, puis une baisse lente à partir de 2100. L’estimation du Lancet non seulement rejoint cette projection, mais en quelque sorte l’aggrave.

Les politiques natalistes, dans l’épaisseur du trait

Dans les pays riches à basse fertilité comme la France, l’ONU prévoyait un (très modeste) rebond à partir des années 2020, quand ici l’on s’attend, au mieux, à une stabilité totale, voire une légère baisse. Si l’on ne fait rien, la fertilité moyenne de ces pays s’établirait ainsi à 1,43 enfant par femme en 2050 (1,56 pour la France), pour baisser encore à 1,37 enfant en 2100 (1,43 pour la France). Mais la partie qui intéressera le plus Emmanuel Macron est celle qui détaille surtout un autre scénario, où des politiques natalistes sont activées.

En vert dans l’épaisseur du trait, la projection de la natalité française avec politique nataliste.
The Lancet En vert dans l’épaisseur du trait, la projection de la natalité française avec politique nataliste.

En s’appuyant sur les expériences passées et en cours de redressement démographique, les chercheurs sont pour le moins pessimistes : « Peu de données montrent que cette politique (de redressement de la natalité) a un effet durable et puissant », indique le rapport. Et les projections à la clef ne sont guère plus encourageantes. Les pays riches à faible natalité passeraient ainsi à 1,62 enfant par femme en 2050 (1,76 pour la France) et 1,56 en 2100 (1,63 pour la France). Il y a bien un effet, mais on est loin, très loin de la croissance démographique, ou même du renouvellement des générations.

Le constat est donc global et implacable, plus encore qu’avec les estimations des Nations Unies : pour le meilleur et pour le pire, le monde va globalement vers la décroissance démographique, bien qu’à des rythmes différents. Certains pays à bas revenu, en particulier d’Afrique subsaharienne, vont connaître une baisse soutenue mais les laissant au-dessus du seuil de renouvellement (le sud Soudan, la Somalie, l’Ouganda, le Mozambique par exemple), et seront, tout au long du siècle, les locomotives démographiques d’une planète bientôt à l’arrêt… et même en marche arrière.

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