Cyril Hanouna et C8 déboutés par la Cour européenne des droits de l’homme

La CEDH estime que les sanctions prises par le CSA concernant deux séquences de l’émission « Touche pas à mon poste » de Cyril Hanouna ont été appropriées.
FRANCK FIFE / AFP La CEDH estime que les sanctions prises par le CSA concernant deux séquences de l’émission « Touche pas à mon poste » de Cyril Hanouna ont été appropriées.

JUSTICE - Malgré les recours déposés par C8 pour lever des sanctions infligées à Touche pas à mon poste, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a tranché en défaveur de la chaîne ce jeudi 9 février. Elle estime que les dérapages de Cyril Hanouna dans son émission « ne relèvent pas de la liberté d’expression », comme l’exprimait la chaîne.

C8 contestait précisément deux sanctions prises par le CSA (devenu l’Arcom). Débouté par le Conseil d’État, C8 a saisi la CEDH pour contester ces sanctions, invoquant l’article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme (CESDH), garantissant la liberté d’expression.

Mais pour la CEDH, basée à Strasbourg, les séquences litigieuses n’avaient « en aucune manière contribué à un débat d’intérêt général », et ne contenaient « aucune information, opinion ou idée » nécessitant une protection particulière. Au contraire, la juridiction pointe les « manquements répétés » de C8 « à ses obligations déontologiques ».

L’autorité de justice « ne voit aucune raison de se départir de l’appréciation du CSA et du Conseil d’État » qui reposent sur « des motifs pertinents et suffisants ». De plus, la CEDH estime que « la lourdeur » des sanctions financières contre la chaîne détenue par Vincent Bolloré « est particulièrement adaptée à l’objet purement commercial des comportements qu’elles répriment ».

Deux séquences problématiques

Le 7 décembre 2016, Cyril Hanouna avait, au prétexte d’un jeu, amené une des chroniqueuses, qui avait les yeux fermés, à poser la main sur son pantalon, au niveau de son sexe, « sans que cette séquence ne fasse apparaître qu’elle aurait été prévenue ni que son consentement aurait été recueilli », note la CEDH.

La juridiction strasbourgeoise ajoute qu’elle « considère que la mise en scène du jeu obscène entre l’animateur vedette et une de ses chroniqueuses ainsi que les commentaires graveleux qui celui-ci a suscité véhiculent une image stéréotypée, négative, et stigmatisante des femmes ». La séquence avait suscité plus de 3 500 plaintes auprès du CSA qui, en 2017, a imposé comme sanction à C8 une suspension des coupures publicitaires, 15 minutes avant et après l’émission, et au cours de celle-ci, pour une durée de deux semaines. Le CSA avait sanctionné cette séquence en imposant une amende de 3 millions d’euros à C8.

Puis, le 18 mai 2017, l’émission avait montré l’animateur s’entretenir par téléphone avec des personnes répondant à une petite annonce qu’il avait publiée sur internet, où il se présentait comme un homme bisexuel de 26 ans et proposait des « rencontres sans tabou ».

Sur ce second cas, la cour estime que « tant par son principal objet que par l’attitude de l’animateur vedette et la situation dans laquelle il a délibérément placé les personnes qu’il avait piégées, le canular téléphonique véhiculait une image stéréotypée, négative et stigmatisante des personnes homosexuelles ».

Propos « inadmissibles »

Mais les ennuis ne sont pas terminés pour Cyril Hanouna et son émission. L’Arcom examine encore une séquence qui avait choqué, où l’animateur avait insulté le député LFI Louis Boyard en novembre.

Les altercations et incidents lors des émissions de Cyril Hanouna, qui attirent de fortes audiences, ont déjà valu à sa chaîne de nombreux avertissements et sanctions. Ce jeudi, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak est d’ailleurs revenue sur d’autres propos de l’animateur de télévision et où il appelait à privatiser l’audiovisuel public. « Privatisez-moi ça. Non mais sans rigoler : quatre milliards d’euros qu’on donne de notre poche », avait affirmé Cyril Hanouna sur C8 le 16 janvier, en référence aux 3,8 milliards d’euros de budget annuel de l’audiovisuel public.

Interrogée sur France Inter sur cette attaque, Rima Abdul Malak a répondu qu’elle la trouvait « inadmissible ». « Mais justement, il est en train de relayer cette proposition que Marine Le Pen avait mise dans son programme, de privatisation de l’audiovisuel public », a poursuivi la ministre.

La diatribe de Cyril Hanouna avait suivi des déclarations de Rima Abdul Malak, rappelant que le régulateur de la télévision, l’Arcom, pouvait supprimer la fréquence mise à leur disposition si elles ne respectent pas leurs obligations. Elle l’a rappelé jeudi matin. « Je suis dans mon rôle quand je rappelle le cadre existant », a-t-elle souligné.

« Il y a des obligations à respecter. Il y a déjà eu une vingtaine d’interventions de l’Arcom, depuis 2019, pour C8 et CNews. Au bout de combien d’interventions l’Arcom pourra-t-elle dire à quel degré les obligations ne sont pas respectées ? C’est le rôle de l’Arcom », a ajouté la ministre.

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