Cryptomonnaies : Sam Bankman-Fried, principal suspect du scandale FTX, libéré grâce à une caution stratosphérique

Sam Bankman-Fried, fondateur de la plateforme de cryptomonnaies FTX, est inculpé de lourdes charges liés à des détournements de fonds des clients de FTX.
Tom Williams / CQ-Roll Call, Inc via Getty Imag Sam Bankman-Fried, fondateur de la plateforme de cryptomonnaies FTX, est inculpé de lourdes charges liés à des détournements de fonds des clients de FTX.

JUSTICE - L’Américain Sam Bankman-Fried s’est fait connaître ces dernières semaines pour être le principal suspect du plus gros scandale de l’histoire des cryptomonnaies. Extradé mercredi 21 décembre aux Etats-Unis depuis les Bahamas, où il résidait jusqu’ici et avait été emprisonné début décembre, il vient cependant d’être remis en liberté par un juge fédéral de New York. Ceci en payant une caution énorme... de 250 millions de dollars.

Une somme qui surprend d’autant plus que fin novembre, en pleins débuts du scandale de l’affaire FTX, l’entreprise qu’il dirigeait et qui a fait faillite, Sam Bankman-Fried (surnommé SBF), indiquait n’avoir que 100 000 dollars disponibles.

Résultat : après le paiement de cette caution, SBF est sorti libre d’un tribunal fédéral de Manhattan jeudi 22 décembre, alors qu’il est inculpé pour fraude massive et association de malfaiteurs aux Etats-Unis. Le magistrat a autorisé la remise en liberté de l’accusé de 30 ans car il présente, selon lui, un risque de fuite « minimal » et n’a jamais été condamné auparavant. Les 250 millions de dollars de caution ont été en partie garantis par la maison californienne des parents de Sam-Bankman Fried, où il sera assigné à résidence dans l’attente de son procès.

Jusqu’à 8 milliards de dollars détournés

Ceci car la plateforme en ligne qu’il a fondée, FTX, est accusée d’avoir détourné en tout près de 8 milliards de dollars de fonds déposés par des clients et utilisateurs du monde entier.

Jusqu’en novembre 2022, FTX, une plateforme d’échanges de cryptomonnaies dont le siège est situé aux Bahamas, permettaient à des investisseurs, particuliers ou entreprises du monde entier, d’acheter des cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l’Ethereum, et de les revendre ou de spéculer avec.

Problème : il a été démontré en novembre 2022 que Sam Bankman-Fried, en lien avec des collaborateurs qui géraient FTX avec lui depuis les Bahamas, avait utilisé ces fonds déposés pour réaliser des opérations financières spéculatives avec une autre de ses sociétés, Alameda Research. Il a été estimé que ce sont près de 5 milliards de dollars qui ont été investis dans des entreprises et investissements considérés comme hautement spéculatifs, ou fantômes. La plateforme a par ailleurs déboursé, en prêts ou en paiements, plus de 1 milliard de dollars destinés à des personnes au sein de l’entreprise.

L’argent des clients de FTX aurait aussi servi à Sam Bakman-Fried à investir dans de l’immobilier aux Bahamas, et à faire de grosses donations à des hommes et des femmes politiques membres du parti démocrate - dont Joe Biden lors de sa campagne présidentielle.

Les milliers de clients de FTX dans le monde entier ne savaient pas que leurs fonds étaient utilisés de la sorte, et que l’argent affiché sur leurs comptes FTX ne s’appuyait sur aucune réserve monétaire tangible.

Suite à l’effondrement de la confiance dans la réalité des comptes tenus par FTX, et le rapide dépôt de bilan de l’entreprise qui s’est ensuivi le 11 novembre, ils ont, du jour au lendemain, perdu accès à leurs comptes et aux sommes qu’ils avaient investi dans leurs portefeuilles de cryptomonnaires gérés par la plateforme. Les pertes pour les investisseurs français particuliers ont pu s’élever à plusieurs dizaines de milliers d’euros, comme certains l’ont raconté au Parisien.

« Château de cartes »

Pendant des années, Sam Bakman-Fried a été considéré comme un génie iconoclaste du monde des cryptomonnaies. Sa fortune était estimée à 26 milliards de dollars en début d’année 2022, grâce au succès de la plateforme FTX et de son influence dans le monde des cryptomonnaies.

Ses inculpations pour sa responsabilité fortement présumée dans la faillite de FTX, et les détournements de fonds liés, risquent désormais de lui faire passer le restant de ses jours en prison. Cinq des huit chefs d’accusation retenus contre lui prévoient en effet, chacun, une peine maximum de 20 ans d’emprisonnement.

Le régulateur de Wall Street, la Securities and Exchange Commission (SEC), avait communiqué le 13 décembre dernier, au lendemain de l’arrestation de SBF aux Bahamas, pour dénoncer « un château de cartes fondé sur la tromperie » en parlant de FTX.

Le nouveau patron de FTX, John Ray, qui a supervisé plusieurs procédures de faillite, dont celle de l’ancien géant énergétique américain Enron, avait résumé l’affaire avec ces termes : « l’effondrement du groupe FTX semble résulter de la concentration absolue du contrôle entre les mains d’un très petit groupe d’individus grossièrement inexpérimentés et pas très calés, qui n’ont mis en œuvre aucun des systèmes ou des contrôles requis pour une société à laquelle sont confiés l’argent ou les actifs d’autres personnes ».

Deux autres accusés

Dans sa défense, depuis la faillite de FTX le 11 novembre, Sam Bankman-Fried a plusieurs fois fait valoir qu’il n’était plus aux manettes d’Alameda Research, et que les autres dirigeants de FTX étaient responsables des mécanismes qui ont conduit aux détournements des fonds des clients.

C’est dans ce contexte que le procureur fédéral de Manhattan a indiqué, mercredi 21 décembre, que deux autres personnages clés du dossier FTX avaient récemment été inculpés eux aussi de fraude et d’association de malfaiteurs.

Il s’agit de Caroline Ellison, ancienne patronne de la société Alameda Research, et Gary Wang, cofondateur de FTX, inculpés « en lien avec leur rôle dans la fraude qui a contribué à l’effondrement de FTX ».

Ces derniers ont plaidé coupable et collaborent activement avec le gouvernement américain dans les enquêtes en cours, ce qui signifie qu’ils pourraient incriminer Sam Bankman-Fried. Caroline Ellison et Gary Wang ont également été assignés devant la justice civile par les deux principales autorités américaines de régulation des marchés financiers, la SEC et la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), chargés de la régulation des Bourses.

Les deux accusés se sont engagés à collaborer avec la SEC, et ont reconnu les faits qui leur étaient imputés par la CFTC, ce qui devrait leur valoir, dans les deux cas, un jugement plus clément.

À voir aussi sur Le HuffPost :

Lire aussi