Ces croissants végans que les Français “digèrent mal”
“Un sacrilège est rarement aussi alléchant”, salive le journaliste, dans un reportage proposé par la BBC. L’objet du délit trône sur l’étal d’une boulangerie : un croissant… sans beurre. Dans cette échoppe parisienne, les pâtisseries, quiches et viennoiseries sont confectionnées sans œufs ni produits laitiers. En France, quel affront !
Rodolphe Landemaine, propriétaire de la boulangerie en question, est végétalien, sensible aux enjeux climatiques et à la cause animale. Pourtant, il ne prononce jamais le terme “végan”, remarque le média britannique. Le mot serait-il tabou ? “C’est très compliqué [pour les Français] de renoncer au beurre et aux œufs”, explique l’artisan. Mais de moins en moins, il faut croire, car son concept séduit : il possède déjà cinq boulangeries à Paris et espère en ouvrir à Bordeaux, Lyon et Rennes.
La cuisine végétalienne se développe lentement en France au regard d’autres pays, commente la BBC. Le pays, titre-t-elle, “digère mal” ces “croissants végans”. Symboliquement, cela touche à des enjeux profonds : la relation viscérale des Français avec le terroir et leur gastronomie, les “tollés suscités par certaines mesures environnementales” et les “manifestations des agriculteurs qui s’intensifient à travers l’Europe”.
Pour l’industrie alimentaire française, explique la BBC, se passer des produits laitiers est difficilement concevable. Question de corporatisme et de tradition, mais pas que.
Une “petite révolution”
Car c’est ici que se joue le vrai sujet de l’article : près d’Amiens, la BBC rencontre Sophie Lenaerts, éleveuse de vaches laitières dont l’exploitation alimente une beurrerie (on en revient aux fameux croissants !). À quelques semaines des élections européennes, elle prévoit de monter à Bruxelles pour bloquer les routes aux abords des institutions de l’UE. Elle dénonce la concurrence des produits importés – moins chers mais qui ne respectent pas les normes –, les marges asphyxiantes de la grande distribution et le fait que “les agriculteurs sont trop souvent les boucs émissaires pour tous les problèmes liés au climat”.
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