La crise des migrants à Lampedusa donne des maux de tête à Zemmour, Le Pen et l’extrême droite française

Pourquoi Lampedusa donne des maux de tête à l’extrême droite française (photo de Marine Le Pen prise en 2023)
SAMEER AL-DOUMY / AFP Pourquoi Lampedusa donne des maux de tête à l’extrême droite française (photo de Marine Le Pen prise en 2023)

POLITIQUE - « Je ne suis pas l’avocat du gouvernement italien. » Jordan Bardella était bien à la peine, ce mardi 19 septembre, pour défendre Giorgia Meloni et l’exécutif transalpin dans leur action à Lampedusa. Invité de la chaîne d’informations CNews, le président du Rassemblement national a poursuivi l’offensive anti-migrants de son parti, mettant au passage en exergue les contradictions de l’extrême droite sur le sujet de la répartition des demandeurs d’asile.

L’eurodéputé, qui va conduire la liste RN aux prochaines élections européennes a effectivement pris soin de mettre à distance la cheffe de Fratelli d’Italia, que son camp avait pourtant applaudie à tout rompre lors de sa victoire électorale de septembre 2022. « Je la préfère à son prédécesseur, qui était un allié de Macron », a-t-il tout juste lâché, avant de confirmer sa préférence pour Matteo Salvini, le leader du parti d’extrême droite la Ligue, et poids lourd de l’exécutif italien.

Quelques jours plus tôt, samedi, Marine Le Pen avait pour sa part expliqué à certains journalistes présents à Beaucaire, où elle faisait sa rentrée politique, qu’elle serait « déçue » de la tournure des événements si elle était italienne. Ou comment se distancier, sans trop en faire, des difficultés d’un allié.

Pas la meilleure image

Il faut dire que les images renvoyées ces derniers jours par la cheffe du gouvernement italien, actuellement à la tête d’une coalition de partis de droite et d’extrême droite dont Matteo Salvini est vice-Premier ministre, ne correspondent pas vraiment à la doctrine du RN en France. Une forme d’impuissance au sud des Alpes qui ne colle pas aux promesses électorales de fermeté migratoire formulées au nord.

Dépassée par les événements, et l’arrivée de 10 000 demandeurs d’asile en quelques jours sur la petite île de Lampedusa, située à 150 kilomètres des côtes tunisiennes, Giorgia Meloni a prestement demandé l’aide de l’Union européenne. Samedi, la dirigeante élue sur le même type de promesses anti-migrants, s’est même affichée sur place avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen afin de détailler le déblocage d’un plan d’urgence à l’attention de l’Italie.

Pas franchement ce que prône Marine Le Pen. Depuis Beaucaire, la présidente du Rassemblement national a d’ailleurs expliqué qu’il était « vain », à ses yeux, « d’en appeler à l’Union européenne pour résoudre la crise migratoire comme un enfant appelle maman quand il a un problème. » La « patriote » italienne, qu’elle félicitait il y a un an, appréciera la comparaison.

Ce pacte que sépare Meloni de l’extrême droite française

Dans ce contexte, Reconquête, le parti d’Eric Zemmour s’embarrasse moins de ces différences de ligne. Marion Maréchal, la cheffe de file de Reconquête aux élections européennes, a été la première personnalité politique membre d’un parti étranger à se rendre à Lampedusa, dès vendredi. Pour enchaîner les duplex avec les médias français… Et constater l’impuissance de son alliée en Italie ?

Eric Zemmour prend régulièrement Giorgia Meloni, une Première ministre qui réussit à gouverner une union des droites qu’il appelle de ses vœux en France, comme exemple depuis son arrivée au pouvoir à Rome. Sauf qu’en réalité, malgré cette proximité à géométrie variable, Reconquête, comme le Rassemblement national, ne sont pas d’accord sur un point fondamental avec la coalition de Giorgia Meloni : la réforme du système européen sur les migrations.

Confronté aux crises à répétition, l’Italie a donné son accord en juin - comme la majorité des 27 - à un nouveau pacte qui doit permettre une meilleure répartition des réfugiés au sein de l’Union européenne. Les États membres devraient accueillir un certain nombre de demandeurs arrivés dans un pays de l’UE soumis à une pression migratoire. Ou à défaut d’apporter une contribution financière équivalente à 20 000 euros par réfugié non relocalisé.

Un texte que pourfendent en chœur Marine Le Pen et Eric Zemmour, dans le sillage des gouvernements nationalistes hongrois et polonais. Ces deux pays tendent à bloquer les discussions, au grand dam de l’Italie de Giorgia Meloni. Une question de ligne, sans doute. Mais également d’idéologie abandonnée sur l’autel des réalités, aussi.

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