Crise en Haïti: qui est "Barbecue", le chef de gang qui menace le pays de "guerre civile"

"Si Ariel Henry ne démissionne pas, si la communauté internationale continue de le soutenir, nous irons directement vers une guerre civile qui va déboucher sur un génocide." Jimmy Chérizier, alias "Barbecue", considéré comme le chef de gangs le plus puissant d'Haïti, a planté ce mardi 5 mars le décor de la crise qui touche actuellement le pays le plus pauvre du continent américain.

Les gangs, qui contrôlent des pans entiers d'Haïti et de la capitale, ont annoncé la semaine dernière se liguer contre le gouvernement actuel et mènent depuis des attaques contre des infrastructures et des sites stratégiques, profitant d'un voyage à l'étranger du Premier ministre, très contesté.

D'ancien policier à chef de gang

L'homme à l'origine du chaos a une histoire plus que particulière. Aujourd'hui à la tête d'une alliance de bandes armées surnommée "la famille G9", Jimmy Chérizier n'a pas toujours été de ce côté-ci de la loi. Comme le rappelle Le Parisien, celui-ci a passé une quinzaine d'années au sein d'une unité d'élite chargée de justement lutter contre les gangs haïtiens.

Il y a quelques années, il est finalement débarqué, soupçonné d'avoir participé à des exécutions sommaires de civils lors de plusieurs opérations menées avec cette unité. Selon Courrier Internationnal, il aurait participé au massacre de La Saline, où 70 personnes ont trouvé la mort.

C'est au cours de l'année 2020 que les choses s'accélèrent pour Cherizier, qui annonce en juin de cette année-là la création de "la famille G9". S'en suivent alors plusieurs mois d'exactions avec, comme l'indique Courrier International, l'appui matériel et financier du gouvernement de Jovenel Moïse, assassiné en 2021. La mort de ce dernier a depuis plongé le pays dans une grave crise sécuritaire mais a permis à Cherizier de prendre plus de pouvoir, au point de devenir l'homme le plus puissant du pays.

Son surnom, "Barbecue", vient de la propension qu'il a, de ses victimes brûlées vives. "Nous devons nous unir. Soit Haïti devient un paradis pour nous tous, soit un enfer pour nous tous", a clamé "Barbecue" lors de sa dernière prise de parole, équipé d'un gilet pare-balles et portant une arme et entouré d'hommes cagoulés. Pour sa part, l'ONU l'a placé sous régime de sanctions.

État d'urgence

Depuis plusieurs jours, il semble que l'homme de 46 ans a joint les actes à la parole. La semaine passée, quatre policiers tués dans des échanges de tirs avec des gangs tandis que cinq autres agents ont été blessés. Dans la foulée, au moins une dizaine de personnes sont mortes durant l'évasion de plusieurs milliers de détenus du Pénitencier national de Port-au-Prince, attaqué par des gangs armés cherchant à libérer les prisonniers

Des gangs, réunis sous le label "Vivre ensemble", mènent des attaques coordonnées dans la capitale en visant notamment des sites stratégiques comme la prison civile, l'aéroport international, et des bâtiments de police. Le gouvernement a été contraint de déclarer l'état d'urgence et un couvre-feu de 72h pour reprendre le contrôle de la capitale.

Pour sa part, le Premier ministre Ariel Henry, absent depuis plusieurs jours, a atterri mardi sur le territoire américain de Porto Rico, dans les Caraïbes. Le département d'Etat américain avait annoncé lundi qu'Ariel Henry était sur la route du retour pour Port-au-Prince. Mais d'après le média haïtien Radio Télé Métronome, il n'avait pas pu atterrir dans la capitale en raison de problèmes de sécurité à l'aéroport.

Article original publié sur BFMTV.com