Crise des agriculteurs : au marché de Rungis, plus de 90 personnes interpellées et placées en garde à vue

Des gendarmes sécurisant les alentours du marché de Rungis, dans le sud de Paris, le 31 janvier 2024.
EMMANUEL DUNAND / AFP Des gendarmes sécurisant les alentours du marché de Rungis, dans le sud de Paris, le 31 janvier 2024.

AGRICULTEURS - Le marché international de Rungis était particulièrement surveillé ce mercredi 31 janvier après les annonces d’actions de syndicats agricoles. Et après une première série de gardes à vue en milieu de journée d’agriculteurs conduisant des tracteurs, des dizaines de personnes ont été interpellées, puis nassées, après avoir pénétré dans l’enceinte du marché de gros.

Au total, 91 personnes ont été arrêtées cet après-midi et vont être placées en garde à vue après s’être introduites au marché de Rungis (Val-de-Marne), selon les déclarations du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur BFMTV ce mercredi soir. Une « ligne rouge a été franchie » avec cette « tentative d’intrusion » qui a été « rapidement déjouée » par les forces de l’ordre, a ajouté le préfet de police de Paris lors d’une conférence de presse.

Des personnes « à pied sont entrées brièvement sur une zone de stockage » et y ont « commis des dégradations », a ajouté la source à l’AFP. Elles ont été « sorties des lieux par les forces de l’ordre », a-t-elle ajouté, précisant que plus personne ne se trouvait désormais à l’intérieur du site.

Dans la vidéo ci-dessus, on peut voir les manifestants les mains en évidence et entendre l’un d’eux dire aux forces de l’ordre « « On ne va pas vous taper, on n’est pas les mêmes que ceux du 9.3 »

Interpellés, certains sont montés dans les camions des forces de l’ordre et une nasse s’est formée, tandis que Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, les enjoignait à « rester tranquilles » et à ne « pas avoir peur ». « Vous ne risquez rien et vous le savez », a-t-il lancé à ses troupes massées devant les bâtiments gris.

Ne pas repartir « sans avoir des réponses positives »

« Ils cherchent à nous épuiser », a-t-il dénoncé, entouré par les forces de l’ordre. Il a évoqué par ailleurs le risque pour les paysans de repartir à bord de leurs tracteurs sur les routes, fatigués après plusieurs heures de garde à vue.

« On n’a rien dégradé ! », a-t-il répété devant les journalistes présents. « Maintenant ils nous encerclent, c’est le travail normal des forces de l’ordre, et nous parce qu’on est des républicains, des agriculteurs responsables, tous des pères et des mères de famille ici, on ne va pas risquer à se bagarrer pour rien », avait-il déclaré à l’AFP quelques minutes avant son interpellation, assurant que les « véhicules (des CRS) ne risquent rien et eux non plus. »

« Gabriel Attal devrait prendre la mesure de la colère paysanne et devrait nous laisser repartir chez nous », a-t-il également appelé au micro de BFMTV.

« 364 jours de l’année on a la possibilité de visiter le marché de Rungis », en tant qu’agriculteur et producteur, « je ne vois pas pourquoi aujourd’hui on ne pourrait pas », s’interroge sur CNews Karine Duc, co-présidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne. Évoquant la « détresse énorme » des agriculteurs actuellement « dans la nasse » des forces de l’ordre, elle dit ne pas vouloir les ramener dans leurs fermes « sans avoir des réponses positives ».

Selon Franceinfo, après avoir été nassés un moment, les membres de la Coordination rurale ont été emmenés dans un bus, à destination de commissariats de la région. Karine Le Duc fait partie des personnes interpellées, selon BFMTV.

Le président de la Coordination rurale de Dordogne, Eric Chassagne, affirme qu’il a été interpellé par les forces de l’ordre, rapporte France Bleu. Selon lui, il n’y a eu aucune dégradation.

À Créteil, plusieurs députés LFI se sont rendus au commissariat en soutien aux agriculteurs interpellés. C’est le cas de Clémence Guetté, Louis Boyard ainsi qu’Antoine Léaument et Jérôme Legavre. Selon BFMTV, ils seraient encore 16 en garde à vue à Créteil.

Plusieurs dizaines d’agriculteurs dont certains membres de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne sont arrivés vers 16 h 50 devant des entrepôts en lisière du marché de Rungis, a constaté un journaliste de l’AFP. Le symbole d’une « mission accomplie » pour Serge Bousquet-Cassagne. « Nous avions décidé d’investir Rungis, nous avons investi Rungis », s’est-il félicité auprès de l’AFP.

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