Crimes en Syrie: les enquêteurs de l'Onu prêts à fournir des noms

GENEVE (Reuters) - La commission d'enquête de l'Onu sur les crimes de guerre en Syrie s'est déclarée prête, mardi, à communiquer au cas par cas aux parquets nationaux concernés les noms de suspects qu'elle compile sur des listes secrètes depuis près de quatre ans. Cette initiative vise à contourner le Conseil de sécurité des Nations unies, où la Russie et la Chine, qui disposent du droit de veto, s'opposent à ce que la question soit portée devant la Cour pénale internationale (CPI). S'exprimant devant le Conseil des droits de l'homme de l'Onu à Genève, Paulo Pinheiro, le président de la commission, a invité les Etats à prendre contact avec ses enquêteurs indépendants qui ont dressé au total cinq listes confidentielles. Paulo Pinheiro et son équipe, dont l'ancienne procureure en chef des tribunaux internationaux pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda Carla Del Ponte, avaient annoncé le mois dernier leur intention de rendre publics tous les noms des suspects. Mais le diplomate brésilien a préféré mardi la piste d'une "divulgation ciblée". "Nous partagerons les noms et les informations sur les auteurs présumés avec les parquets nationaux qui préparent des dossiers", a-t-il dit. Certains Etats ont adopté le principe de "compétence universelle" qui leur permet d'engager des poursuites contre les auteurs de crimes graves quels que soient leur nationalité ou le lieu où le crime a été commis, a rappelé Paulo Pinheiro. Selon les enquêteurs de la commission, des commandants de l'armée ou des forces de sécurité ainsi que des chefs de groupes rebelles figurent sur ces listes de suspects. L'ambassadeur de Syrie au Conseil des droits de l'homme, Hussam Edin Aala, a dénoncé l'approche "biaisée et sélective" de la commission, en l'accusant de "fermer les yeux sur les crimes de groupes "terroristes comme le Front Al Nosra". Il a également fustigé le silence de la commission à propos de la "responsabilité d'Etats comme le Qatar, l'Arabie saoudite et la Turquie dans le soutien au terrorisme". (Stephanie Nebehay; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)