Crimes contre l’humanité : procès inédit à Paris de trois cadres du régime syrien de Bachar Al-Assad

Un procès inédit de trois cadres du régime syrien de Bachar Al-Assad (photoprahié ici en novembre 2023) s’ouvre ce mardi à Paris.
- / AFP Un procès inédit de trois cadres du régime syrien de Bachar Al-Assad (photoprahié ici en novembre 2023) s’ouvre ce mardi à Paris.

JUSTICE - C’est un procès historique qui s’ouvre à Paris. Trois hauts responsables syriens sont jugés devant la cour d’assises à partir de ce mardi 21 mai. Ils sont les premiers à répondre en France des crimes commis par le régime de Bachar Al-Assad. Mais les trois seront jugés par défaut, aucun n’ayant été arrêté.

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Visés par des mandats d’arrêt internationaux, Ali Mamlouk, ancien chef du Bureau de la sécurité nationale, la plus haute instance de renseignement en Syrie, Jamil Hassan, ex-directeur des très redoutés services de renseignements de l’armée de l’air et Abdel Salam Mahmoud, ancien directeur de la branche investigation de ces services, sont aussi accusés de complicité de délit de guerre.

Selon la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), ce procès « jugera les plus hauts responsables du régime jamais poursuivis en justice depuis l’éclatement de la révolution syrienne en mars 2011 ». Des procès sur les exactions du régime syrien ont déjà eu lieu ailleurs en Europe, notamment en Allemagne. Mais dans ces cas, les personnes poursuivies étaient de rang inférieur, et présentes aux audiences.

Deux Franco-syriens arrêtés puis déclarés morts

S’ils sont poursuivis pas la justice française, c’est qu’ils sont soupçonnés d’avoir joué un rôle dans la disparition forcée et la mort de deux Franco-Syriens qui vivaient à Damas : Mazzen Dabbagh et son fils Patrick. Les deux victimes, étudiant à la faculté de lettres et sciences humaines de Damas né en 1993 pour le fils et conseiller principal d’éducation à l’École française de Damas né en 1956 pour le père, avaient été arrêtées en novembre 2013 par des officiers déclarant appartenir aux services de renseignement de l’armée de l’air syrienne.

Selon le beau-frère de Mazzen Dabbagh, arrêté en même temps que lui mais relâché deux jours plus tard, les deux hommes ont été transférés à l’aéroport de Mezzeh, siège d’un lieu de détention dénoncé comme un des pires centres de torture du régime. Puis ils n’ont plus donné signe de vie jusqu’à être déclarés morts en août 2018. Selon les actes de décès transmis à la famille, Patrick serait mort le 21 janvier 2014 et Mazzen le 25 novembre 2017.

Des crimes qui continuent aujourd’hui

Coups de barres de fer sur la plante des pieds, décharges électriques, violences sexuelles… Lors des investigations, plusieurs dizaines de témoins - dont plusieurs déserteurs de l’armée syrienne et des anciens détenus de Mezzeh - ont détaillé aux enquêteurs français et à l’ONG Commission internationale pour la justice et la responsabilité (CIJA) les tortures infligées dans la prison.

Pour Clémence Bectarte, avocate de plusieurs parties civiles, « tout cela participe à un effort de lutte contre l’impunité des crimes du régime syrien, d’autant plus indispensable que ce combat pour la justice est aussi un combat pour la vérité ». « On a tendance à oublier que les crimes du régime sont encore commis aujourd’hui », met en garde l’avocate. Ce procès vient rappeler qu’« il ne faut en aucun cas normaliser les relations avec le régime de Bachar al-Assad ».

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