Crash du vol Rio-Paris: Airbus et Air France relaxés

Crash du vol Rio-Paris: Airbus et Air France relaxés

Le tribunal correctionnel de Paris a suivi les réquisitions des deux procureurs qui n'avaient pas demandé le 7 décembre dernier de sanctions à l'encontre d'Airbus et d'Air France. Les deux entreprises ont été relaxées du délit d'homicide involontaire" ce lundi par la justice après le crash du vol Rio-Paris en 2009 dans lequel 228 personnes sont mortes.

Les deux entreprises sont mises hors de cause par la justice française qui a estimé que si des "fautes" avaient été commises, il n'existe "aucun lien de causalité certain" avec l'accident. La présidente du tribunal correctionnel a tenu à rappeler que pour qu'un homicide involontaire soit pénalement caractérisé il faut pouvoir démontrer, qu'une faute, qu'un manquement ou qu'une négligence a été commis.

Lors d'un réquisitoire à deux voix, après neuf semaines de procès, les deux procureurs de la République de Paris avaient eux-aussi estimé qu'il était "impossible" d'établir la culpabilité d'Airbus, le constructeur, et d'Air France, la compagnie exploitante de l'A330 qui s'était abîmé en pleine nuit au milieu de l'Atlantique quelques heures après son décollage.

"Force est de constater qu'au regard des données de la science de l'époque, aucune faute pénale ne me semble pouvoir être retenue", avait déclaré l'un des magistrats, affirmant que les deux entreprises n'avaient pas sous-estimé les défaillances des sondes Pitot.

La fin d'un marathon judiciaire

Ce jugement sonne la fin d'un marathon judiciaire de quatorze ans. La découverte des boîtes noires de l'appareil avait permis de déterminer l'origine de l'accident, à savoir le givrage des sondes Pitot qui permettent de donner aux pilotes la vitesse de l'avion. Face à des informations contradictoires avec la réalité, l'un des copilotes avait pris la décision de faire remonter l'avion, qui avait fini par décrocher et heurté l'océan, moins de cinq minutes plus tard.

Cette défaillance était connue d'Airbus et d'Air France alors que des incidents s'étaient multipliés les mois précédant l'accident. Le constructeur n'avait-il pas sous-estimé le problème en n'informant pas suffisamment les compagnies? La compagnie française avait-elle trop peu sensibilisé ses pilotes? En 2019, le parquet de Paris avait requis un procès pour Air France mais pas pour Airbus.

Les juges d'instruction eux vont plus loin en décidant d'un non-lieu général dans le dossier. Selon eux, les investigations n’ont pas permis d’établir "un manquement fautif d’Airbus ou d’Air France en lien avec les fautes de pilotage à l’origine de l’accident". Mais le parquet avait fait appel de la décision et la Cour d'appel de Paris avait ordonné un procès pour les deux entreprises.

La réaction des pilotes mis en cause

Au cours des débats qui se sont tenus à l'automne dernier, le tribunal a entendu experts, gendarmes, pilotes, autorités de contrôle aérien, l'ancien patron d'Air Caraïbes et les proches des victimes. Les juges ont tenté de comprendre les réactions de l'équipage dans le cockpit mais aussi la dangerosité, à l'époque, des différentes sondes Pitot.

Lors des interrogatoires, l'ancien chef pilote Pascal Weil qui représente Air France a défendu l'innocence de la compagnie, en refusant de charger les pilotes ou Airbus. Christophe Cail, ex-pilote d'essai au profil strict, qui affirme qu'Airbus a, à l'époque, correctement évalué le risque et que l'accident est lié à des "erreurs" de l'équipage. "Vous auriez fait mieux?", demande l'avocat des parties civiles Alain Jakubowicz lors de cette audience mouvementée.

"Je pense que j'aurais fait mieux", avait fini par lâcher M. Cail.

Tout au long des débats, les familles des pilotes ont, elles, défendu leur comportement. "99% des parties civiles et des proches des victimes ont le même sentiment, celui que les pilotes ont fait tout ce qui était en leur possibilité dans un chaos absolument incompréhensible, en pleine nuit, en plein orage, avec des grêlons qui tapaient sur la carlingue, avec des alarmes intempestives..." s'indignait en décembre dernier sur BFMTV Sylvie Robert, la soeur de l'un des co-pilotes du Rio-Paris.

"La compagnie gardera toujours en mémoire le souvenir des victimes de ce terrible accident et exprime sa plus profonde compassion à l’ensemble de leurs proches", a réagi la compagnie ce lundi à la suite du jugement dans un communiqué, assurant "renouveler sa confiance à l'ensemble de ses pilotes et de son personnel navigant" et faire de la sécurité de ses clients une "priorité absolue".

Article original publié sur BFMTV.com