Les "Covid-parties" aux États-Unis, véritable phénomène ou légende urbaine?

Depuis maintenant plusieurs semaines, de nombreux médias américains se sont faits l'écho de l'existence de ce type de soirées à travers le pays, sans toutefois apporter la preuve de leur véritable existence.

L’histoire avait fait grand bruit, et avait été reprise par de nombreux médias nationaux et internationaux. La semaine passée, un Texan âgé de 30 ans serait mort des suites d’une contamination au Covid-19 après avoir participé à une "Covid party."

De manière plus générale, plusieurs articles de presse s’étaient fait écho de la multiplication de ces soirées au cours desquelles sont volontairement invitées une ou plusieurs personnes contaminées, dans un pays qui est encore actuellement violemment touché par le coronavirus. Le dernier décompte de la Johns Hopkins University fait état de 3,4 millions de cas pour 137.000 morts dans le pays.

Selon la rumeur, les participants à ces soirées, sceptiques quant à la virulence ou l'existence même du coronavirus, souhaiteraient voir si ce dernier est réel ou non et être eux-mêmes contaminés dans le cadre d'un pari.

Des sources incomplètes et invérifiables

Pour autant, la réalité quant à ces "soirées Covid" pourrait être bien différente que celle relayée depuis plusieurs jours. Samedi dernier, au micro de la chaîne locale News 4 San Antonio, Jane Appleby, médecin au sein d'un hôpital de cette ville texane, a relaté l’histoire du trentenaire, qui a pourtant bel et bien succombé au Covid-19.

Avant de mourir, ce dernier aurait dit "à l'infirmière qui s'occupait de lui: 'Je crois que j'ai fait une erreur. Je croyais que la pandémie était un canular mais en fait, non...", a-t-elle assuré.

Et c’est là que le bât-blesse selon le média américain Wired, qui a enquêté sur cette possible nouvelle mode aux États-Unis, et surtout sur son traitement par les médias. Quelques heures après la publication de ce témoignage, ce dernier s'est retrouvé relayé tel quel par plusieurs rédactions, sans réelle vérification des faits.

Dans une vidéo publiée par la même chaîne de télévision, Jane Appleby apporte également une description de ces soirées Covid: "quelqu'un est diagnostiqué avec la maladie et organise une fête pour inviter ses amis à voir s'ils peuvent vaincre la maladie." Seul problème, ce témoignage n'est étayé, à l'heure actuelle, par aucune source crédible.

De plus, contacté par le San Antonio Express-News, les services sanitaires de la ville ont de leur côté assuré "n'avoir jamais entendu parler de ces fêtes."

Des fake-news qui se multiplient?

Et ce cas n'est pas isolé. Comme le raconte Wired, la tenue de ce type de fête a été rapportée dans plusieurs États américains, mais sans preuves de leur existence réelle.

C'est le cas en Alabama, où Sonya McKinstry, membre du conseil municipal de la ville de Tuscalossa, a dénoncé dans la presse locale les agissements de plusieurs groupes d'étudiants qui auraient participé à ces soirées.

"Ils ont mis de l'argent dans un pot et ils essaient d'attraper le Covid. Celui qui est contaminé en premier remporte la mise", a-t-elle déclaré.

Le témoignage a depuis fait des gros titres de plusieurs publications nationales dont ABC News

Autre exemple dans l'État de Washington, où une responsable de la santé publique de la ville de Walla Walla a affirmé avoir découvert, grâce à l'étude minutieuse des cas contacts de deux patients, que ces derniers avaient participé à l'une de ces soirées. Deux jours plus tard, Meghan DeBolt revenait finalement sur ses propos et affirmait "qu'il n'y avait pas de soirées Covid intentionnelles."

Appel à la prudence

Si Wired assure qu'il est impossible d'exclure que de tels événements aient bien eu lieu sur le sol des Etats-Unis, il est également impossible de prouver leur existence réelle. Ainsi, afin d'expliquer le phénomène de propagation de la rumeur, le média tente de retracer le cheminement de l'information.

"C'est en partie à cause à la dépendance de longue date, et non critique, des journalistes à l'égard des déclarations des fonctionnaires", et donc des conseillers municipaux qui ont pu s'exprimer à ce sujet ces derniers jours.

Une seconde raison invoquée est celle du stéréotype qui peuvent toucher les populations vivant dans ces États, parfois catégorisés comme anti-vaccins et sceptiques quant à la maladie. Une description qui, selon Wired, fait mouche auprès d'une partie des lecteurs qui tiennent déjà des derniers "responsables de la pandémie."

Article original publié sur BFMTV.com

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