Coronavirus : confiner les personnes vulnérables, les pays qui envisagent cette solution

Protocole sanitaire mis en place en mai 2020 pour les visites en EHPAD.

Depuis mars, la Turquie restreint les sorties des personnes âgées de plus de 65 ans, qui ne peuvent quitter leur domicile qu’à certaines heures.

Confiner les plus vulnérables "n'est pas une solution que nous avons retenue et que nous retiendrons". Lors d’un déplacement dans un EHPAD de Clamart (Hauts-de-Seine), Olivier Véran a écarté la possibilité d’un reconfinement ciblé des personnes à risque, ce 6 novembre.

Pourtant, quelques heures plus tôt, Le Monde écrivait que l’exécutif réfléchissait à cette hypothèse à l’avenir. “On travaille dessus, si l’épidémie réduit”, confiait ainsi au quotidien un membre de l’entourage d’Emmanuel Macron.

Véran écarte l’idée d’un confinement des plus vulnérables

Pour écarter cette hypothèse, le ministre de la Santé a mis en avant des problèmes de “faisabilité” et de “solidarité entre les générations”. “Si vous habitez dans un quartier populaire, que vous êtes parfois 2 ou 3 générations dans un appartement, vous faites comment ?”, a notamment interrogé le ministre de la Santé, soulignant la difficulté à fixer un âge de confinement, alors que 30% des patients en réanimation ont moins de 60 ans.

Pourtant, selon Le Monde, l’hypothèse est bien étudiée par le gouvernement. Le quotidien explique que “l’hypothèse est défendue à bas bruit – et évoquée sous couvert d’anonymat – par certains membres du premier cercle présidentiel”.

Une mesure dont l’entrée en application immédiate a été écartée par Emmanuel Macron lors de son allocution du 28 octobre. Une reconfinement ciblé “peut être pertinent, mais pas suffisant” aux yeux du président de la République. Une hypothèse qui aurait l’avantage de préserver la vie économie et sociale.

Une mesure qui “ne pourrait être obligatoire”

L’hypothèse a séduit aussi le Conseil scientifique. En avril, son président Jean-François Delfraissy avait affirmé que les personnes à risque devaient continuer à rester chez elle à la fin du premier confinement. Idée rejetée par Emmanuel Macron à l’époque.

Dans son avis du 26 octobre, le Conseil soulignait qu’une telle mesure “ne pourrait être obligatoire, pour des raisons à la fois éthiques, sociales et sans doute juridiques (rupture d’égalité)”, précisant que 22 millions de personnes peuvent être considérées comme vulnérables, entre les plus de 65 ans, les sujets jeunes “avec facteurs de comorbidité” et les personnes en situation de “grande précarité”.

La Turquie a confiné les plus de 65 ans

À l’étranger, des mesures semblables ont été prises ces derniers mois. En Espagne, lors du déconfinement en mai dernier, chaque tranche d’âge avait un créneau horaire pour sortir de son domicile prendre l’air. Ainsi, les plus de 70 ans et les personnes dépendantes ne pouvaient sortir qu’entre 10 et 12 heures et entre 19 et 20 heures. Une mesure levée au bout de plusieurs semaines.

Depuis le mois de mars, la Turquie a imposé un confinement aux plus de 65 ans et aux plus vulnérables. Un confinement total entre mars et mai, sans possibilité de sorties, puis avec des horaires aménagés. Entre mai et juin, les seniors ont été autorisés à sortir une fois par semaine, le dimanche, entre 11 h et 15 h, puis entre 10h et 20 h depuis le 9 juin.

Des mesures qui n’ont pas été levées depuis, et qui sont localement renforcées. Ainsi, les autorités de la province de Bursa, dans le nord-ouest de la Turquie, ont restreint les sorties des personnes âgées, qui ne peuvent sortir qu’entre 10h et 16h, depuis début novembre.

Au Royaume-Uni, un parti veut confiner les plus vulnérables

Une mesure dont l’efficacité a été soulignée en juin dernier par le président Erdogan. “Grâce au confinement obligatoire des personnes âgées de plus de 65 ans, le taux de contamination de ce groupe est réduit à 50%. L'âge moyen des nouveaux cas de contamination est de 36 ans et celui des décès est de 71 ans”.

Au Royaume-Uni, si les plus âgés ne font pas l’objet de mesure spécifiques, ils sont tout de même l’objet d’une communication ciblée des autorités. Ainsi, les autorités conseillent aux plus de 70 ans de “respecter un confinement strict”. L’idée séduit aussi une partie de la classe politique outre-Manche. Ainsi, Nigel Farage, l’ancien chef de file du Brexit au Royaume-Uni, vient de fonder dans son pays un parti anti-confinement, “Reform UK”, qui préconise notamment d’isoler les personnes vulnérables.

Une idée évoquée en Italie

L’idée fait aussi son chemin en Italie. L’idée de cibler particulièrement les personnes à risques a été suggérée par Giovanni Toti, président de la région de Ligurie, région dont la population est la plus âgée d'Europe avec 28,5 % de ses citoyens qui ont plus de 65 ans.

Le 1er novembre dernier, il écrit sur Twitter que “parmi 25 personnes décédées en Ligurie, 22 étaient des patients très âgés. Qui plus est à la retraite, non indispensables à l'effort productif du pays, même s'il faut les protéger”.

S’il a reconnu la maladresse de ses propos, il précise : “Ce serait fou de laisser enfermer tant d'Italiens chez eux pour qui le Covid a généralement des conséquences bénignes, de bloquer la production du pays, d'arrêter l'école et l'avenir de nos jeunes et ne pas envisager d'intervention sur ceux qui risquent vraiment”, a-t-il précisé sur Twitter.