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Covid-19 : quels risques à faire une fête en extérieur sans masque ?

Une fête improvisée au parc des Buttes-Chaumont, à Paris.

Les images d'une fête improvisée dans le parc des Buttes-Chaumont à Paris ont suscité de nombreuses réactions. Si le risque de cluster semble inexistant, le risque de contamination est bien réel.

200 à 300 jeunes qui chantent et dansent sans masque ni distanciation physique dans un parc à Paris, à la faveur d'une sono ramenée sur place pour un anniversaire. La scène, qui a duré environ une heure ce dimanche au parc des Buttes-Chaumont, suscite de nombreuses réactions.

91% de chances qu'un positif soit parmi les fêtards

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a dénoncé un rassemblement "inadmissible", tandis que le préfet de police de Paris Didier Lallement a signalé le rassemblement à la justice.

Selon le simulateur de Covid-Tracker, il existe 91% de probabilités qu'une personne positive se trouve dans un rassemblement de 250 personnes, avec l'incidence actuelle à Paris. Il y a donc de très fortes chances que parmi ces fêtards, au moins un soit positif au Covid-19.

"Un risque de contamination mais pas de cluster"

Pour autant, l'effet direct d'un tel rassemblement est quasi nul sur la dynamique de l'épidémie, nous expliquent plusieurs médecins. "Sur ce type d'évènements en extérieur, il n'y a pas de risque de cluster. Il y a sans doute quelques contaminations entre participants car personne ne portait le masque", note le docteur Jérôme Marty.

Pour le chercheur en épidémiologie Michaël Rochoy, le risque le plus important est surtout présent dans les jours à venir. "Il y a certainement plusieurs personnes qui ont été infectées durant cette fête, mais ce n'est pas ce qui va faire bondir l'épidémie, car cela reste des contaminations individuelles. L'enjeu, c'est le comportement de ces personnes contaminées dans les 10 prochains jours, s'ils se font tester et s'isolent ou pas. Ils peuvent être à l'origine d'un cluster en famille ou à leur travail", explique-t-il.

Des polémiques autour d'autres rassemblements

Ce n'est pas la première fois qu'un évènement de ce type suscite des réactions enflammées sans que des conséquences sanitaires soit avérées ensuite. En juillet dernier, à l'issue du premier confinement, un concert de "The Avener" rassemblait à Nice 5 000 personnes, non masquées. Aucun cluster n'avait ensuite été rapporté.

Pour le nouvel an, une rave party rassemblait environ 2000 personnes dans un hangar désaffecté, à Lieuron, près de Rennes. La fête clandestine fait la Une de l'actualité, suscite de nombreuses réactions indignées. L'organisateur présumé fait même 18 jours de détention notamment pour mise en danger d’autrui. Mais là non plus, aucun cluster n'est détecté suite à cette fête clandestine version XXL.

Beaucoup de bruit pour rien ?

Si l'effet de cette fête en plein air sur la dynamique de l'épidémie semble quasiment nul, les images ont toutefois du mal à passer auprès de l'opinion publique et des soignants. "Quand j'entends ces fêtards dire qu'ils rêvent de 'retrouver la vie d'avant' alors qu'ils ne mettent même pas de masque à un tel rassemblement, ça m'énerve, leur discours n'a pas de logique", tonne le docteur Jérôme Marty. "S'ils veulent vraiment retrouver une vie normale qu'ils mettent au moins un masque dans ces cas-là".

Après la rave-party de Lieuron, le concert de Nice ou les rassemblements sur les quais, une fois de plus, beaucoup de bruit pour pas grand chose autour de cette fête improvisée dans un parc, estime le chercheur en épidémiologie Michaël Rochoy. "On donne beaucoup de visibilité à cet évènement qui n'est à l'origine que de quelques contaminations, avec un effet nul sur la dynamique de l'épidémie. Alors qu'il y a des repas qui ont lieu tous les jours avec des dizaines de personnes en lieux clos et qui sont beaucoup plus à risque : cela s'appelle les cantines scolaires ou d'entreprise," regrette le chercheur en épidémiologie.

"La situation typique où le port du masque en extérieur est indispensable"

Si cette fête au parc des Buttes-Chaumont n'a pas d'effet notable sur l'épidémie, elle a le mérite de relancer le débat sur le port du masque en extérieur. "Si le débat mérite d'être lancé, cette situation de fête est celle où, sans discussion possible, le port du masque doit être maintenu en extérieur : il y a un contact très proche et prolongé entre de nombreuses personnes", relève Michaël Rochoy.

Dans un document, l'Institut national de santé publique du Québec relève qu'en extérieur, "la transmission surviendrait principalement par l’entremise de gouttes ou d’aérosols lors de contacts rapprochés (moins de 2 mètres) et prolongés (plus de 15 minutes) avec une personne infectée".

"On peut réfléchir à arrêter de rendre le masque obligatoire à l'extérieur, sauf pour les personnes positives et pendant les rassemblements", estime le chercheur en épidémiologie. Plusieurs départements rendent le port du masque obligatoire sur les plages, suscitant l’incompréhension générale.

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