Covid-19 : pourquoi les conditions de la fin du masque à l'école ne font pas l'unanimité

Emmanuel Macron en visite dans une école primaire, où le port du masque est obligatoire pour l'instant.

À partir du 4 octobre, le masque ne sera plus obligatoire à l'école primaire dans les départements où le taux d'incidence est inférieur à 50 durant 5 jours consécutifs.

Face à l'embellie sur le front sanitaire, le gouvernement esquisse des allègements dans les mesures face au Covid. Si le pass sanitaire reste pour l'instant maintenu sur l'ensemble du territoire dans les conditions actuelles, c'est l'école qui va bénéficier des premiers allègements.

À partir du 4 octobre, les départements où l'incidence est inférieure à 50 cas pour 100 000 habitants depuis au moins 5 jours consécutifs passeront au niveau 1 du protocole sanitaire à l'école, c'est-à-dire que le masque ne sera plus obligatoire chez les primaires, en cour de récréation comme en classe. Aujourd'hui, 31 départements seraient concernés. Une mesure qui suscite une large incompréhension parmi les médecins.

"C'était la pire mesure à prendre"

"On va enlever le masque dans un lieu clos, l'école, qui brasse une trentaine d'élèves qui ne sont pas éligibles à la vaccination et qui est une des tranches d'âge où le virus circule le plus ! C'était la pire mesure à prendre", tacle d'emblée le docteur Michaël Rochoy.

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Autre problème derrière cette décision, "on va enlever le masque selon le taux d'incidence au niveau départemental, sans prendre en compte spécifiquement la tranche d'âge concernée. Or, le virus peut circuler fortement chez les plus jeunes sans que cela n'ait un impact important sur la moyenne du département" reproche le médecin généraliste.

La Haute-Marne, éligible malgré une incidence de 232 en primaire

Un paradoxe qui s'illustre dans plusieurs départements comme le montre les cartes ci-dessous réalisées par Germain Forestier, membre du collectif Du Côté de la Science. Chez les 6-10 ans, il y a un taux supérieur 50 dans 96 des 101 départements. En prenant en compte l'incidence tous âges confondus comme c'est prévu, il n'y a plus que 80 départements au-dessus du seuil, dont 10 proches de passer sous le seuil.

L'exemple le plus frappant et celui de la Haute-Marne (52). Le taux d'incidence y est de 47 cas pour 100 000 habitants, le département pourra donc, en l'état, lever le port du masque en primaire le 4 octobre. Mais l'incidence au sein des élèves en âge d'aller en école primaire (6-10 ans) est de 232 cas pour 100 000 habitants dans ce même département, comme le montre la carte de droite. Même exemple pour l'Aveyron (12), où l'incidence est de 49 à l'échelle du département mais de 181 au sein des élèves de primaire.

Taux d'incidence par département (tous âges à gauche, en primaire à droite)
Taux d'incidence par département (tous âges à gauche, en primaire à droite)

"Le masque sera-t-il rétabli si l'incidence repasse au-dessus de 50 ?"

"On va fonder des décisions intéressant les 6-10 ans sur des statistiques intéressant les adultes ? La cohérence m'échappe" renchérit le docteur Franck Clarot. D'autant qu'"on ne sait même pas si le masque sera rétabli si l'incidence repasse au-dessus de 50, ce qui paraîtrait pourtant logique", s'interroge le docteur Michaël Rochoy, également membre du collectif Du Côté de la science.

Lever le masque à l'arrivée des rhumes hivernaux ? "Une erreur"

D'autres vont encore plus loin et estiment que l'échelle départementale est trop large pour être utilisée. "Il faut réfléchir en aire urbaine et pas à l'échelle départementale. L'incidence peut être très forte chez les 6-10 ans dans une ville sans que cela se ressente sur les chiffres du département. Leur faire enlever le masque dans ces conditions serait une erreur", prône le docteur Michaël Rochoy.

Au-delà de cette décision, le timing interroge également beaucoup de médecins. "On prend cette décision d'enlever le masque au début de l'automne, quand arrivent les rhumes de l'hiver. Jusque-là le masque réduisait aussi la transmission de ces rhumes, cela risque de surcharger le système de santé de ville", déplore le médecin généraliste.

La crainte d'une saturation de la médecine de ville

Mi-octobre, les PCR dites "de confort" ne seront plus remboursées, ce qui fait craindre une baisse du nombre de tests et donc de connaissance de la circulation du virus. "Ces rhumes, qui entraînent un nez qui coule, un mal de gorge, de la fièvre, vont forcément faire penser au Covid. Donc au premier symptôme banal, des parents craignant la contamination au Covid de leur enfant viendront voir leur généraliste pour une prescription pour un dépistage si les tests ne sont plus remboursés pour les plus jeunes. Ca va peser encore un peu plus sur la médecine de ville", redoute Michaël Rochoy.

Si l'exécutif a acté la fin du remboursement des tests PCR "de confort" pour la mi-octobre, aucune décision n'a été prise pour leur prise en charge pour les moins de 12 ans, qui ne sont pas soumis au pass sanitaire et n'ont donc a priori pas d'intérêt à faire des PCR "de confort". Concernant les adultes, seules les PCR sur prescription médicale ou en cas de cas contact devraient continuer à être prises en charge.

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