Covid-19 : le "pari" d'Emmanuel Macron étrillé par le Conseil scientifique

Jean-Francois Delfraissy, président du Conseil scientifique.

Dans son dernier avis, le Conseil scientifique pointe du doigt les conséquences sanitaires et psychologiques du choix actuel du gouvernement de laisser circuler le virus à un si haut niveau.

C'est l'un des paris d'Emmanuel Macron. Tout faire pour éviter un nouveau confinement, malgré une circulation du virus à un niveau élevé. Une décision présentée comme un "pari" par l'entourage du chef de l'Etat, qui mise sur l'accélération de la vaccination et l'avancée des traitements pour éviter un nouveau confinement.

Un "pari" qui est loin de faire l'unanimité dans le monde scientifique. Dans son dernier avis daté du 11 mars, le conseil scientifique pointe du doigt les conséquences du choix de laisser circuler le virus à un niveau élevé. "La situation actuelle est caractérisée par un plateau haut et prolongé avec des nombres journaliers élevés de cas, d’hospitalisations et de décès pendant plusieurs mois" écrit le Conseil scientifique, dans l'avis publié par plusieurs médias dont les Echos.

"L’impact sur la morbimortalité ne peut être ignoré"

Depuis le début du mois de février, on enregistre en moyenne plus de 20 000 nouveaux cas par jour, environ 1 500 nouvelles hospitalisations quotidiennes et plus de 250 décès quotidiens, selon les chiffres officiels. Un "plateau haut", comme l'appelle le Conseil scientifique, dû aux mesures actuelles et à l'absence de confinement.

VIDÉO >> Dr Christian Recchia : "La crise Covid a un effet dévastateur chez les jeunes"

"Même si un plateau de ce type ne conduit pas à une saturation des services hospitaliers, l’impact sur la morbimortalité ne peut être ignoré", poursuit l'instance dans son avis du 11 mars, et rappelle qu'un plateau avec 360 morts par jour aboutit après 4 mois à 43,000 morts, un nombre supérieur au nombre de morts de la première vague.

Le Conseil recommande "des mesures de freinage précoce et anticipatif"

Entre le 1er décembre 2020 et le 9 mars 2021, on a dénombré 36 000 morts du Covid en France. "Si la moyenne du nombre de morts par jour n'évolue pas, cela conduirait à 55 000 morts entre le 1er décembre 2020 et le 1er mai 2021 et à 66 000 morts entre le 1er décembre et le 1er juin 2021". Soit bien davantage que la première vague. À noter toutefois que le nombre de morts par jour en moyenne est en baisse sous l'effet de la vaccination, qui s'est accélérée ces dernières semaines.

Plutôt que de laisser un "plateau haut" pour éviter un nouveau confinement, le Conseil scientifique prône tout l'inverse. L'instance conseille d'appliquer "des mesures de freinage précoce et anticipatif", de manière "régionale, adaptée et ciblée". Autrement dit, le Conseil scientifique recommande d'agir fort et tôt dès le début de la flambée épidémique, et de manière localisée. Soit tout l'inverse de la stratégie gouvernementale pour l'Île-de-France où le taux d'incidence ne cesse d'augmenter, à plus de 400 cas pour 100 000 habitants, sans qu'aucune mesure supplémentaire ne soit prise.

Ce contenu peut également vous intéresser :