"Le déjeuner s'est transformé en grande fête" : les coulisses d'un restaurant clandestin à Marseille en plein confinement

Dans certaines petites ruelles du centre-ville de Marseille, des restaurateurs proposent des repas "clandestins".

Depuis le début du deuxième confinement, de nombreux restaurants français continuent de rester "ouverts" malgré les interdictions. Didier, 40 ans, architecte d'intérieur, a tenté l'expérience d'un restaurant "clandestin" à Marseille. Il témoigne.

C'est un restaurant situé dans une petite ruelle peu passante comme il en existe des dizaines dans le centre-ville de Marseille. Avec son rideau métallique extérieur totalement clos, tout porte à croire que l'établissement est fermé, suite au deuxième confinement mis en place par le gouvernement français pour freiner l'épidémie de Covid-19. Pourtant, à l'intérieur, des gens mangent, boivent, discutent et rigolent. Comme avant. Le patron est en salle, et un chef cuistot officie en cuisine. Bienvenue dans un restaurant clandestin de la cité phocéenne.

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Didier, un architecte d'intérieur de 40 ans, a tenté l'expérience un vendredi midi et il ne l'oubliera pas de sitôt. "En ces temps tristes, ça m'a vraiment fait du bien", assure-t-il d'emblée, prêt à renouveler l'expérience une deuxième fois d'ici la fin de l'année, "pour s'amuser un peu et se vider la tête".

Des mesures d’hygiène avaient été tout de même mises en place

Pour se frayer un chemin dans la salle éclairée aux néons du restaurant clandestin, Didier a dû se faire "parrainer". "J'ai été invité par un super pote qui lui même avait été parrainé par un autre pote, explique-t-il. L'adresse se passe sous le manteau, via le bouche à oreille. Nous avions une réservation pour une dizaine de personnes, soit le nombre suffisant pour que le resto accepte d'ouvrir".

Arrivé sur place en passant par une porte dérobée, Didier s'est rapidement rendu compte que des mesures d'hygiène avaient tout de même été mises en place. "La restaurant n'était pas plein donc il y avait de la distance entre les tables, et du gel à disposition. Tout le monde avait l'air de faire gaffe", promet-il.

“Peu à peu, l'alcool aidant, le déjeuner s'est transformé en grande fête”

"Au départ, l'ambiance était un peu bizarre, confie le quadragénaire. On était à la fois sur nos gardes et excité à l'idée de braver l'interdit. Mais peu à peu, l'alcool aidant, le déjeuner s'est transformé en grande fête. On a grimpé sur les tables et on s'est arrosé d'alcool, c'était du grand n'importe quoi. Comme tu es enfermé et que tu ne vois pas la lumière du jour, au bout d'un moment, tu ne sais plus quelle heure il est. On est sorti du restaurant à 17h00 complètement bourrés, avec l'impression qu'il était 2h00 du matin".

Selon Capital, 20% des restaurateurs marseillais ont fait le choix de rester "ouverts" sur demande, pour éviter de mettre définitivement la clé sous la porte. Ainsi, grâce à la manne financière récupérée via ces repas clandestins, ils peuvent en partie payer les loyers, les charges fixes, et rembourser les emprunts. "Pour certains, les aides ne suffisent pas, et c'est le cas de ce restaurant, explique Didier. L'établissement étant récent, le patron nous a expliqué qu'il était vraiment obligé d'ouvrir en sous-marin pour survivre”.

“J'ai parfaitement respecté les mesures sanitaires. Je ne voulais surtout pas attraper le Covid”

Pour "un menu unique imposé, avec un joli plat bien travaillé, un super dessert et de l'alcool à volonté", Didier a dû débourser 50 euros. Le restaurant aurait envisagé de faire deux services quotidiens avant de se raviser, car "le soir c'est trop risqué". "En journée, il n'y a aucun contrôle à Marseille, fait remarquer l'architecte. Alors qu'en soirée, si tu circules en ville complètement bourré, tu te fais repérer tout de suite. C'est impossible de justifier une attestation valable à 2h00 du matin".

L'alcool et l'ambiance des grands soirs n'ont toutefois pas empêché certains convives de franchir quelques limites. "Il y en avait deux ou trois qui se foutaient des gestes barrières et qui n'ont pas mis pas de distance entre eux, déplore Didier. Une fois bien bourrés, ils ont commencé à se toucher pour déconner, et même à se faire des petits bisous. C'est leur problème. Moi, j'ai parfaitement respecté les mesures sanitaires. Je ne voulais surtout pas attraper le Covid". Pour rappel, les derniers chiffres indiquent que 263 patients Covid-19 sont hospitalisés à Marseille, 103 sont en réanimation.

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