Covid-19 : Marseille, Madrid, Bolton... Ces villes face à une deuxième vague

La ville de Bolton confinée

Dans plusieurs villes ou régions européennes, la hausse du nombre de cas de coronavirus est particulièrement marquée. Des mesures spécifiques ont été prises.

La deuxième vague de Covid-19 est-elle en train de toucher plusieurs villes européennes ? Si le terme fait débat, le constat est bien là : dans plusieurs villes ou régions européennes, on constate une hausse très importante du nombre de cas de Covid-19, au point que les autorités locales ont pris des mesures restrictives.

  • Bolton (Royaume-Uni)

Cette ville du nord-ouest de l’Angleterre est sous le feu des projecteurs. Bolton, 280 000 habitants, inquiète les autorités. La ville enregistre le plus fort taux d’incidence du pays avec 120 cas pour 100 000 habitants. “L'augmentation des cas à Bolton est en partie due à la socialisation des personnes âgées de 20 à 30 ans”, explique le secrétaire à la Santé et aux Affaires sociales, Matt Hancock, qui précise avoir “identifié un certain nombre de pubs dans lesquels le virus s'est propagé de manière significative”.

Comme Leicester, ville reconfinée plusieurs semaines en juin suite à une flambée des cas, Bolton fait face à des restrictions afin d’éviter une propagation des cas à tout le pays.

Bars et restaurants ne servent plus qu’à emporter

Désormais, seules les ventes à emporter sont autorisées dans les restaurants et les pubs, et tous les établissements doivent fermer entre 22 heures et 5 heures. Les visites sont réduites dans les maisons de retraite et les rencontres entre personnes de foyers différents sont interdites.

Dans son argumentaire, Matt Hancock explique avoir “vu partout dans le monde comment une augmentation des cas, d'abord chez les jeunes, se propage ensuite, entraînant des hospitalisations et des décès”, en prenant l’exemple de l’Espagne “où la hausse des cas a commencé il y a environ 2 mois, les hospitalisations ont augmenté de 15 fois depuis la mi-juillet”, et de la France, où “les hospitalisations ont plus que triplé sur la même période”.

“Je veux que nous apprenions la leçon de l'Espagne, de l'Amérique et de la France”, ajoute Matt Hancock, qui explique ces mesures à Bolton pour éviter à avoir des mesures plus strictes à prendre au niveau national.

  • Marseille et les Bouches-du-Rhône

Si la hausse du nombre de cas concerne l’ensemble des régions françaises, le département des Bouches-du-Rhône, et Marseille en premier lieu, sont particulièrement concernés. Dans le département, le taux d’incidence du Covid-19 est quatre fois plus élevé que la moyenne nationale, avec 189,6 nouveaux cas pour 100 000 habitants contre 58,2 pour l’ensemble du pays. Une flambée du nombre de cas qui se ressent à l’hôpital.

Dans les Bouches-du-Rhône, la quasi-totalité des 70 lits de réanimation réservés aux malades du coronavirus étaient occupés, lundi 7 septembre. Des médecins marseillais évoquent une “tension majeure”.

Si le département compte au total 300 lits de réanimation, ouvrir de nouveaux lits destinés au Covid se fait au détriment d’autres maladies”, a précisé Dominique Rossi, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HM.

Des lits supplémentaires vont ouvrir

La direction de l’Assistance Publique Hopitaux de Marseille (AP-HM) vient de décider d’ouvrir 17 lits de réanimation et de surveillance continue pour les patients atteints du Covid-19 “dans les 15 à 20 jours qui viennent”, selon les termes de Jean-Olivier Arnaud, président du directoire de l’AP-HM.

À Marseille, la fermeture des bars et restaurants a été avancée à 23 heures, avant de finalement être décalée à 0h30. Marseille était l’une des premières métropoles françaises à imposer le port du masque en extérieur, début août, en raison d’une hausse du nombre de cas. De nombreuses villes ont depuis pris la même décision.

  • Madrid et sa région (Espagne)

Un système de santé submergé, un nombre de cas important, si l’Espagne connaît un nombre important de cas de Covid-19, la capitale et sa région sont de loin les plus touchés par une nouvelle vague de contamination, depuis plusieurs jours.

Sur les sept derniers jours, Madrid concentre 73 des 191 morts et 30% des cas détectés. Le taux d’incidence dépasse les 200 cas pour 100 000 habitants depuis deux semaines. De quoi susciter l’inquiétude des dirigeants et du personnel médical. “La situation est très, très préoccupante”, confie la docteure Silvia Duran, porte-parole de l’association de médecins Amyts, et évoque une rapidité de progression de la courbe de contagion similaire à celle du début de la pandémie.

“Au bord de l’effondrement” alerte un médecin à Madrid

Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, confie lui son “inquiétude” face à “l’évolution de l’épidémie à Madrid. Sur les sept derniers jours, Madrid concentre 73 des 191 morts et 30 % des cas détectés. “Les hôpitaux se préparent et 16 % de leurs lits sont déjà occupés par des patients Covid contre 6 % pour le reste du pays”, illustre Silvia Duran.

“Nous sommes au bord de l’effondrement. La prochaine étape sera quand la population ira directement à l’hôpital, faute de pouvoir être reçue par le médecin traitant”, confirme José Molero, du syndicat Csit, qui redoute que les médecins soient submergés. “Ils reçoivent jusqu’à 60 patients par jour, et manquent de ressources et de repos”, ajoute-t-il.

Des restrictions mises en place

Si un “hôpital des pandémies” doit sortir de terre en novembre, avec une capacité d’un millier de lits, la situation pourrait devenir hors de contrôle avant cette date. Pour parer à l’urgence, des militaires ont été réquisitionnés pour identifier les cas contacts face aux chiffres particulièrement inquiétants à Madrid.

Depuis lundi, les rassemblements sont limités à 10 personnes à Madrid, y compris dans un cadre privé. Pas de grande réunion familiale ou de soirée entre amis à plus de 10 donc. Une exception est autorisée pour les mariages, qui sont limités à 50 invités. Les autorités craignent que la rentrée des classes n’aggrave la situation, malgré les mesures prises, comme le port du masque ou la prise de température à l’entrée.

  • Comté de Caerphilly (Pays de Galles)

Ce comté, situé au nord de Cardiff, compte 181 000 habitants, mais surtout le plus haut taux d’incidence du Pays de Galles, avec 72,9 cas pour 100 000 habitants. Une situation qui inquiète les autorités, qui ont pris des mesures restrictives, rapporte la BBC.

Des mesures qui semblent les plus restrictives d’Europe actuellement en vigueur. Ainsi, il est interdit d’entrer ou de sortir du comté sans raison valable. Il est également interdit de rencontrer dans un lieu clos des personnes qui ne constituent pas son foyer, c’est-à-dire que famille ou amis ne vivant pas sous le même toit ne peuvent plus se voir dans des lieux clos.

Les retours de vacances responsables des nouveaux cas

Les cas de fêtes à domicile, incluant des personnes de retour de l’étranger, sont pointés du doigt comme l’un des principaux modes de transmission dans ce comté. “13 cas de coronavirus sont liés à un seul voyage à Ibiza effectué par un groupe d'amis le mois dernier. Trois d'entre eux sont rentrés à la maison avec le coronavirus. Quand ils sont rentrés chez eux, l'un des membres du groupe a transmis le virus à son père et sa compagne. Une autre personne du groupe a organisé une fête à domicile le lendemain de son retour et 4 personnes ont attrapé le coronavirus. L'un d'eux a ensuite transmis le virus à leur frère qui l'a ensuite transmis à un ami en partageant une voiture. Un autre invité à la fête l'a transmis à leur sœur, qui à son tour a infecté un ami lors d'une soirée”, détaille Vaughan Gething, le ministre de la Santé.

Les mesures, qui seront réévaluées tous les 15 jours, sont en vigueur au moins jusqu’en octobre. Elles pourront être durcies si nécessaire, précisent les autorités. Des mesures semblables ont été prises au Portugal, en Allemagne et surtout en Espagne, où des zones allant de quartiers à des villes ont été confinées durant plusieurs semaines, pour faire face à une montée des cas de Covid-19. Ainsi, les 210 000 habitants de la région de Lleida, en Catalogne, ont été mis sous cloche durant plusieurs semaines, avec interdiction de quitter la zone.

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