Covid-19 : partis se confiner en province, ces Parisiens ne regrettent pas leur choix

De nombreux Parisiens ont fui la capitale pour se confiner en Bretagne ou en Charente-Maritime. Ils ne regrettent pas leur choix...

Peu avant l'annonce du confinement faite par Emmanuel Macron, le 16 mars dernier, de nombreux Parisiens ont fui la capitale pour se réfugier en Province. 28 jours plus tard, ils ne regrettent pas leur choix. Témoignages.

Lorsqu'elle a su que la France allait être confinée pour une durée indéterminée, Isabelle n'a pas hésité une seconde. Comme 11% des résidents parisiens selon une étude de l'Insee, elle a fui la capitale pour se mettre au vert. Avec son mari et ses trois enfants, elle a donc quitté son appartement dans le 18e arrondissement pour "respirer le grand air" dans sa maison secondaire située en Bretagne, plus exactement sur la presqu'île de Rhuys, dans le Morbihan. Après 28 jours de confinement, cette directrice commerciale d'une quarantaine d'années est catégorique : "Je ne regrette absolument pas mon choix", assure-t-elle. Et pour cause : "Ici, la qualité de vie est meilleure qu'à Paris, on est proche de la nature, proche de la plage, on n'est vraiment pas stressé".

"Si j'étais resté à Paris avec ma petite amie, on se serait engueulé en permanence"

De son côté, Matthieu a mis plus de temps pour prendre sa décision. Cet étudiant en droit de 25 ans travaille en alternance dans l'audiovisuel et vit habituellement avec sa petite amie dans un appartement de 30 m2 dans le 17e arrondissement de Paris. Pour lui, quitter la capitale signifiait qu'il allait devoir se séparer de sa dulcinée. "On a hésité mais au final on a fait le bon choix de rentrer chacun chez nos parents, estime-t-il. Car dans notre appartement parisien, je pense qu'on se serait marché dessus et qu'on se serait engueulé en permanence".

Le mardi 17 mars à 7h du matin, il a ainsi rejoint la Rochelle (Charente-Maritime), destination phare de nombreux autres Parisiens. "Je suis allé me réfugier dans la maison de mes parents, au grand air, avec jardin et piscine pour profiter d'une ambiance vacances", confie Matthieu, dont le quotidien a forcément été chamboulé. S'il "bosse toujours 3 jours par semaine" via le télétravail, le reste du temps ressemble de très loin à ses habitudes parisiennes : "beaucoup plus de Netflix qu'à l'accoutumée, mais aussi beaucoup de bricolage et de jardinage. Je me remets un peu au sport aussi. Dès que je sors de chez moi, je suis dans les champs, donc je peux aller courir plusieurs kilomètres sans croiser personne".

“Je ne crie pas sur tous les toits qu'on a quitté Paris”

A propos de la distanciation sociale, Isabelle fait "hyper attention" à la respecter lorsqu'elle se rend "une fois par semaine seulement" au supermarché. "On s'est également fabriqué des masques et on les porte dès qu'on sort de la maison" fait-elle remarquer, par ailleurs ravie que ses 3 filles de 8, 11 et 12 ans puissent "s'auto-gérer". "À Paris, dans notre appartement ça aurait été très compliqué pour elles, confie la quadragénaire. Alors qu'ici, elles ne s'ennuient jamais, elles font des jeux de rôles, chantent, font du théâtre, des travaux manuels, elles cuisinent, cueillent des fleurs, observent les animaux, elles développent d'autres apprentissages".

Malgré un quotidien beaucoup plus "convivial" qu'à Paris, cet exil n'est pas sans inconvénient selon Matthieu. "Il faut notamment accepter de se plier à certaines règles, comme par exemple manger à heure fixe, comme à l'époque du lycée" regrette-t-il. Pour Isabelle, le grand air n'empêche pas d'avoir parfois quelques remords, "le côté cas de conscience, solidarité". "Je sais qu'on est hyper privilégié donc je ne crie pas sur tous les toits qu'on a quitté Paris", admet-elle.

Si elle avoue être "trop bien" en Bretagne et ne pas avoir "envie de rentrer à Paris", Isabelle a du mal à envisager la suite sereinement. "Je suis très inquiète, je pense qu'on va en avoir pour un long moment. D'ailleurs, la semaine dernière on a fait venir mon beau-père handicapé à la maison pour s'occuper de lui. Il vivait seul dans un 30m2 à Boulogne-Billancourt, on a eu peur pour lui, il n'allait pas tenir la distance". De son côté Matthieu n'est pas non plus très optimiste mais il n'attend qu'une chose : que le confinement se termine pour pouvoir retrouver sa petite amie et faire "une grosse fête à Paris" avec ses "potes".