Covid-19 : comment expliquer la hausse du nombre d’hospitalisations chez les nourrissons ?

Sous l’effet du variant Delta, le nombre de contaminations et d'hospitalisations chez les enfants a considérablement augmenté ces dernières semaines.

Depuis plusieurs jours, des médecins hospitaliers français et du monde entier alertent sur les hospitalisations d'enfants de plus en plus nombreuses à cause du Covid-19. Un phénomène pourtant pas constaté lors des vagues précédentes. Explications.

Peu touchés par la souche originelle du Covid-19, les nourrissons se retrouvent de plus en plus nombreux dans les hôpitaux après avoir contracté le virus. Une tendance observée dans de nombreux services hospitaliers de l'Hexagone et des Antilles ainsi qu'aux États-Unis. Les médecins tirent le signal d'alarme sur ce nouveau phénomène souvent provoqué par une contamination de parents non-vaccinés.

En Occitanie, l'ARS a annoncé ce dimanche 22 août le décès d'un nouveau-né. Son test Covid-19 post mortem s’est révélé positif et la jeune maman, non vaccinée, était également porteuse du virus. Depuis le début des relevés statistiques effectués par Santé Publique France, il s'agit du 7e enfant de moins de 10 ans à mourir de la maladie. Un drame qui intervient au moment où de plus en plus d'enfants sont admis dans les hôpitaux à cause du Covid-19. Actuellement, 48 enfants de moins de 9 ans sont hospitalisés en France. Aux États-Unis, le nombre d'enfants hospitalisés était de 1902 le 14 août dernier, soit le total le plus élevé depuis le début de la pandémie.

"Ce n'est pas le Covid de l'année dernière"

"Ce n'est pas le Covid de l'année dernière", a déclaré au média américain CNN Sally Goza, l'ancienne directrice de l'American Academy of Pediatrics (AAP). "Celui-ci est pire, et nos enfants sont ceux qui en seront le plus touchés", alerte-t-elle en rappelant que les moins de 12 ans sont particulièrement vulnérables en raison de l'absence de vaccins pour cette tranche d'âge de la population.

De son côté, l'immunologue américain Anthony Fauci a évoqué l'impact du variant Delta sur cette tendance : "Le variant Delta est beaucoup plus transmissible que ne l'était l'Alpha. Compte tenu de cela, vous verrez plus d'enfants susceptibles d'être infectés et une partie d'entre eux nécessitera une hospitalisation." En effet, comme l'explique le Dr Adriana Cadilla, spécialiste des maladies infectieuses à Orlando interrogée par CNN, les enfants ne sont pas forcément plus souvent gravement malades en cas de contamination avec le variant Delta, ils sont surtout plus nombreux à être malades et donc plus nombreux à être hospitalisés.

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Pour de nombreux spécialistes, le variant Delta est responsable de cette hausse des hospitalisations chez les enfants et nourrissons. Plus contagieux, ce variant touche toutes les tranches d'âge même si dans la plupart des cas, concernant les nourrissons, il s'agit de formes bénignes de la maladie. Interrogé par Nice Matin le 12 août dernier, Philippe Babe, chef du service adjoint des urgences pédiatriques de l’hôpital Lenval de Nice, s'inquiétait déjà de la hausse des hospitalisations des nourrissons dans son hôpital : "Depuis la semaine dernière, on en est à dix bébés de moins de douze semaines hospitalisés." Si l’évolution de leur santé reste "bonne" dans la plupart des cas, "ce sont tout de même des contraintes importantes pour un nouveau-né", indique-t-il.

Les enfants sont "rarement hospitalisés spécifiquement pour le Covid"

Dans un entretien accordé à Ouest-France, le professeur Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie se veut rassurante sur la situation de ces enfants : "[Les enfants] sont le reflet de la circulation du virus dans la population générale. Mais pour autant, ils sont rarement hospitalisés spécifiquement pour le Covid.

Même son de cloche du côté d'Isabelle Claudet, cheffe de service des Urgences Pédiatriques du CHU de Toulouse, qui indique que cette situation n'est pas nouvelle : "Des cas de covid chez des petits nourrissons, nous en avons depuis le début de l'épidémie. Ce n'est donc pas une nouveauté. Ce sont des enfants qui ont de la fièvre plus ou moins bien tolérée mais qui vont bien. Pour rappel, un enfant de moins de 6 semaines qui a de la fièvre sera hospitalisé même s'il n'a pas le covid."

Si elle note tout de même une augmentation du nombre d'hospitalisations, il n'y a pour l'instant aucune raison de s'inquiéter, indique-t-elle au site actu.fr : "Ce sont des enfants qui ont le covid mais qui vont bien. On les garde car ils ont de la fièvre et certains d'entre eux tolèrent moins bien la fièvre. Ils mangent moins bien aussi et, à leur âge, cela peut devenir un peu plus compliqué."

La vaccination des adultes, la solution ?

Cette augmentation du nombre d'hospitalisations résulte de la grande contagiosité du variant Delta, qui circule beaucoup chez les adultes dans certaines villes de l'Hexagone, explique Isabelle Claudet : "C'est juste la confirmation de la plus grande contagiosité du virus et d'une augmentation du nombre de cas dans la population adulte. La plupart du temps, la transmission se fait logiquement des parents aux enfants. Si Nice enregistre une hausse des hospitalisations d'enfants en ce moment, c'est que le taux d'incidence des adultes y est élevé depuis plusieurs semaines." Pour la cheffe du service des urgences pédiatriques au CHU de Toulouse, la vaccination est la meilleure solution pour protéger au mieux les enfants. Non pas la vaccination des enfants, qui est encore actuellement à l'étude, mais la vaccination des adultes.

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Pour l'heure, la vaccination pour les enfants de moins de 12 ans n'est effective nulle part dans le monde, les spécialistes estimant que le vaccination des plus jeunes n'est pas encore la solution pour faire baisser le nombre d'enfants hospitalisés. Mais depuis plusieurs jours aux Etats-Unis, l'AAP presse la FDA (Food and Drug Administration) pour qu'elle valide le plus rapidement possible un vaccin pour les enfants âgés de moins de 12 ans.

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