Comment couvrir la guerre Israël-Hamas quand on est journaliste ?

“Tout le monde veut que nous choisissions un camp.”

Cette injonction, c’est un journaliste qui couvre la guerre Israël-Hamas qui la rapporte dans l’hebdomadaire américain The Hollywood Reporter.

Comment couvrir cette guerre sans pouvoir entrer dans la bande de Gaza bombardée ? Comment convaincre du sérieux de son travail journalistique quand, devant l’afflux d’images en ligne, les gens tirent leurs propres conclusions ?

Clarissa Ward, reporter à CNN, en a fait les frais le 9 octobre. La journaliste est en direct à Sderot, en Israël, non loin de la frontière avec la bande de Gaza, lorsqu’une sirène retentit.

Elle et son équipe vont se réfugier dans un fossé, tout en restant à l’antenne.

“Les vidéos de son reportage ont suscité des commentaires haineux la qualifiant d’actrice. ‘Elle mérite un Oscar.’ ‘La prochaine fois, écrivez un meilleur scénario’”, raconte The Hollywood Reporter.

Un youtubeur a même produit un montage en ajoutant la piste audio d’un faux réalisateur donnant des indications à la journaliste pour répandre la rumeur que tout était mis en scène.

“Certaines vidéos sont trompeuses tandis que d’autres, prétendant à tort provenir de la zone de guerre, constituent purement et simplement de la désinformation. C’est pourquoi une dimension d’éducation aux médias devrait être intégrée à la couverture médiatique, afin que les consommateurs sachent à l’avance quelles mesures sont prises pour vérifier les informations.”

The Hollywood Reporter, le 25 octobre 2023

Image aérienne de l’hôpital Al-Ahli, dans la ville de Gaza, après un bombardement, le 18 octobre 2023.. PHOTO SHADI AL-TABATIBI/AFP
Image aérienne de l’hôpital Al-Ahli, dans la ville de Gaza, après un bombardement, le 18 octobre 2023.. PHOTO SHADI AL-TABATIBI/AFP

L’hebdomadaire américain évoque quatre défis à relever pour les journalistes sur le terrain : “Les conditions dangereuses, les différends factuels, les distorsions et la désinformation.”

La frappe sur l’hôpital Al-Ahli de Gaza, le 17 octobre, est emblématique des difficultés que rencontrent correspondants et envoyés spéciaux.

L’explosion a d’abord été imputée à Israël avant que les rédactions ne fassent machine arrière.

The Hollywood Reporter donne l’exemple du Times. Alors que des médias indiquent qu’au vu des données en leur possession, la roquette viendrait de Gaza, le journal anglais a déjà titré : “Une frappe israélienne tue des centaines de personnes à l’hôpital, disent les Palestiniens.”

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