Le couvre-feu français plombe le moral des investisseurs européens

LES BOURSES EUROPÉENNES EN BAISSE EN DÉBUT DE SÉANCE

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent en baisse en début de séance jeudi, les nouvelles mesures annoncées en Europe pour tenter de freiner la propagation du coronavirus plombant le sentiment de marché, tout comme les dernières déclarations de l'administration Trump écartant l'adoption de mesures de relance dans l'immédiat.

À Paris, le CAC 40 perd 1,99% à 4.843,45 points vers 08h25 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 1,87% et à Francfort, le Dax recule de 2,62%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 2,29%, le FTSEurofirst 300 de 1,83% et le Stoxx 600 de 1,96%. Ce dernier se dirige vers sa plus mauvaise séance depuis le 21 septembre, tout comme le CAC 40.

Le sentiment de marché accuse le coup de l'annonce mercredi soir par Emmanuel Macron d'un couvre feu de 21h00 à 06h00 en Ile-de-France et dans huit métropoles françaises à partir de samedi et pour quatre semaines au moins pour tenter de limiter l'ampleur de la deuxième vague de l'épidémie dans l'Hexagone.

Au Royaume-Uni, le gouvernement envisage aussi de durcir les mesures de restriction à Londres et dans le nord de l'Angleterre et en Allemagne, le nombre de nouveaux cas quotidiens a atteint un niveau sans précédent (6.638).

Les investisseurs ne peuvent par ailleurs pas compter sur la relance aux Etats-Unis pour leur redonner confiance: le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, a reconnu qu'il serait difficile d'aboutir à un compromis avec les démocrates du Congrès avant les élections du 3 novembre, les positions des deux camps étant "très éloignées".

Dans ce contexte, les marchés attendent à 12h30 GMT les chiffres hebdomadaires des inscriptions au chômage aux Etats-Unis, qui devraient poursuivre leur lente décrue, et les indices d'activité "Empire State" et "Philly Fed", deux baromètres de la confiance des entreprises.

Un dernier facteur favorise l'aversion au risque: la montée lente mais régulière des tensions diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis, Pékin ayant critiqué les dernières initiatives de Washington tandis que l'administration américaine se prépare, selon plusieurs sources, à inscrire le géant chinois des paiement Ant Group sur une liste noire.

VALEURS

Tous les indices sectoriels européens sont dans le rouge, à commencer par les plus menacés par les multiples mesures de restriction annoncées ou envisagées dans plusieurs pays: l'indice Stoxx de l'automobile perd 3,09%, celui des banques 2,2% et celui du tourisme et des loisirs 2,46%.

A Paris, le groupe hôtelier Accor et le spécialiste de la restauration collective Elior cèdent respectivement 5,32% et 5,88%. Dans l'aérien, Lufthansa chute de 5,3%, Air France-KLM de 2,87% et Ryanair, qui a réduit d'un tiers ses capacités pour la saison hivernale, recule de 3,21%.

Dans l'actualité des publication des résultats, qui commencent à monter en cadence, Roche cède 2,5% après un chiffre d'affaires inférieur aux attentes au troisième trimestre tandis que Publicis (-1,07%) limite son repli après avoir battu le consensus.

A la hausse, Unibail-Rodamco-Westfield bondit de 12,03% après la mobilisation d'un groupe d'actionnaires contre le projet de renforcement du bilan du groupe d'immobilier commercial, qui prévoit une augmentation de capital de 3,5 milliards d'euros.

EN ASIE

La Bourse de Tokyo a terminé en baisse de -0,51% dans le sillage de Wall Street.

En Chine, l'indice SSE Composite de Shanghaï a cédé 0,26% après un début de séance positif, la tendance s'étant inversée après l'annonce d'un nouveau ralentissement de l'inflation, au plus bas depuis 19 mois, et d'un recul plus marqué qu'anticipé des prix à la production.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les principaux indices américains suggèrent pour l'instant une ouverture en baisse d'au moins 0,5% pour le Dow Jones et le Standard & Poor's 500 et de plus de 1% pour le Nasdaq.

Mercredi, le Dow Jones a cédé 0,58% à 28.514 points, le S&P-500 a perdu 0,66% à 3.488,67 points et le Nasdaq Composite a reculé de 0,80% à 11.768,73 points.

Le recul des banques américaines a plombé la séance, Bank of America perdant 5,33% et sa concurrente Wells Fargo 6,02% après la publication de leurs résultats trimestriels.

TAUX

Le regain marqué d'aversion au risque fait rechuter les rendements obligataires en favorisant le repli sur les emprunts d'Etat: celui du Bund allemand à dix ans cède plus de trois points de base et retombe sous -0,6%, au plus bas depuis le 13 mars.

Son équivalent français, à -0,337%, est lui aussi au plus bas depuis sept mois.

Le repli est pour l'instant moins marqué pour le dix ans américain, qui revient à 0,7041%, en baisse de 1,6 point.

CHANGES

La recherche de sécurité profite aussi au dollar, qui amplifie sa hausse face à un panier de devises de référence (+0,21%), dont l'euro, qui revient vers 1,1725.

La livre sterling, elle, recule à quelques heures du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sur le Brexit.

PÉTROLE

La résurgence de la pandémie et les mesures prises pour tenter de la limiter pèsent sur le marché pétrolier, qui efface une partie de ses gains de mercredi.

Le Brent abandonne 0,83% à 42,96 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,85% à 40,69 dollars.

L'un et l'autre avaient gagné plus de 2% la veille.

(Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)