Coupe du monde de rugby: le symbole Kolisi, capitaine des Springboks et futur joueur du Racing 92

Coupe du monde de rugby: le symbole Kolisi, capitaine des Springboks et futur joueur du Racing 92

Après avoir fêté sa 50e sélection comme capitaine face aux Tonga, le 1er octobre, Siya Kolisi s’est assis face aux médias, doucement, saluant poliment les journalistes d’un geste de la main. Souriant, répondant avec attention aux réponses. Ce chiffre 50 symbolise ce qu’est devenu Kolisi. Le capitaine incontesté de l’équipe championne du monde, qui vient pour faire le doublé.

Malnutrition, alcool et violence

Né dans le très pauvre township de Zwide, à Port Elizabeth, il a été éduqué par sa grand-mère après le décès de sa mère à ses 15 ans. Une enfance sans manger tous les jours à sa faim, se mettant à boire de l’alcool, avant d’obtenir une bourse dans un prestigieux lycée formateur de nombreux rugbymen. Kolisi est devenu un symbole lorsqu’il a brandi le trophée Webb Ellis en 2019. Premier capitaine noir de son pays, il a pris une dimension politique en Afrique du Sud, marqué par les conséquences de l’apartheid.

"Dans notre pays, beaucoup de joueurs et d’avants viennent de milieux privilégiés. Au départ, lui n’a pas eu accès à ce sport car c’était à la télévision payante", rappelle Khanyiso Tshwaku, journaliste pour News24 en Afrique du Sud, présent en France pour le Mondial. "Il représente tout ce qui est bon, ajoute-t-il. Il est humble, il ne parle jamais de lui, il parle du jeu. Il met toujours l’équipe et les matchs avant tout. Il s’est toujours considéré comme une partie du système et pas comme le visage du système."

"Il est très inclusif"

Un système fait de plaquages durs, âpres, comme un parallèle à la violence qui l’a côtoyée pendant son enfance. Mais Kolisi s’est construit à travers ses clubs. Western Province, les Stormers puis les Sharks, où le troisième ligne s’est forgé. Et affirmé comme leader. "C’est venu rapidement pour lui. C’est un modèle." Sa participation à la Coupe du monde était incertaine puisque que Kolisi s’est fait opérer du genou en avril dernier. Mais il a, évidemment, tout fait pour revenir.

"Ce qui est important, c’est que ces quatre dernières années, après être devenu une icône en 2019, il a toujours gardé cette influence. Il a notamment une grande influence sur l'équipe et il s’est calmé. Je pense que c’est beaucoup lié à sa religion. Il est devenu chrétien, et ça l’a aidé à se canaliser. Il s’écoute maintenant", explique Jan de Koning, rédacteur pour le site sud-africain rugby 365. Kolisi n’a jamais été exubérant, a réussi à appréhender son rôle, naturellement. "Il n’a pas besoin de hurler, être agressif. Il commande son autorité en étant calme, raisonnable et tout le monde comprend ses messages", appuie Jan de Koning. Des propos confirmés par ses coéquipiers.

Manie Libbok, demi d’ouverture, loue "un grand capitaine. Nous n'avons pas d'autres choix que de le suivre, nous sommes très heureux de l'avoir pour nous diriger. C'est un formidable leader naturel et très bon joueur". Le centre Jesse Kriel est aussi dithyrambique. "Il est très inclusif par rapport à ses modes de décision, dévoile-t-il. Il est très ouvert et à l'écoute de ce que pense les gens. Cela permet de se sentir inclus dans les décisions et ce n'est pas toujours le cas, selon mon expérience. On se sent aussi décideurs."

Bientôt au Racing 92

Ce talent, la France va pouvoir en profiter car après le Mondial, Kolisi jouera au Racing 92. Une volonté de sa part de changer d’air et découvrir un autre championnat compétitif, concrétisée aussi grâce à son amitié de plus de dix ans avec Yannick Nyanga, ancien joueur aujourd’hui manager des Espoirs du club.

"Il est très heureux de venir en France. Il ne l’a jamais dit haut et fort mais il s’adaptera très bien, pense Khanyiso Tshwaku. A Paris il ne fera pas très chaud mais ce ne sera pas un problème car il vient d’une partie de la société où les conditions importent peu, le but est de faire le travail." "Toute sa famille vient, il voulait du changement. Il est assez mature", complète Jan de Koning. Et avant de rejoindre l’Hexagone, il ne compte pas y faire de sentiments.

Article original publié sur RMC Sport